Beast Coast est un supergroupe, un collectif hip-hop new-yorkais regroupant des artistes de Pro Era (le crew de Joey Badass) ainsi que deux groupes de "Flatbush" (Brooklyn) : le très bon duo The Underachievers et le trio génial des Flatbush Zombies (Meechy Darko, Zombie Juice et Erick "The Architect" Elliott), auteurs d'un classique du rap contemporain il y a quelques années avec 3001 : A Laced Odyssey.
Et ce disque est une tuerie. A la façon des classiques du Wu-Tang, cet album voit les MC se surpasser les uns après les autres au sein d'un posse cut sans fin, leurs tours de passe-passe ininterrompus, posés sur des beats minimalistes mais créatifs et impeccables, sont un délice permanent. Etant particulièrement familier avec les timbres des Flatbush Zombies et les prods de The Architect, ainsi qu'en regardant les crédits, j'ai l'impression qu'ils ont un rôle particulièrement important dans la réussite de ce projet, qu'ils en sont le liant, mais en vérité il n'y a pas une intervention qui soit en-dessous.
Beast Coast - Left Hand (Clip, 2019)
Il est dur de parler des morceaux individuellement, "It Ain't Easy, It Ain't Easy" ouvre bien le disque en tabassant bien comme il faut, juste avant que "Left Hand" ne monte la pression d'un coup, avec son beat mélancolique et tendu à la fois, support à une succession d'interventions virtuoses techniquement et accrocheuses musicalement, qui mérite à elle seule l'inscription de l'album dans les annales du rap. Le truc le plus dingue dans tout ça, c'est que l'intense et vigoureuse "Rubberband" et l'hypnotisante "Bones" sont aussi bonnes que ce putain de banger.
Le style de prod des FZ associé à cette effervescence des flows fait également des merveilles sur la nostalgique "Problemz", la rugueuse "Desperado", ou les créatives "Coast/Clear" et "Snow In The Stadium" qui confrontent l'esprit côte Est du groupe et la pop post-trap et post-Drake qui domine les charts depuis quelques années.
Beast Coast - Rubberband (2019)
Mais le disque est loin d'être monolithique, et on se surprend à penser à un esprit West Coast (qui a dit Ice Cube ?) et à J Cole sur l'ensoleillée et douce-amère "Far Away" au refrain quasi rnb. D'ailleurs, des morceaux comme "Distance", "Last Choir" ou "One More Round" font penser à ce que Joey Badass a fait de plus réussi sur son dernier album solo (pop-rap ensoleillée, gorgée de rnb, aux accents de blockbuster estival), mais en encore mieux. Toujours dans une démarche un peu différente, "Puke" est un OVNI, pas si loin de la pop expérimentale emplie d'électronique et de noirceur que pratiquaient quelques groupes de rock indé des années 90.
En clair, ce disque est une petite bombe. Ca kicke sale sur des instrus minimalistes mais subtiles, riches, aussi urgentes que mélancoliques. Que demander de plus ?
Mes morceaux préférés : Rubberband, Bones, Left Hand, Far Away, Distance
Alex
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