Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

mercredi 8 mars 2017

Dirty Projectors - Dirty Projectors (2017)



  Je ne connaissais ce groupe que de nom avant cet album, je tiens à le préciser. Cependant, j'ai écouté leur discographie en transversale une fois que je connaissais bien celui-là. Tout ça pour dire que, contrairement à ce qu'on a pu lire, c'est loin d'être la première fois qu'on entend une musique inspirée du hip-hop, du rnb et de la soul chez ce groupe pop rock expérimental pourtant assez radical et lo-fi en général, situé quelque part entre les débuts d'Animal Collective et le premier EP d'Arcade Fire, le côté labyrinthique de Grizzly Bear en plus. 

  En effet, ces sons et ces rythmes je les ai entendus assez rapidement dans leurs précédentes livraisons. Ceci dit, je le reconnais, ces musiques occupent désormais une place prépondérante dans ce LP, à un degré jamais exploré auparavant, et avec une totale déshinibition sur l'autotune, l'électronique et les effets en tous genres (cf Bon Iver ou Sufjan Stevens). Ce qui est sans doute aussi dû en partie à un autre point que je ne vais pas aborder plus en détails : le départ de la compagne (et ex-moitié du duo Dirty Projectors, maintenant un projet solo) du désormais seul à bord Dave Longstreth

  Le rnb-pop qui ouvre l'album, "Keep Your Name", et sa voix ralentie, en sont l'exemple parfait. En puisant dans une production électronique oscillant entre luxuriance et minimalisme, quelque part entre Kanye West et James Blake, et en y additionnant quelques effets soul (la guitare chaude un peu avant la 2e minute), cette pop song de rupture prend une dimension épique et une saveur inédite. Tout n'est pas toujours dosé à la perfection, ça part dans les sens, mais ça c'est un peu la marque de fabrique du groupe, comme sur le rnb blanc de "Death Spiral" où s'entrechoquent Timberlake & Timbaland, Marvin Gaye, Thom Yorke, un piano free jazz, une guitare hispanisante, de l'autotune et des percussions hachées. La déconstruction est poussée à son paroxysme sur "Work Together", où une électronique saccadée et hyperactive part dans tous les sens pour un résultat étonnamment bon.

  Mais il y a des chansons plus classiques dans leurs sonorités et leur construction, qui sont toutes aussi réussies. C'est le cas de ma chouchoute, "Up In Hudson" dont la parenté avec les derniers Bon Iver et Vampire Weekend achève de rendre cette chanson déjà mémorable carrément magnifique à mes oreilles, c'est une grosse réussite de pop moderne. Dans un autre genre, "Little Bubble", entre berceuse et rnb à la Maxwell, séduit malgré le sucre, car elle est profondément touchante et sincère.

  On va continuer à parler rnb avec "Winner Take Nothing", belle chanson au hook très Marvin Gaye encore une fois, la ballade autotunée "Ascent Through Clouds", et la collaboration avec Dawn Richard, "Cool Your Heart" vaguement dancehall. Trois bonnes chansons, même si les deux dernières sont un peu en dessous. Tout comme la conclusion "I See You", qui malgré de bons moments (et un orgue utilisé de façon originale) marque moins l'esprit. 

  Au final, on a un bon album, un peu inégal mais dont les imperfections sont autant de signes d'une personnalité forte assumée tout au long d'un disque sans concessions ni auto-censure, tout droit sorti du cerveau de son créateur, sans filtre. 
J'en recommande donc l'écoute (ici par exemple) !

Alex

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