Cet album, suite directe au très bon mais trop long Palermo Hollywood de l'an dernier, est un peu sa face B, son retour d'Argentine. Qui démarre fort, avec la magnifique chanson-titre, "Volver", où l'on reconnait le Biolay des grandes œuvres. L'orchestration est magnifique, la mélodie aussi, le chant est divin, le texte très beau dans le genre doux-amer. Du côté des réussites, le trip-hop jazzy de "Le Nuage" est également une perle, de la prod au texte en passant par la voix... Pour un rendu très Gainsbourg, période L'Homme à la tête de chou. "La Mémoire" est navigue elle aussi entre jazz, musique latine et vieille chanson française (on ressent l'influence de sa période Trénet). "Hypertranquille" un exercice de mumble rap français délicieux et irrésistiblement bien foutu, dont je vous ai déjà parlé ici. Et "Hollywood Palermo" vaut le détour, elle est vraiment excellente, grâce à l'intervention d'Ambrosia notamment.
Le disco de "Roma (amoR)" est très bonne, tout juste gâchée par un couplet de rap hispanophone trop radiophonique pour être honnête. "Arrivederchi" est un émouvant hommage à un ami disparu, qui arrive à toucher sans trop tomber dans le mélo pourtant difficile à éviter grâce à une science du détail presque naturaliste et à une honnêteté sans failles. "Pardonnez-moi", sur sa rythmique entre dub et cumbia, et avec ses arrangements électroniques très modernes et putassiers, surprend en bien par sa qualité et son accessibilité (qui se transforme vite en addictivité). La reprise d'"Avec Le Temps", de Ferré, est scolaire mais très bonne.
Presque au même niveau, "Happy Hour" est une belle chanson sur un thème difficile à traiter, au texte très honnête même si un poil naïf sublimé par les interventions vocales de Catherine Deneuve et les choeurs autotunés."Ca vole bas", avec Sofia Wilhelmi, est une bonne chanson de pop latine, très rythmée. "L"alcool, l'absence" est également bien foutue.
On a également quelques chansons moyennes mais agréables, comme le rock FM de "!Encore Encore!", en duo avec Chiara Mastroianni. C'est le genre de chansons que Biolay fait régulièrement et foire presque tout le temps, mais là pour une raison inconnue ça fonctionne à merveille malgré (grâce ?) le côté over-the-top. Très sympathique exercice de style. Ou encore "Mala Siempre" gavée de pop latine autotunée (feat Mala Rodriguez), et "Sur la Comète", une ballade sympathique à défaut d'être mémorable.
Bref, un bon album de Biolay, complément attachant au plus ambitieux et plus indispensable Palermo Hollywood, mais qui arrive pourtant à avoir son propre charme, celui d'une compile de voyage qui ne se prend pas au sérieux et bénéficie de plus de liberté que la moyenne.
Alex
J'adore tout ce qu'il fait, même sa virée Trenet. C'est la maison de disque qui m'horripile, sa virée argentine aurait été vraiment bien en version double album comme "La Superbe". C'est un des rares ici avec Murat à pouvoir lâcher des doubles fantastiques. Du coup faut en acheter 2 (sans compter le 1er avec une réédition bonus. Avec un brassage général on aurait moins considéré celui là comme une faceB. D'ailleurs lui même s'en défend.
RépondreSupprimerCeci dit, oublions l'industrie, ce disque est une pièce de plus à déguster dans sa longue superbe carrière à suivre.
D'accord avec toi. Un bémol tout de même : je trouve ses disques trop remplis, il y en a toujours que je trouve moins abouties. Mais c'est aussi affaire de goûts !
SupprimerBelle chronique que je vais joindre à l'album. L'ami disparu c'est Hubert Mounier. Une précision toujours pour inciter à retourner écouter un artiste que j'aimerai savoir maintenu dans les mémoires. Un monsieur que Biolay rejoignait sur scène ou l'inverse.
RépondreSupprimerJe ne connais pas assez son oeuvre en solo ou en groupe pour en parler, j'ai pas l'habitude de sortir des références que je ne connais pas, mais tu as raison de le préciser !
SupprimerJe devrais d'ailleurs moi même prendre le temps d'aller ecouter ça
http://gaitapis.blogspot.fr/2016/12/hubert-mounier-sur-le-quai-pour-dire.html
SupprimerLe 1er titre fonctionne encore...Je suis content c'est qu'il encore écouté. Le reste est de la même qualité... Tendre et moins tourmenté que notre ami Benjamin même si lui aussi a eu sa part de séparation
Merci !
SupprimerOui c'est fou ce "!encore encore!", il y manie le mauvais goût de façon très raffinée c'est étonnant.
RépondreSupprimerIl est incroyablement doué et fait le pont entre populaire et ambitions artistiques, que demander de plus ? :)
Tu connais mon avis sur ce disque. J'étais dans une grosse période Biolay depuis un an jusqu'à sa sortie. Et ça a fait pschitt.
RépondreSupprimerBiolay me paraît à côté de la plaque sur ce disque, c'est à peine moins mauvais que Vengeance, je trouve (c'est dire).
Mais ça ne m'inquiète pas, je sais que je n'adhère pas à ses élucubrations mainstream (et ce n'est pas une posture, c'est qu'il a alors tendance à trop convoquer le mauvais goût).
Je sais que je reviendrai vers lui dès qu'il se remettra à être plus ambitieux.
C'est pas un problème de créativité pour le coup, juste d'orientation artistique.