Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

lundi 19 novembre 2018

Still Parade - Soon Enough (2018)


  Un clavier californien égrainant quelques accords et une basse tout aussi ensoleillée, des nappes mélancoliques puis un synthé lead jouant une petite mélodie sucrée, légèrement italo façon 70's, non vous n'êtes pas sur une bande issue d'une obscur session de Pet Sounds perdue au fil du temps, mais sur l'intro ("What Happened ?") du dernier Still Parade, nommé Soon Enough. La pop évidente des allemands nous avait déjà charmé il y a deux ans avec Concrete Vision, qu'on avait classé parmi nos albums préférés de 2016.

  Le mélange entre soft rock aux sonorités chaudes, pop baroque mélancolique et influences psychédéliques et électroniques (presque chillwave) sonne toujours juste et ne fait jamais redite, car il est utilisé pour sublimer des mélodies angéliques chantées par une voix d'ange, dans la lignée de Colin Blunstone des Zombies ("Soon Enough", "Circle Song"). Ce côté classic rock, un peu folk, avec de grosses basses, et cette voix blanche au chant les rapproche d'un autre groupe ayant charmé notre année 2016, Whitney ("As Long As") tandis que les morceaux aux inspirations venues de la sunshine pop californienne, du psychédélisme champêtre et des musiques de films italiennes des années 60-70 comme "Vitamin" les placent dans la lignée de groupes des années 60 comme les Beach Boys, Millenium, Sagittarius, ou plus récemment Dorian Pimpernel ou Klaus Johann Grobe. On a même parfois quelques petits marqueurs presque country, rappelant que le genre est à l'origine de quelques-uns des plus beaux chapitres de la pop (Gram Parsons, Dolly Parton, The Byrds...), et montrant la maîtrise totale du sujet Pop par le groupe.

Still Parade - Soon Enough (2018, Clip)

  Mais peu importe les marqueurs d'époque, des mélodies pures et évidentes comme celles de "Stranger" ou "Canyon" sont aussi intemporelles que du Elliott Smith ou du Todd Rundgren, et s'inscrivent dans une lignée de songwriters exigeants et sensibles venus du rock et de la pop indés (Tobias Jesso Jr, Andy Shauf, Drugdealer, les Lemon Twigs...). D'ailleurs on pense à ces derniers, ainsi qu'à Foxygen, sur "Portals", au songwriting plus oblique et sinueux mais gavé de passages mémorables.

  Malgré ces quelques références au passé glorieux de la musique populaire et ces parallèles avec son présent plus confidentiel mais tout aussi beau, on ne peut nier à Still Parade une forte identité sonore, tant dans le choix des sons utilisés que dans le soin apporté aux arrangements, le chant aidant évidemment beaucoup à caractériser leur musique. Le groupe arrive à gérer l'espace comme peu d'arrangeurs en sont capables, n'hésitant pas à utiliser le silence, à aérer certaines parties, et en ornementer davantage d'autres, pour donner à ces morceaux un relief appréciable ("The Gathering").

  Ce disque est une suite à la hauteur d'un Concrete Vision (2016), que je considère comme un classique personnel et un des plus beaux disques de ces dernières années, ce qui est en soi un petit prodige. Un magnifique album de pop aérée, mélodique et rêveuse, aux arrangements ciselés et à la beauté évidente.
A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


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