Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

samedi 3 décembre 2016

2016, Disco-Funk meets Electro Pop : Bibio - A Mineral Love, Breakbot - Still Waters & Justice - Woman

  Aujourd'hui je vais vous présenter trois disques qu'on pourrait qualifier d'électro-pop, composés avec amour par des artistes curieux et ouverts, dont les influences variées (du disco-funk, au folk jusqu'aux musiques médiévales) emmènent leur musique vers de riches continents sonores mettant en valeur des mélodies fortes, et qui ont le mérite de nous dépayser et de faire voyager au moins temporairement nos esprits loin de la grisaille hivernale. Et de celle de l'actualité de cette années 2016 aussi pourrie pour l'actualité internationale (et les décès d'icônes de la musique) que grandiose musicalement parlant  (merci aux jeunes et aux survivants).



Bibio - A Mineral Love (2016)

  Chez Bibio, ça commence tout doux. Arpèges psyché-folk, choeurs angéliques à la Sufjan Stevens, électronique discrète. Ca fleure bon le home studio, on entend le grain des instruments. Pareil pour "A Mineral Love", funk langoureux avec basse et boîte à rythme lascifs hérités de Sly Stone et claviers French Touch (on pense à la deuxième moitié plus mélancolique et nocturne de Discovery des Daft Punk). C'est mélodique, ça chante comme un croisement entre Ariel Pink et les Bee Gees, c'est parfait. On pensera à nouveau à Sly sur le superbe single "Feeling" tellement funky et surtout tellement bon que c'en est presque douloureux.

  On retrouvera la folk psyché sur l'immaculée "The Way You Talk" (avec les vocaux purs de Gotye), "Wren Tails" et "C'est La Vie", puis agrémentée de claviers et d'une basse soul sur "Raxeira". Ce mélange soul-folk fera des merveilles sur le single "Town & Country", autre chanson mémorable. La rythmique électro de "With The Thought Of Us" propulsant ce drôle de mix avec grâce et aplomb rappelle pourquoi le tripatouilleur pop Bibio est signé chez Warp. Il sera carrément question d'électrofunk avec "Why So Serious" qui rappelle le meilleur des années 80, décennie fertile, mais avec un twist rnb 90s. Dans le même genre, "Gasoline & Mirrors" et "Light Up The Sky" sont moins inspirées, dommage, ce diptyque est le seul point faible d'un album autrement ultra impressionnant. Et la fin de l'album est sauvée par la superbe incartade guitaristique "St Thomas"

  Ce disque, vous l'aurez compris, est d'une beauté éclatante, je vous le recommande fortement (d'ailleurs je vous mets un lien là pour l'écouter), et je ne me lasse pas de me le passer en boucles depuis quelques mois. 





Breakbot - Still Waters (2016)

  Vous connaissez sûrement Breakbot. C'est le petit génie du versant disco/funk de la deuxième vague de la French Touch. Il a pris son temps pour nous concocter cet album, et le moins qu'on puisse dire c'est que ça valait le coup. Sa musique, déjà irrésistible, fort bien composée et avec un son vraiment personnel, a pris une ampleur inattendue. Il serait pas loin de rivaliser avec les tubes les plus accessibles de Metronomy avec des titres comme "Back For More" qui prend le temps nécessaire pour s'envoler, "The Sweetest Romance", "My Toy" et "Turning Around". Mais tous les autres titres sont de potentiels petits tubes, pour peu que vous goûtiez le funk électronique. Seul bémol, pour aller encore plus loin, il devra peut-être se séparer (douloureusement) du chant d'Irfane, qui fait partie de l'identité Breakbot et qui est charmant ici, mais qui commence à montrer un peu ses limites techniques tout au long du LP. D'ailleurs, l'utilisation d'un chant féminin sert vraiment bien les morceaux, et ce sont souvent ces chansons là que je préfère. 

  En définitive, ce disque est donc une petite bombe du genre, à écouter absolument (là par exemple) si vous n'avez pas peur d'un peu de sucre dans votre funk (ou votre pop). 





Justice - Woman (2016)

  Justice nous avait régalé avec un premier album gavé d'une électro-punk rentre dedans, gonflée à la disco et au hard, et assez inédite, suivie d'une épopée électro-rock épique et novatrice. Les deux compères, graphistes à la base, ont depuis gagné en assurance et ça se ressent sur le disque. Tout est très maîtrisé, et la production s'en ressent, c'est vraiment niquel. Mais, ils le savent et Gaspard l'a même dit il y a quelques années, "la technique est l'ennemie du style". Cette maîtrise supplémentaire, cette confiance nouvellement acquise, et les années passant (les gars se sont posés, sont désormais bien trentenaires), ils ne vont évidemment pas faire la même musique qu'à leurs débuts. Tout ça pour dire que cet album est plus chaud, avec un son plus riche, qu'il est plus maîtrisé, mais qu'il manque sans doute de la rage, de l'étincelle, de l'énergie créatrice des deux premiers. 
  Justice reste en terrain balisé et creuse son sillon, c'est une démarche artistique tout à fait respectable, qui a comme toute autre les défauts de ses qualités (et inversement). Elle peut paraître risquée pour un groupe peu technique qui misait beaucoup sur la surprise et la nouveauté, mais elle est assumée et maîtrisée ici.

  L'album est donc un habile patchwork de ce que Justice sait faire de mieux, du disco-funk moite et épique sur "Safe And Sound" et "Alakazam!", de la pop grandiosement gothique sur "Pleasure" et l'épopée "Chorus", de l'électro-pop de blockbuster sur "Stop", "Close Call" et "Love S.O.S", de l'électro-rock sur "Heavy Metal" (entre des arpèges classique et "The Brainwasher" de Daft Punk) et un mix de tout ça en mode tubesque sur "Fire" et l'irrésistible "Randy"
  Le résultat final (à écouter ici) est d'une homogénéité totale, sans moments faibles, et même s'il a perdu l'impact de la surprise et l'énergie punk de la jeunesse, il a gagné en maturité et a su se renouveler par petites touches et approfondir certains aspects de la musique de Justice (on pense à la musique très "film janopais à la Ghibli" et ce petit cliquetis rythmique à la Kraftwerk sur le dernier morceau). L'album est bon, certains morceaux grandioses se vivent comme des films maximalistes, et c'est déjà beaucoup de bonheur à chaque écoute.


Alex


  

2 commentaires:

  1. Je note pour Bibio et Breakbot ! ;)
    Par contre Justice ne m'a jamais passionnée. ..
    J'ai laissé un petit commentaire sur Paradis, que j'ai découvert grâce à toi ! :)

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    Réponses
    1. Je suis content que tu aies découvert !
      C'est un bon groupe avec un son original et une vraie approche. Tu devrais aimer Bibio !
      Breakbot c'est plus de l'ordre des morceaux les plus festifs de metronomy

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