Cette semaine, les débuts de la musique électronique sont à l'honneur sur La Pop d'Alexandre & Etienne, avec un album par jour présenté jusqu'à dimanche dans le cadre de notre deuxième édition de La Semaine De La Pop.
Ce disque, je l'adore. A vrai dire, j'ai une passion pour les débuts de l'électronique, qui pour moi est liée à une autre obsession : la face underground du psychédélisme des années 1960. Donc je vous préviens, il y aura quelques albums dans cette veine cette semaine.
Après avoir poncé dans tous les sens l'incroyable (et unique) album des United States Of America (dont j'ai déjà parlé ici et qui aurait eu sa place dans cette semaine), classique parmi les classiques et disque de chevet incontesté pour ma part, je suis donc tombé sur ce qu'on pourrait considérer comme le pendant britannique du groupe, j'ai nommé White Noise. Formé autour de David Vorhaus, américain de formation classique et ayant étudié la musique électronique, le groupe se compose aussi à l'époque de deux membres du prestigieux BBC Workshop : Brian Hodgson et Delia Derbyshire (qui a mis en son le générique de Dr Who). Inutile de dire que ces deux-là s'y connaissaient en musique concrète, bruitages et bidouillages électroniques en tous genres.
Et pourtant, si l'album est truffé d'expérimentations quasiment scientifiques caractéristiques du début de l'électronique, il est aussi sensuel et mystique. En témoigne la magnifique intro "Love Without Sound" aux percussions spirituelles et travaillées de façon presque dub avant l'heure, ce chant psyché sexuel et inquiétant à la fois, ces bruitages électroniques presque Residents (avant l'heure également), et ces samples orchestraux en fait issus de la double bass de Vorhaus.
De même, "My Game Of Loving" partage avec la pop baroque et psyché de l'époque des guitares rock, une ambiance orchestrale onirique et un chant cotonneux. Et puis ces sons de synthés, ces choeurs, cette phrase en français, ces percussions tribales auraient pu se trouver dans une ballade mélancolique d'un disque de prog (ceci est confirmé par la "scène d'orgie" qui peut rappeler les penchants sexuels hippies d'Aphrodite's Child par exemple). Cependant, le groupe va plus loin que ses contemporains dans la démarche de déconstruction - reconstruction de la pop, car la chanson ne tient presque à rien, reste sur le fil tout au long, semble tellement fragile qu'elle menace de s'éteindre à n'importe quel moment, comme une flamme tremblotante soufflée par un courant d'air.
Le piano honky-tonk et l'orgue sautillant de "Here Come The Fleas" sont encadrés par une symphonie de bleeps, de pouets et de klaxons (on entend bien là l'héritage BBC Workshop), et un chant hyper théâtral hérité autant des pièces radiophoniques british que de la scène psyché (United States Of America encore, "...Mr Kite" des Beatles, Zappa....). L'ensemble est ludique, on a pas mal de jeu sur les bandes passées à différentes vitesses, coupées, on sent vraiment le plaisir de studio transpirer à travers la musique et ça fait plaisir. Un vrai bonbon pop déviant. De même que "Firebird", à l'écriture plus classique quasi Beach Boys, mais à la mise en son tout aussi personnelle.
Après ces petites douceurs, l'intensité remonte d'un cran sur le sensuel et mystérieux "Your Hidden Dreams", pop électronique habillée d'un élégant manteau de psychédélisme vaporeux. La tension monte et descend en permanence, au gré d'une inflexion de voix, d'un synthé insistant, d'une intervention orchestrale ou d'un break rythmique. On est pris dans ces montagnes russes de maison hantée, mais hantée par une sorcière aussi belle et ensorcelante que dangereuse. Un vrai grand moment de Pop avec un grand P.
Le tout aussi impressionnant "The Visitation" suit, qui anticipe en début de morceau à la fois la pop déviante et féérique qu'Eno fera en solo, et ce qu'on adorera chez Neu! plus tard. Le morceau alterne ensuite entre différentes parties assez théâtrales et des variations autour de cette pop complètement folle, tout au long des 11 minutes de ce long morceau à écouter absolument.
Le dernier morceau, "Blank Mass : An Electric Storm In Hell" a une histoire assez particulière. Pressés par le label pour sortir le disque, les White Noise ont enregistré dans l'urgence cette pièce d'ambient noire. Presque jazz dans ses rythmiques, presque musique sacrée dans son côté solennel, ce morceau impressionne autant que ses deux prédécesseurs dans sa radicalité.
