Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 1 novembre 2013

The Drums - "Summertime!" EP (2009)






Pour cette première vraie chronique,  je vais commencer en douceur avec un EP. 


  L’EP en question s’intitule « Summertime ! », est paru en octobre 2009, sur le label indie Moshi Moshi Records, et il s’agit du premier effort du groupe The Drums, originaire de Brooklyn. Pourtant, ce n’est pas un coup d’essai. Ses membres, bien que jeunes, ont déjà tous une certaine expérience au moment de la formation du groupe fin 2008, ayant joué dans diverses formations plutôt électro-pop (plusieurs d’entre eux ont déjà joué ensemble).


  Cet EP qui a une teinte très indie pop, a été très remarqué au niveau de sa sortie, on les a vus un peu partout (au Grand Journal notamment) et de fait, la chanson « Let’s Go Surfing » qui en a été extraite a quasiment été un petit tube. Le groupe a été assez remarqué à l’époque, et a bénéficié d’une certaine hype, mais cette fois très justifiée.


 

 

 

  Et la musique alors ? Encore un peu de patience. On en a déjà une petite idée, rien qu’en regardant la pochette. La présentation sobre, et les couleurs éteintes rappelleront aux fanatiques du label Factory les belles heures de la fin des années 70 / début 80. Tout ça situe déjà un peu plus le groupe, on s’attend donc à une musique à la fois triste, et pourquoi pas dansante en même temps, à la New Order éventuellement. On voit aussi une photo d’enfants, en noir et blanc, au centre. Les plus grincheux dénonceront le cliché rock indie pleurnichard, je me contenterais de noter cette touche de mélancolie. Et le « Summertime ! », sous  le nom du groupe, avec son point d’exclamation, tout seul au milieu de tout ce gris, semble bien dérisoire, bien hors sujet. Ca confirme donc à quoi on a affaire.

  Pourquoi avoir passé autant de temps à décrire la pochette ? Déjà parce qu’elle est plutôt pas mal, dans son genre très sobre, et surtout parce que comme je l’ai dit, elle résume parfaitement la musique de cet EP, une sorte de pop indie mélancolique très imprégnée d’une certaine ambiance post-punk anglaise, habitée par l’énergie du désespoir. Sautiller frénétiquement sur une chanson pop accrocheuse pour oublier sa vie trop grise, en résumé.

 


 

  La 1ère chanson, « Let’s Go Surfing », en est l’exemple parfait. Tube pop immédiat, avec sa ligne de basse accrocheuse, sa rythmique métronomique, ses guitares new wave aux accents lointainement surf. Pour donner une idée, elle ressemblerait à une chanson de Joy Division, mais accélérée de façon frénétique, pour donner envie de danser, et popisée (chant plus aigu et très mélodieux, chœurs harmonieux, peu d’agressivité). La chanson en elle-même est une vraie perle mélodique, avec ce subtil dosage très réussi entre le côté festif du thème et la frénésie du rythme, et la mélancolie évidente qui s’en dégage. Ce genre de mélange dont je raffole quand c’est aussi bien fait qu’ici.
 

  Ensuite vient « Make You Mine », avec les mêmes couleurs pop et postpunk, encore une réussite. Thématique toujours plutôt grise, les tourments amoureux, contrastant avec une mélodie sifflée et réhaussée d’un synthé qui permet une transition parfaite avec la chanson suivante. Un chouia plus synthpop, et plus légère musicalement « Don’t Be A Jerk Johnny », est une troisième merveille d’immédiateté. Dans un monde parfait, ça serait un tube. Les chœurs féminins assurés par Julia Burkhart rehaussent vraiment la chanson, et lui donnent tout son charme. De plus, elles mettent en valeur la magnifique voix du chanteur Jonathan Pierce, qui semble encore plus jouer sur l’interprétation sur cette chanson, grâce aux relances de la chanteuse. C’est ce jeu de pingpong entre le chanteur et les chœurs féminins qui fait vraiment tout le sel du titre, et le rend aussi jouissif. « Submarine » ensuite permet sur la même base que les deux premières d’agrandir la palette émotionnelle du groupe en y ajoutant quelques nuances, avec une teinte un peu plus spectrale. Encore une superbe chanson.


 


  Changement de ton très perceptible pour « Down By The Water ». Le rythme ralentit, la musique s’alourdit (grâce au synthé basse très présent dans le mixage) on est tout en émotion ici. Mais c’est encore une fois fait avec tellement de justesse, que c’est un vrai bonheur à écouter. L’interprétation du chanteur ici est tuante. Jonathan « Jonny » Pierce a une voix à se damner, de base, mais en plus il sait l’utiliser, et divinement bien. 

  Nouveau virage à 180° avec « Saddest Summer », la plus ouvertement enjouée de l’EP. On a envie de taper dans les mains, de sautiller. Elle permet de se remettre immédiatement de l’écoute de la chanson précédente. Mais encore une fois, malgré l’évidente coupure par rapport à « Down by The Water », si le groupe nous balade d’une émotion à l’autre, ça n’est absolument pas sur un mode binaire, c’est beaucoup plus fin que ça. Tout est dans les nuances : rien que le titre de la chanson indique que tout n’est pas noir ou blanc, et on avance encore une fois dans les nuances de gris que peignent avec brio les Drums depuis le début de l’EP.

