Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

mardi 25 décembre 2018

Ice Cube - Everythang's Corrupt (2018)


  La pochette, sans concession comme à l’époque bénie des premiers albums post-NWA d’Ice Cube, donne le ton : pas de prisonniers, et on fait ça comme à l’époque sans prendre en compte les modes. L’intro tabasse, et débouche sur un furieux « Arrest The President » au texte acéré, porté par une voix ample (vocalement aussi les rappeurs peuvent bien vieillir) sur un beat à la construction old school mais au son mine de rien pas si daté (quelque part entre le piano martelé de Mike WiLL Made-It sur « Humble » de Kendrick Lamar et la fanfare post-dubstep de Hudson Mohawke pour lui-même ou Kanye West, cf « Blood OnThe Leaves »). Ca claque, ça fait du bien, ça challenge l’establishment, c’est tout ce qu’on attendait d’un album de Cube en 2018.


Ice Cube - Arrest The President (2018)

  La même chose se produit sur la violente « Chase Down The Bully », sorte de vieille prod de Dre boosté à l’électronique, avec la même tendance que les vieux Cube à créer des sons inédits en dégradant énormément les samples (cf les guitares de The Predator). « Bag Dope » se permet même une instru épique façon dirty south qu’on aurait davantage imaginée chez Juicy J, Jeezy ou même Lil Wayne, mais que Cube maîtrise à merveille avec un flow prenant en compte les avancées des 20 dernières années dans le domaine. Bon, « Fire Water » se perd un peu en exagération dans le même style, mais ça reste correct. Quelques tics de production estampillés années 2000 sur ces morceaux comme sur « Still in The Kitchen » ou « Everythang’s Corrupt » désarçonnent un peu mais sont plutôt bien utilisés.


Ice Cube - That New Funkadelic (Clip, 2018)

  Les morceaux plus doux sont également très réussis : « Don’t Bring Me No Bag » et son électronique datée à la limite du kitsch fonctionne quand même. « On Them Pills » est pas mal également, mais souffre davantage d’une prod un peu vieillotte. Et puis on a de vraies réussites indiscutables, « Street Shed Tears » qui sonne pour le coup assez old school, est très belle, et débouche sur une partie du disque plus funky assez impeccable : « Ain’t Got No Haters » est une merveille de hip-hop funky, marquant et subtil à la fois, « Can You Dig It » avec ses accents rock, dirty south et funk rappelle quelques bonnes idées du Compton de Dre, et « That New Funkadelic » porte à merveille son titre puisque c’est une tuerie de G-Funk qui ne cache pas son admiration pour George Clinton et Bootsy Collins.

  « One For The Money » et son ambiance théâtrale réussit malgré un rythme down-tempo à envoyer du lourd,  « Non Believers » sonne comme un vieux Timbaland, ce qui est un compliment, et le final « Good Cop Bad Cop » sonne comme un mélange entre ce dernier et un vieux sample de James Brown ; tout cela concourt à donner une fin d’album plutôt solide.


Ice Cube - Good Cop Bad Cop (Clip, 2018)

  Everythang’s Corrupt n’est donc pas le meilleur album de Cube, il n’est pas parfait, mais c’est franchement bien plus que ce qu’on était en mesure de lui demander vu tout ce qu’il a accompli depuis les 80’s, et c’est la magnifique preuve que le rap peut garder son tranchant en vieillissant. Sans featurings, sans autotune, avec une prod volontairement "à l'ancienne", contenant un sacré paquet de morceaux qu’on a immédiatement envie de réécouter, il se rangera sans honte dans une discographie exceptionnelle, et sortira souvent de l’étagère. Une belle réussite.

Mes morceaux préférés : Arrest The President, Chase Down The Bully, That New Funkadelic, Ain’t Got No Haters

Ecouter sur Deezer ou Spotify

Alex

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