Pour conclure sur ce disque, je parlerais sans hésitation de chef-d'oeuvre méconnu. Heureusement un peu réhabilité, l'aura sombre, radicale et ses innovations sonores de ce disque ont eu une influence considérable sur tout un pan de la pop et de l'électronique, et il mériterait d'être encore davantage cité. On parle quand même d'un choc esthétique à la hauteur de The USA, des Silver Apples, du Velvet ou de Can.
Et pourtant, si l'album est truffé d'expérimentations quasiment scientifiques caractéristiques du début de l'électronique, il est aussi sensuel et mystique. En témoigne la magnifique intro "Love Without Sound" aux percussions spirituelles et travaillées de façon presque dub avant l'heure, ce chant psyché sexuel et inquiétant à la fois, ces bruitages électroniques presque Residents (avant l'heure également), et ces samples orchestraux en fait issus de la double bass de Vorhaus.
De même, "My Game Of Loving" partage avec la pop baroque et psyché de l'époque des guitares rock, une ambiance orchestrale onirique et un chant cotonneux. Et puis ces sons de synthés, ces choeurs, cette phrase en français, ces percussions tribales auraient pu se trouver dans une ballade mélancolique d'un disque de prog (ceci est confirmé par la "scène d'orgie" qui peut rappeler les penchants sexuels hippies d'Aphrodite's Child par exemple). Cependant, le groupe va plus loin que ses contemporains dans la démarche de déconstruction - reconstruction de la pop, car la chanson ne tient presque à rien, reste sur le fil tout au long, semble tellement fragile qu'elle menace de s'éteindre à n'importe quel moment, comme une flamme tremblotante soufflée par un courant d'air.
Le piano honky-tonk et l'orgue sautillant de "Here Come The Fleas" sont encadrés par une symphonie de bleeps, de pouets et de klaxons (on entend bien là l'héritage BBC Workshop), et un chant hyper théâtral hérité autant des pièces radiophoniques british que de la scène psyché (United States Of America encore, "...Mr Kite" des Beatles, Zappa....). L'ensemble est ludique, on a pas mal de jeu sur les bandes passées à différentes vitesses, coupées, on sent vraiment le plaisir de studio transpirer à travers la musique et ça fait plaisir. Un vrai bonbon pop déviant. De même que "Firebird", à l'écriture plus classique quasi Beach Boys, mais à la mise en son tout aussi personnelle.
Après ces petites douceurs, l'intensité remonte d'un cran sur le sensuel et mystérieux "Your Hidden Dreams", pop électronique habillée d'un élégant manteau de psychédélisme vaporeux. La tension monte et descend en permanence, au gré d'une inflexion de voix, d'un synthé insistant, d'une intervention orchestrale ou d'un break rythmique. On est pris dans ces montagnes russes de maison hantée, mais hantée par une sorcière aussi belle et ensorcelante que dangereuse. Un vrai grand moment de Pop avec un grand P.
Le tout aussi impressionnant "The Visitation" suit, qui anticipe en début de morceau à la fois la pop déviante et féérique qu'Eno fera en solo, et ce qu'on adorera chez Neu! plus tard. Le morceau alterne ensuite entre différentes parties assez théâtrales et des variations autour de cette pop complètement folle, tout au long des 11 minutes de ce long morceau à écouter absolument.
Le dernier morceau, "Blank Mass : An Electric Storm In Hell" a une histoire assez particulière. Pressés par le label pour sortir le disque, les White Noise ont enregistré dans l'urgence cette pièce d'ambient noire. Presque jazz dans ses rythmiques, presque musique sacrée dans son côté solennel, ce morceau impressionne autant que ses deux prédécesseurs dans sa radicalité.
Pour conclure sur ce disque, je parlerais sans hésitation de chef-d'oeuvre méconnu. Heureusement un peu réhabilité, l'aura sombre, radicale et ses innovations sonores de ce disque ont eu une influence considérable sur tout un pan de la pop et de l'électronique, et il mériterait d'être encore davantage cité. On parle quand même d'un choc esthétique à la hauteur de The USA, des Silver Apples, du Velvet ou de Can.
Je ne connaissais pas, et ça démarre très bien cette semaine...
RépondreSupprimerLe premier titre du disque, Love Without Sound, fait apparaître dès le début une voix féminine qui dit "without sound" que j'ai déjà entendue samplée quelque part, mais impossible de trouver où (et le site whosampled ne parvient même pas à m'aider pour le coup).
Content que tu découvres et que ça te plaise !
SupprimerCe genre d'électro a été un peu redécouverte et beaucoup samplee dans les années 90, à mon avis beaucoup de ce que tu aimes en électronique s'y réfère (Broadcast par exemple.... Mais même Fatboy slim dans un genre plus mainstream).
Je peux pas t'aider pour le sample mais ça ne m'étonnerait pas que ce soit le cas cette voix est envoutante
À demain ;)