Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 31 janvier 2020

Mac Miller - Circles (2020)

  J'ai commencé à apprécier Mac Miller avec Swimming, son disque de 2018. Ne connaissant pas l'artiste, j'avais des a priori un peu nuls auparavant, m'étant arrêté sur sa tête de branleur et son phrasé un peu mou sur son feat avec Ariana Grande, que j'avais trouvé trop soporifique. Ce disque, pourtant, m'a fait comprendre que je me gourais complètement. Déjà, la musique était bonne, les singles accrocheurs et profonds, et surtout Mac était entouré d'une équipe de dingue autour de Thundercat, et leur funk liquide et psychédélique, teinté de nu-soul et de hip-hop, était stellaire. L'album est un quasi sans fautes. 

  Après ça, j'ai creusé un peu (c'est en cours, je suis loin d'avoir fini), et j'ai découvert que le gars était un sacré bon producteur ; je suis très fan de la tape de Vince Staples qu'il a composée sous le nom de Larry Fisherman. Et puis Mac Miller est mort. Overdose je crois bien. Une tragédie de plus, alors qu'il était en pleine ascension artistiquement et qu'il était sensé aller mieux ou en tous cas faire en sorte de le faire. Et là, début 2020, on annonce qu'un album est prêt, que c'est la suite de Swimming (le diptyque est nommé d'après l'expression "swimming in circles", nager en rond), et que ce Circles était déjà quasi fini avant l'OD de Mac, et que c'était l'excellent Jon Brion (compositeur de BO, ayant bossé avec Kanye West, of Montreal, Fiona Apple, Rufus Wainwright, Marianne Faithfull...), collaborateur principal de l'album, qui avait été en charge de le fignoler pendant quelques mois. Je suis peu friand d'albums posthumes, ça pue souvent le bricolage pour ramasser le max de sous et capitaliser sur un décès fatalement médiatisé, mais je dois avoué que ces quelques infos étaient plutôt rassurantes et que du coup, j'attendais pas mal ce disque, curieux de voir si c'était vraiment la nouvelle direction démarrée par le LP de 2018 qui allait se concrétiser, ou si on allait se retrouver avec des Faces B bricolées. Spoiler : c'est la première proposition qui était bonne, nous voici donc avec le digne successeur de Swimming, donc un très grand disque.

Mac Miller - Good News (Clip, 2020)

  Ce qui étonne d'abord, c'est la direction. S'éloignant de ses influences rap, c'est un album de singer/songwriter. C'est frappant dès l'intro, "Circles", chantée tranquillement d'une voix écorchée, sur une instru jazz/pop lounge et mélancolique. Le texte est brut, touchant, il parle d'un mec paumé, sans direction, ayant l'impression de tourner en rond, de faire du sur-place dans sa vie, et notamment sur certains aspects qu'il voudrait pouvoir améliorer mais sur lesquels il se sent incapable de progresser. Dans la même veine, "Good News" est un morceau de folk-pop portée par un ensemble guitares acoustiques / vibraphone / batterie jouée, et fait un superbe premier single pour l'album. "Everybody" est carrément une refonte du "Everybody's Gotta Live" d'Arthur Lee (du groupe Love), et il sonne comme les Beatles d'Abbey Road ou les meilleurs Harry Nilsson, tant la production et le son sont magnifiquement polis, tandis qu'on pense au dénuement émotionnel du John Lennon / Plastic Ono Band pour l'interprétation brute et déchirante.

Mac Miller - Everybody (2020)

  Quelques détours par l'électro-pop dynamisent pas mal l'album, notamment les excellentes "Complicated" (assez funky) et "Blue World" (produite par Guy Lawrence de Disclosure sur un sample doo-wop du "It's A Blue World" des Four Freshmen). 

Mac Miller - Blue World (2020)

  "I Can See" est plus nu-soul/rnb, on pense pas mal aux prods des Neptunes sur l'intro (notamment la rythmique), tandis que le refrain est plus soul (au passage, les choeurs sont d'Ariana Grande). Entre Pharrell , Dr Dre et Frank Ocean, "Hands" étonne et réussit sa prise de risque. Plus psychédélique, mais tout aussi rnb, la mélancolique "Woods" décrit une relation condamnée en réimaginant "Throw Some D's" par Rich Boy.

  Un poil moins indispensable, "Hands Me Down", avec son refrain chanté par Baro, tombe un peu dans le mielleux, mais la direction folk-pop sobre et la qualité supérieure de "That's On Me" nous la font vite oublier, et la fin d'album est globalement réussie, avec la belle et douce ballade folk "Surf", puis la délicate pop électronique de "Once A Day", dont les vocaux ont été enregistrés sur téléphone , donnant un côté intimiste et lo-fi à l'ensemble.

Mac Miller - Complicated (2020)

  Vous aurez compris à ce stade que j'ai peu de réserves sur ce disque, à la direction dépouillée assez inattendue et désarmante, et aux chansons magiques, aussi tristes que belles. C'est probablement un des meilleurs albums posthumes qui soient, le fait que tout était quasi fini avant le décès de Mac fait peu de doutes tant ces quelques morceaux sont propres, cohérents entre eux et forment un tout plus grand que la somme de ses parties. Jon Brion était le collaborateur parfait pour un projet de ce type, et il s'est surpassé ici, sublimant la vision de Miller. Pas de doute, le premier grand disque de la décennie est là.

Mes morceaux préférés : Blue World, Complicated, Everybody, Good News, I Can See...

Ecouter sur Spotify ou Deezer

Alex

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