Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

jeudi 9 mars 2017

Temples - Volcano (2017)


  Après avoir adoré leur premier opus, j'attendais avec hâte ce disque en rêvant d'un opus plus sombre et moderne, à l'image du très bon album de remixes des chansons du LP inaugural qui est sorti entre temps. Mais dès le premier single, "Certainty", on est prévenus : Temples n'a pas changé. Quoique, si, légèrement. On a bien plus d'électro-pop et de synthés, et la production est encore plus grosse, pour un résultat proche dans l'esprit de l'excellentissime dernier Tame Impala. Et il faut reconnaître que sans atteindre le niveau de perfection de Kevin Parker, ce single est une petite merveille, de sa mélodie ultra-catchy digne d'un Orient de cartoon, sa prod énorme et maîtrisée, et son chant haut perché.

  "All Join In" commence en mode full electronic, avec un rythme à la "The Beautiful People" de Marylin Manson, avant que ne débarquent les grandioses arrangements orientalisants (là encore façon musique de film plutôt que vraie musique arabe). La grosse batterie classique de Temples et le chant ramènent tout le monde à la maison pour des couplets qui pourraient sortir du premier opus. En revanche, le refrain est merveilleux, quelque part entre le MGMT de Congratulations et les Beatles. Et dans l'ensemble, ce curieux puzzle pop entre la partie instrumentale orientale, les couplets et le refrain, assaisonnés de rock bien psyché et d'électro déviante, marche du tonnerre. L'Orient version Hollywood (voire Astérix & Obélix chez Cléopâtre) revient sur "Celebration", accompagné d'un rythme à conquérir un stade et de synthés pachydermiques. Un gros côté Queen là-dedans, un peu comme sur "Mystery Of Pop" (qui sonne ausi assez Sparks).

  La mélodie sautillante et printanière de "(I Want To Be) Your Mirror" inaugure un morceau électro-pop assez inattendu, comme un Phoenix qui aurait voulu s'inspirer des arpèges de la musique de chambre. Le reste du morceau est plus classique, mais ces petits moments de grâce retrouvés en conclusion en font une pièce de choix tout à fait délicieuse. Et de même que sur la suivante "Oh The Saviour" qui commence plus folk-pop et part elle aussi en feu d'artifice psychédélique synthétique, on se dit que cet album est proche des derniers Phoenix sur un autre point : c'est une oeuvre pop totale, dans le sens où chaque instant est ultra catchy, que tous les morceaux sonnent comme des tubes à la production énorme. Et pourtant, c'est pas encore trop, le côté tarte à la crème donne même du charme à l'ensemble. 

  D'ailleurs, ces excès de synthé, ces morceaux à tiroir, ces batteries énormes, ça peut rappeler le prog pop 80s d'Asia ou Genesis sur des morceaux comme "Roman God-Like Man", qui a aussi (paradoxalement) une parenté avec Ariel Pink et Ty Segall.

  Mais bon sang, je vais me répéter mais que c'est accrocheur ! Prenez l'intro de "Born Into The Sunset", si ça c'est pas une intro mémorable qu'on reconnaîtrait même dans un festival bondé ? On saisit toute l'ampleur que le groupe a pris, et tout le succès (mérité) de ces gars. C'est marrant d'entendre aussi comme Tame Impala a marqué Temples, sur "How Would You Like To Go?" et l'autre tube du disque "Strange Or Be Forgotten", c'est hyper criant. Là encore, qu'on tique sur le côté stade ou les grosses influences, c'est tellement bien foutu qu'on leur passe tout pour le moment. Même si il est dur de respirer dans ce disque saturé de musique, où les morceaux commencent tranquillement, ce qui fait espérer une petite accalmie bienvenue, avant de balancer la sauce au milieu du premier couplet (cf "Open Air", ou "In My Pocket", même si celle-ci se retient plus longtemps). 

  Dans l'ensemble, les Temples signent quand même un très bon deuxième disque, gavé de tubes en puissance, et arrivent à compenser la perte de l'effet de surprise et de fraîcheur en ne livrant que des morceaux énormes à la prod titanesque. Attention pour la suite, la fuite en avant n'est pas possible, le ciel a ses limites (cf Phoenix justement), si ils ne veulent pas larguer tout le monde et rester pertinents, il faudra sans doute repenser le groupe plus en profondeur et apporter davantage de nuances. Mais en attendant, à défaut de livrer un chef-d'oeuvre, les jeunes Temples relèvent la redoutable épreuve du "sophomore album" haut la main et restent un groupe à suivre absolument car prometteurs, capables du meilleur et ne connaissant pas la médiocrité.

Alex


2 commentaires:

  1. J'ai du mal à me passionner pour Temples.
    Je comprends qu'on puisse aimer, j'y vois le côté MGMT ou Tame Impala par moments, du coup c'est plutôt appréciable, mais je trouve ça trop léché et trop pompeux chez eux.
    Le Born Into The Sunset, par exemple, je le trouve insupportable.
    Je préfère Strange or Be Forgotten à la limite, presque un côté Divine Comedy, c'est assez déroutant, mais ce titre est au contraire très réussi.

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    1. Celui là est pompeux mais ça reste fait avec sincérité et une envie de perfection dans le genre. Ça s'entend je trouve. Et en même temps y'a un côté à universaliste, presque stade. C'est objectivement bon, après en effet c'est un peu trop "gros" pour que j'aime plus que ça mais c'est assez constant pour que j'apprécie franchement.
      Le 1er était moins grandiloquent, y'avait des respirations et des moments plus humbles.

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