Burnt Ones est un super groupe constitué autour d'habitués du label Medium Sound : Landon Caldwell et Mark Tester (aka mes chouchou les Creeping Pink), leur bassiste et graphiste Brian Allen et Amy Crouch. Et si vous avez suivi mes articles sur ce petit groupe de musiciens, vous savez qu'ils ont une prédilection pour mixer de l'électro-pop travaillée, toute en textures, à la Brian Eno, avec un rock psychédélique volontiers bruitiste et de l'ambient lo-fi.
Par exemple, "Obstacle Illusion" sonne comme une mix indé entre le Bowie de Low et Animal Collective, c'est donc une excellentissime chanson, à la fois relativement accessible et belle et aventureuse (ces sons, cette répétition quasi krautrock, ce rythme haché...). C'est parfois dans la construction du morceau que se cache la complexité, ou du moins l'inattendu : "Through Coarse Window" alterne entre électronique contemplative et rock psyché quasi garage aux accents post-punk, pour finir par une plage électro-pop minimaliste absolument ravissante. Parfois, comme sur "Good Omen (Tower)", la composition se fait plus pop, le mix plus clair, et on entrevoit tout le génie de ce petit groupe d'illuminés dont la musique ne mérite pas d'être si confidentielle.
Ce côté garage-psyché, on le retrouve sous son versant électro-rock sur "Cascades", elle aussi plus directe et rappelant les travaux (eux aussi très versés sur les Silver Apples et Brian Eno) de John Dwyer de Thee Oh Sees sous son alias Damaged Bug, et se marie à merveille avec des influences minimalistes (comment ne pas penser à Terry Riley sur ce morceau ainsi que sur "Easy Ending", également très Eno ?). Les chansons plus accessibles ne sont vraiment pas si rares que ça, puisque la lumineuse et presque folk "New Passageways" pourrait plaire au delà du cercle des amateurs de Creeping Pink. Le chant y est pour beaucoup, la construction des morceaux aussi, comme on l'a déjà dit.
Un autre sommet de cet album est l'enchaînement électro-rock "Love Light"/"Lost Altar"/"Shifts", noir et obsédant comme du Suicide trempé dans du Silver Apples, mais revu avec les sons d'Another Green World, du meilleur du psyché obscur des 60's, et des techniques de production électroniques plus modernes. Brillant. Plus loin, c'est "Room With A View" qui marie les influences du groupe d'Alan Vega et Martin Rev avec le folk de Bon Iver, des synthés exotiques et un chant de crooner post-punk. Avec le même genre de voix, "See You" ferait presque du Tindersticks version lo-fi, ou en tous cas un excellent mix de pop synthétique et de folk brumeux.
Les intermèdes quasi ambient, ou disons plus expérimentaux et électroniques, comme "Hello Loop", "Tone For A Hole In The Ground", "Room Regroups (Vacation Levels)", "Dream Of Sleep" ont un rôle crucial dans l'établissement d'un rythme au sein de cet album, étirant le temps entre deux morceaux en étant au choix contemplatifs, spirituels ou émouvants, et nous faisant partager la vie du studio via des extraits audio de conversations, et même d'une partie de ping pong si j'ai bien entendu.
Cet album est une confirmation : tous ces gens sont extrêmement talentueux, et une surprise : ils peuvent peut-être convaincre plus largement grâce à des morceaux un poil plus accessibles (même si leur musique, par sa nature, s'adresse plutôt à des nerds de musique comme moi qui en possèdent les codes). En tous cas, si vous voulez un disque de pop aventureuse, moderne, authentique, pleine de talent et d'amour, faites moi le plaisir d'écouter cette petite oeuvre d'art.
Alex
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