Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

jeudi 8 février 2018

Ghostface Killah - 12 Reasons To Die (2013, avec Adrian Younge) & The Brown Tape (2013, avec Apollo Brown)

Ghostface Killah & Adrian Younge - 12 Reasons To Die (2013)

  12 Reasons To Die (2013) est un album concept de Ghostface Killah, racontant une histoire, d'ailleurs des comics accompagnaient la sortie de l'album. Dont tous les beats ont été produits par le génial Adrian Younge, avec comme producteur exécutif le collègue du Wu-Tang Clan, RZA. Il est à juste titre considéré comme un classique du hip-hop, réunissant des prestations impeccables de Ghostface et quelques unes des plus belles prod du hip-hop grâce à Younge. 

  Celles-ci empruntent à la pop, à la soul et au rock des années 60 et 70 des samples chauds et cinématographiques, comme sur la merveilleuse "Beware Of The Stare", entre basse ronde, chœurs tragiques, piano impérial. Et que dire des cordes, de la guitare fuzz psychédélique (faisant également le sel d'"Enemies All Around", façon Ennio Morricone) et du clavecin acide débarquant en fin de morceau ? Pour tout mélomane, c'est un vrai régal. Cette musicalité débouche sur ces mélodies qu'on n'oublie pas, comme ce  dialogue guitare - piano entêtant sur "Rise Of The Black Suits", habilement soutenus par l'orgue 70's. Il y a un amour du matériau d'origine, des morceaux samplés, qui transpire autant sur "Murder Spree" que sur le classique du sampling Endtroducing de DJ Shadow.

  Le prog, la pop psyché et la soul orchestrale forment également le coeur de "I Declare War", tandis que c'est un beat à la James Brown qui structure l'édifice de "Blood On The Cobblestones". Outre la richesses des instrumentations, certains choix artistiques distinguent largement ces prods, comme le beat lent et discret de "The Center Of Attraction", servant avec beaucoup de justesse son ton dramatique et grave. D'ailleurs, ce morceau me permet de souligner la belle alchimie entre Ghostface et ses invités vocaux, ici Cappadonna, plus loin Masta Killa, Killa Sin, U-God, Inspectah Deck (énorme ping-pong vocal sur "An Unexpected Call (The Set up)"), William Hart ou mark luv. Et puis, un morceau comme "Rise Of The Ghostface Killah" sonne davantage comme un titre rock de la fin des années 60, et "Revenge Is Sweet" comme un morceau de soul psychédélique, que comme des titres de rap classiques, ajoutant à l'originalité du projet. Les prods de Younge sont tellement importantes pour l'album qu'il a droit à un quasi-instrumental, l'excellent "générique" du concept : "12 Reasons To Die", et à la présence de tous ses instrus en bonus de l'album.

  Et puis, encore une fois, Ghostface porte le projet avec une maestria rare, vocalement il est vraiment impressionnant, vous n'avez qu'à réécouter son tour de force sur "The Sure Shot" pour vous en convaincre. Bref, ce disque est un classique de la musique populaire moderne. 

  Et j'ai une bonne nouvelle pour vous, il a été sujet à une réécriture rééditée cette année, dont nous allons parler à présent.




Ghostface Killah & Apollo Brown - The Brown Tape (2013)

  En effet, c'est Apollo Brown, un de mes producteurs préférés, qui réinvente 12 Reasons To Die, en refaisant toutes les prods du chef-d'oeuvre sous le nom The Brown Tape. Ses beats célestes, ultra cinématographiques, font mouche dès le duo introductif "Beware Of The Stare"/"Rise Of The Black Suits", entre cordes irréelles, choeurs divins, craquements de vinyle, samples de films et gimmicks obsédants de guitare et de claviers. Le côté visuel de sa musique se retrouve bien sur la délicate et très classe "The Center Of Attraction".

  L'aspect vieilli, dégradé des samples et ces fameux craquements de vinyle va bien avec le côté classique intemporel de l'album, comme sur "I Declare War" où les cuivres autrefois grandiloquents et puissants semblent aujourd'hui fatigués mais gardent une trace de leur éclat d'antan. Très belle utilisation du sampling, et bel exemple de l'intelligence de Brown. C'est d'ailleurs amusant de se dire que "Rise Of The Ghostface Killah" ressemble ici presque à une version vieillie de "Still DRE" de Dr Dre

  Et même si la basse est moins présente que chez Younge (excepté sur "Enemies All Around Me"), on a presque envie de danser sur "Blood On The Cobblestones", grâce à un piano syncopé appuyé par un breakbeat efficace. La moins grande présence de basses, le plus grand recours aux samples vocaux ("Revenge Is Sweet", "Murder Spree") et à un sampling plus audible, imitant moins les orchestrations pop-rock classiques, et puisant davantage dans la musique de films ("The Sure Shot"), marquent aussi une différence significative avec l'original. Et pour revenir à l'aspect entraînant de la musique, "An Unexpected Call" est également bien funky comme il faut, on ne peut qu'osciller de la tête (au minimum) en écoutant cette tuerie. 

  En résumé, cette relecture est une réussite totale, un Everest quasiment inatteignable et qui pourtant l'a été. Un petit miracle, en somme. Impossible de dire quelle version des deux est la meilleure tant elles sont, chacune dans leur genre, absolument parfaites. Il aurait fallu également rentrer dans le détail des samples utilisés, hélas ça mériterait un article à part entière tant le sujet est vaste. Peut être une autre fois. En tous les cas, foncez écouter ces deux versions de cette oeuvre imposante et géniale.
Bonne (double) écoute !


Alex


2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Je ne connais pas les comics associés à l'album dont je parle dans la chronique mais si c'est de la même teneur ça doit être magnifique en effet !
      Essaie la musique c'est le genre de hip-hop très instrumental qui peut plaire aux rockeurs comme toi

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