Aujourd'hui laissons place à la musique classique avec un jeune et très talentueux compositeur anglais, Oliver Buckland, que nous avons découvert sur soundcloud par ce sublime titre, Pendent. La composition est ici interprétée par le Coniston Trio, composé de Wyn Chan au Piano, Kevin Saw au Violon et Eliza Carew au violoncelle.
Pendent, c'est d'abord cette idée de mouvement pendulaire, où alterne la quinte et la quarte au piano, dans un ostinato comme inachevé, où la composition semble se construire à nos oreilles au fur et à mesure. C'est tout en fragilité et simplicité, qu'entre ces deux accords oscille la tonalité, comme indécise sur le schéma mélodique à suivre. Mais ce n'est que pour mieux se laisser désirer et amener dans la finesse d'un crescendo, le violon et violoncelle, qui s'entremêlent dans une complexe polyrythmie à la dissonance cinglante, tranchant avec l'harmonie du début. L'interprétation y est violente, comme si les musiciens brutalisaient leur instrument, avant de se resynchroniser pour mieux s'éclater à nouveau. S’enchaîne alors une variation mélodique et rythmique tout en contraste, où s'entre croisent de nombreuses inspirations classiques, notamment celle de Piazzola, et contemporaines tels Philippe Glass et surtout Steve Reich.
Comment ne pas penser au pionnier de la musique minimaliste et notamment à son Music For 18 Musicians, à l'écoute de cet ostinato qui, dans sa simplicité mélodique, se décline et s'enrichit à la manière d'un morceau de house music. C'est d'ailleurs probablement ce parallèle avec un style que j'affectionne particulièrement et dont je suis plus familier qui m'a tout de suite attiré vers ce titre. La méthode de composition semble ainsi proche des celles de productions house, avec ce motif mélodique de deux accords rappelant la technique de sample et de looping ou encore des motifs mélodiques inversés. C'est aussi cette polyrythmie, avec le déphasage inventé par Steve Reich.
Ce rapprochement avec la musique électronique et ces techniques s'explique en fait très bien en fouillant sur son soundcloud où Oliver Buckland propose tout aussi bien des compositions classiques que des morceaux électroniques ou pop, preuve de son talent sans frontières! Nous avons, avec Alexandre, été notamment impressionné par son Pinkover, dans un ambiance entre ragtime et musique de jeu vidéo. Il a d'ailleurs fait deux albums très électroniques, eux aussi disponibles sur soundcloud, Ten et Twenty.
C'est donc une oeuvre tout à la fois abordable et ambitieuse qui gagne à se réécouter encore et encore. Ce genre de morceaux qui vous obsèdent et qui vous accompagnent dans vos longues soirées de travail. A découvrir absolument !
Pour mieux comprendre et mettre en perspective ce magnifique travail de composition, nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec Oliver Buckland. Nous vous proposons donc très prochainement en ces lignes le passionnant entretien que nous avons eu avec lui.
Etienne
"Ce genre de morceaux qui vous obsèdent et qui vous accompagnent dans vos longues soirées de travail" ha ha Pas possible, dès qu'une musique accroche, comme un scratch tout neuf, je cesse toutes autres activités pour écouter... ET j'avoue que les ruptures de ton (sans surprise, j'avais lu le texte avant) m'ont juste-ment accroché (Je viens de l'interview pour tout dire)
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