Il est délicat de parler d’un
disque comme celui-ci. Parce que l’électronique planante, proche de l’ambient,
du duo anglais Space Afrika, se contemple et se vit, en immersion, plus qu’elle
ne se décrit. Sur « Uwëm/Creation », de longues nappes de synthés
soutenus par une pulsation presque cardiaque précèdent une house froide mais
réconfortante, à la fois grandiose et intimiste, à la fois introspective et
évoquant la grandiloquence de films de SF. L’impression de cocon sonore, de
grands espaces en 3D, est à la fois facteur de réconfort et de déstabilisation,
c’est cette ambivalence qui forme la puissance évocatrice du groupe, qu’il
mette en place une deep house revisitée (« Curve ») ou une
électronique organique très cinématographique (« Dred », entre BO
d’Alien, psychédélisme DIY façon Ras G et irruption de facteurs aléatoires
comme chez Autechre).
On a sans cesse l’impression que
cette musique va décoller, car elle reste en tension, en progression, mais ici
pas de gros drops ; plutôt des évolutions fluides et élégantes de ces
beats en suspension (« Sd/TI »). Le tout reste cependant accessible
car tangible en plus d’être cérébral : les vagues sonores de
« U+00b1 » semblent provenir des pites inversées d’un banger French
Touch, le tout saupoudré de grésillements qu’on associe à l’IDM. Dans ces
morceaux, il y a également un peu de la réinterprétation lente, mélancolique et
planante de la musique années 80 qui, depuis la BO de Drive à celle de Stranger
Things, en passant par la vaporwave, infuse la culture pop (ce qui est audible
sur « Gwabh » également).
On aurait également bien du mal à
circonscrire les influences de ce disque, tant sur une seule piste
(« Bly », « Oread ») tout y passe : post-punk,
néo-dub, house 80’s, electronica 90’s-2000’s, ainsi que le mélange de tout ça
popularisé par quelques champions du crossover électronique/pop (Factory Floor,
Jamie xx, Four Tet, Etienne de Crécy, le label DFA…).
C’est donc un album qui, s’il est
difficile à décrire, est facile à estimer et à aimer. Relativement accessible
car sensoriel, tangible, il est un petit monument d’ambient, hors du temps et
des modes, bouleversant et intellectuellement satisfaisant.
Alex
Je connaissais pas et j'aime beaucoup cette ambient stellaire. Merci pour la découverte !
RépondreSupprimerHey ! Eh bah de rien, content de t'avoir fait découvrir un truc, ces gars méritent d'être écoutés :)
SupprimerA bientôt, merci pour ton commentaire !
Whoauh.. un son de puriste. Totalement inconnu, ton texte est indispensable..merci pour la découverte.
RépondreSupprimerJe t'ai envoyé un mail Alex ;D
Je regarde ça ! :)
SupprimerAlors, bizarrement je trouve ça assez accessible même si c'est très marqué comme son, parce que c'est une musique qui est plutôt douce et comprehensible d'abord, et très évocatrice également, elle invite l'auditeur a se faire des images mentales immediatement