Les aventures musicales de deux potes

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jeudi 20 octobre 2016

Danny Brown - Atrocity Exhibition (2016)


  Cet album m'a pris par surprise. Un mélange de hip-hop criard et de rock  bien sale, c'est plutôt rare. Et ça commence dès "Downward Spiral" et son titre emprunté à Nine Inch Nails, avec un Danny Brown qui couine plus qu'il ne rappe, mais avec un flow ultra intéressant qui rappelle André 3000 dans ses jours les plus énervés. Musicalement, c'est riche, entre post-punk aux guitares anguleuses et aux synthés basse inquiétants, basse et rythme free jazz en roue libre. La même recette est utilisée sur "Tell Me What I Don't Know", avec un flow rappelant davantage Notorious BIG et un refrain psyché classe que n'auraient pas renié les Black Angels ou les Doors.


  "Rolling Stone" rappelle carrément l'ambiance d'un LP de Joy Division (l'album est quand même nommé d'après une chanson du groupe, ça paraît logique), avec un superbe refrain là encore. "Really Doe" et sa dream team incroyable (Kendrick Lamar, Ab-Soul, et Earl Sweatshirt le compagnon de misanthropie et d'agoraphobie) chasse sur des terres plus hiphop avec ce beat lo-fi sorti du new-york du Wu-Tang, mais revisité façon trap avec des sons de film d'horreur et du glockenspiel flippant. Dans le même genre old school perverti, "Pneumonia" est une grande réussite.

  La suite, "Lost", est assez minimaliste, reposant sur des bases de jazz variété années 30-40, pour un résultat bon mais moins marquant, la faute à des répétitions à outrance. De même, le bon psyché "White Lines", et le plus rythmé "Dance In The Water" sont un peu courts en variations pour tenir l'auditeur tout du long. C'est d'ailleurs le seul point négatif de l'album, la voix de Brown est très nasillarde, les instrumentations ne lésinent pas sur la cacophonie et les arythmies, les sons peuvent être criards, et ça peut lasser les moins endurcis aux musiques plus exigeantes et moins immédiatement accessibles. Et ce n'est pas l'intervention très décalée avec le ton de l'album (trop doucereusement rnb ?) de Kelela sur le plus mou "From The Ground" ou la soul plate de "Get Hi" qui suffira à les faire raccrocher.


 Mais c'est dommage car "Ain't It Funny" qui combine l'approche jazz, les pouet pouet et le côté punk et coldwave est quand à elle ultra réussie, un vrai tube déviant. De même que "Golddust", ses ambiances western et son riff démentiel, et le génialissime "When It Rain". D'autres morceaux sont juste bons, comme le très André 3000 "Today", ou le final "Hell For It" et son superbe piano.

  Bref, l'album est un très solide disque, inclassable, quelque part entre rock intransigeant et hip-hop radicalement expérimental, c'est un vrai effort d'innovation réussie d'une main de maître, et à saluer. Du hip-hop East Coast, du funk-rap psychédélique façon Californie, du rock psyché voire stoner, de la coldwave bien brutale... Et tout ça maîtrisé et mélangé subtilement. Dommage, en coupant 4 ou 5 titres sur les quinze et en les groupant dans un EP accompagnant le disque, on avait un album court, cohérent et parfait, et plus facilement écoutable d'une traite sans les migraines occasionnées par le côté trop incisif du son. Mais cela n'enlève rien à la qualité visionnaire de cette oeuvre, dont je vous recommande vivement l'écoute ici.

Alors bonne écoute, et revenez nous donner vos avis !

Alex


2 commentaires:

  1. C'est marrant que bous parliez de Joy Division car "Atrocity exhinition" est le titre d'une chanson de Joy D.

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    Réponses
    1. Yes je sais bien je la connais 😉 c'est ce que je dis dans la chronique. D'ailleurs Joy Division est une influence assumée en interview par Brown pour cet album !
      Et puis c'est pas la seule référence rock dans les titres de morceaux, cf Rolling Stone et Downward Spiral

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