Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 8 décembre 2018

Boosie Badazz - Boosie Blues Café (2018)


  Très bon rappeur, avec un style unique et une oreille musicale affûtée qui lui vaut l'admiration de ses pairs (dont Young Thug), Boosie Badazz a cherché sur ce disque à sortir de sa zone de confort. En effet, le natif de Bâton Rouge, Louisiane, a sorti un album de blues-rap avec ce Boosie Blues Café.

Boosie Badazz - Boosie Blues Café (2018, en entier)

  Si le projet peut surprendre au départ, en entendant les instrumentaux blues minimalistes et organiques, la voix acide de Boosie (on pense à Sky Saxon du groupe de garage 60's The Seeds) et son chanté-rappé très adapté au projet, on se rend rapidement compte de la cohérence de l'album. Qu'il soit dans un blues minimaliste ("Too Good For You", "Where I'm From"), dans un boogie blues-rock ("I'm On My Way"), Boosie fait des étincelles et interagit avec naturel et classe avec le groupe. Et surtout, il utilise sa science des hooks rap pour faire rentrer des gimmicks dans irrésistibles dans nos crânes ("Miss Money"), et apporte une vraie fraîcheur musicale en gardant l'esprit d'épure des prods rap sur des morceaux blues ("Trouble").

Boosie Badazz - Trouble (2018)

  Traversant les époques, et mélangeant les styles, il arrive à un résultat assez unique musicalement avec des titres comme "Devil in My Bedroom" (avec le soulman Big Pokey Bear), entre  blues, rap, garage rock de train fantôme, glam rock théâtral, nu-soul influencée par Parliament/Funkadelic et ambiance voodoo. Il rend également hommage à ses racines (Louisiane) avec des instrus blues certes, mais aussi zydeco sur "I Know How To Have a Good Time"

Boosie Badazz - Devil In My Bedroom (2018)

  Avec quelques détours, folk ("That's Mama"), soul de crooner ("Confused", "Worth It"), rnb à la Marvin Gaye période Midnight Love (1982) sur "Love Yo Family" (et "Rap Star Heaven"), ou une version minimaliste et modernisée de ce son popularisée par Pharrell Williams ("Soul Snatcher"), Boosie rend hommage à la Great Black Music dans son ensemble, et varie admirablement le ton. Les claviers et programmations parfois vraiment datés et kitsch ("Clean Up Man") apportent un petit charme du "fait maison" si on n'a pas de mal avec les pouet pouets, et sur des prods plus électro-funk, comme "Let's Talk About It", ils font des merveille. 

Boosie Badazz - Let's Talk About It (2018)

   En ne se contentant pas de rapper du de vieux blues, mais en fusionnant également les styles, il invente au passage des formes musicales fascinantes, comme sur "Problem" qu'on aurait bien du mal à catégoriser, entre son chant garage rock acide, ses programmations rnb 80's, et son rap sudiste. Encore plus inclassable, "Boosie Blues Café" part d'une electronica 90's-2000's, style easy listening, pour aller dans une direction musicale assez inédite, agréable et intéressante.

  Loin du simple exercice de style, ce disque est une expérimentation ultra-réussie, qui dépasse toutes les attentes qu'on pourrait en avoir, et donne à écouter un artiste à la créativité débridée livrer un disque à la fois profond, émouvant, fun et réellement original, ce qui fait plus que plaisir. La culture musicale de Boosie lui permet de fondre les styles les uns dans les autres avec un naturel désarmant, et donne un résultat accessible pouvant donner envie aux fans de rap et de blues d'approfondir l'autre style musical. Une belle porte ouverte, et une invitation à oser exemplaire. 

Mes morceaux préférés : Too Good For You, Where I'm From, I'm On My Way, Miss Money, Trouble, I Know How To Have A Good Time

Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube

Alex


  


2 commentaires:

  1. J’ai laissé rouler. Le RAP ou HIP-HOP j’y suis venu bien tard. Avec Mos Def pour être précis « Black On Both Sides ». C’est en 2009 que je décide de ne plus tourner le dos au genre alors qu’avant la tiquette suffisait pour que je n’y aille pas.
    Maintenant je me dis que ce genre m’a séduit alors qu’il évoluait vers un carrefour rock, soul et donc ce parler chanter, scander avec plus ou moins de fureur.
    Ce préambule pour dire que j’ai donc écouté sans déplaisir, mais je trouve que cette production monochrome manque de rupture de ton histoire de nous secouer un peu.
    « That’s mama » à mon oreille est sorti du lot, avec un « slow » à la Prince.
    Ça ne sera pas mon RAP 2018. 😉

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    1. Tant mieux si ça n'a pas été désagréable c'est déjà ça ! J'aurais essayé mais on ne peut pas tout aimer et je comprends qu'on puisse le trouver "monochrome" ;)

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