  Enfin, la dernière chanson, « I Felt Stupid », est complètement synthpop. On se rapproche du côté cheesy de la Force. Et de fait, c’est la chanson la moins réussie, à mon sens, sur tout cet EP. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’elle soit mauvaise. Elle reste diablement addictive et mélodique, sauf pour ceux qui feront un blocage sur ses quelques atours un peu kitchs, notamment sur le refrain.

 


  Je voudrais souligner le fait que toutes les chansons s’enchainent parfaitement. Les transitions entre les morceaux sont naturelles, on a l’impression d’une vraie continuité. Un EP bien construit donc, et ce malgré les changements de rythme, et l’ascenseur émotionnel par lequel le groupe nous fait passer. Notamment grâce à l’ambiance générale plutôt mélancolique qui se dégage de cet EP et est préservée tout du long. La courte durée des chansons, d’un peu moins de 3 minutes à 4 minutes, et la sobriété de l’instrumentation contribuent beaucoup à cette cohérence parfaitement maintenue tout au long du disque. Le groupe y est parfait tout du long, l’interprétation est au top. Tout en restant très pop, très accessible, le groupe arrive à nous faire passer par des ambiances plutôt sombres, avec une musicalité exigeante, des arrangements inventifs, et ce sans oublier d’écrire de bons morceaux.

  C’est donc un excellent premier EP pour le groupe. On sent encore quelques imperfections, le groupe se cherche un peu parfois, mais le ton du groupe et son identité sont déjà là. C’est en tous cas très prometteur pour la suite, qui ne sera pas décevante, loin de là ! Je vous raconterai tout ça un peu plus tard. Je recommande très chaudement son écoute, en attendant. Si vous ne connaissez pas encore the Drums, jetez-vous dessus, ils sont  un groupe majeur de la pop indie de ces dernières années.
 
 

 

Meilleures chansons :
“ Let’s Go Surfing”, “Don’t Be A Jerk Johnny”, “Down By The Water”, mais honnêtement, elles sont toutes bonnes.



 
Tracklist :
 


1.


2:56

2.

"Make You Mine"  

3:22

3.

"Don't Be a Jerk, Johnny"  

4:06

4.

"Submarine"  

3:55

5.

"Down By the Water"  

3:27

6.

"Saddest Summer"  

3:26

7.

"I Felt Stupid"  

3:53
(Toutes les chansons ont été écrites par Jonathan Pierce)

 

Line-up:
Jonathan “Jonny” Pierce, voix
Jacob Graham, guitare
Adam Kessler, guitare
Connor Hanwick, batterie
 

Musiciens Additionnels :
Julia Burkhart (voix additionnelles sur “Don’t Be A Jerk Johnny”)
Christopher Pease (saxophone sur “Saddest Summer”)
 
 

Alexandre

6 commentaires:

  1. Oui, ces mecs sont des esthètes, ils citent : " The Smiths, Joy Division, The Wake, The Zombies, The Tough Alliance, The Legends, The Shangri-Las et Orange Juice" comme influences.
    Je ne pense pas pour les liens, non.

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  2. Merci ! :) J'aborderai leur 2e album, une vraie merveille nommée Portamento, d'ici peu.

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  3. Mmmh... Surtout pratique, je ne suis inscrit nulle part, je ne sais pas comment faire, ça me prendrait encore plus de temps.
    Un peu de peur du gendarme aussi, enfin, sans plus.

    Personnellement, quand quelque chose me plaît et est disponible en magasins, j'achète. Par solidarité avec le créateur. On a assez de moyens avec internet, même pour les plus frileux qui n'achètent pas sans être sûrs de leur coup, d'écouter assez de fois un disque en streaming pour savoir si on le veut vraiment, auquel cas on achète, ou si on peut se contenter d'une écoute deezer de temps à autres. Et je suis assez physique, j'aime le contact avec l'objet, la jolie pochette en vrai et pas sur un écran, lire les notes du livret. Mais je ne suis pas du genre à cracher sur ceux qui partagent, bien au contraire. Je suis de ceux qui pensent que le téléchargement permet d'augmenter les ventes de disques. Enfin pour moi, c'est clairement le cas, si un truc que j'ai entendu me plaît, il me faut l'objet physique, et entre un gravé un peu naze et un neuf ou une bonne occasion quasiment au même prix que le gravé (voire un vinyle), il n'y a pas photo. Et puis si c'est trop cher, j'attends un peu et je patiente avec le streaming.

    Ceci dit, je suis assez fan de l'esprit partageur qui vous anime toi et les quelques autres qui ont des liens, et si quelqu'un veut vraiment quelque chose, qu'il me le dise et je lui envoie un mail. Mais cet EP par exemple, m'a coûté uniquement dans les 3 euros, neuf. A peine plus que le prix du boîtier plastique, du cd vierge, du papier et de l'encre.

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  4. Il faut aimer les Smiths entre autres effectivement, c'est très typé eighties. Mais ils ont un don pour pondre le single pop addictif, comme "Money" sur Portamento. Et ils ont leur son, leur écriture, je trouve que cette identité et la tension qu'il y a dans chaque chanson les place au dessus de toute tentative uniquement revivaliste.

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  5. Je n'en doute pas ! :) Je crois qu'on s'est mal interprétés dans nos messages respectifs, je croyais que tu étais hermétique à une certaine pop indé eighties, apparemment non ;)

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  6. D'accord ! Ca ne me dérange pas, ce qu'ils font me rappelle uniquement les côtés positifs des eighties.
    Tu as raison pour le "The", même si pour le coup les Drums sont arrivés bien après la bataille (fin 2008), et ne cherchent pas la crédibilité garage rock.

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