Fun et sophistiqué, c'est la description qui colle le mieux à cet album. Fun, dès le premier morceau, synthpop entre Buggles, Yellow Magic Orchestra et psyché fun et électronique façon Flaming Lips période Yoshimi sur "She Works Out too Much". La voix de Cellars embellit ce morceau à la ligne de synthé-basse bondissante et japonisante dans son alliance de complexité jazz et de vitesse mécanique irréaliste façon jeux vidéo. Sophistiqué, sur le même morceau, car les nombreuses couches de clavier, les effets, le beat se percutent avec une grâce certaine et un sens du groove indéniable. Le mille-feuille rappelant presque le jazz fun, basé sur la basse, volontiers électronique et japonisant de Thundercat, surtout en fin de morceau lorsqu'un saxo mi-free mi-kitsch 80's s'invite sur la piste.
MGMT - Little Dark Age (2017)
On connaissait déjà les excellents singles "Little Dark Age", tube de synthpop gothique triste et euphorisant à la fois au lignes de syntéh inoubliables et au refrain libérateur, l'également très bon trip pop-folk psychédélique de "When You Die", réalisé avec l'aide d'Ariel Pink dont l'influence plane sur ce disque avec ce subtil alliage de second et de premier degré dans le traitement de musiques accessibles (pop 80's) et plus confidentielles (psychédélisme 60's). Et puis "Hand It Over", dont on vous a parlé dans le bilan de nos morceaux préférés de janvier, très jolie capsule temporelle nous renvoyant tout droit à l'époque de Congratulations (2010) et petit classique instantané très émouvant.
MGMT - When You Die (2017)
Et puis on a découvert le très bon "Me And Michael" juste avant la sortie du disque, réminiscence des sous-estimés rois de la pop 80's la plus flamboyante et dark à la fois, j'ai nommé les Pet Shop Boys. Mais ce single arrive à transcender sans problème son statut de pastiche en se payant le luxe d'être complètement hors du temps grâce à une mélodie inoubliable et un juste dosage des arrangements.
MGMT - Me And Michael (2018)
Il nous restait donc à découvrir la seconde partie du disque, qui se permet d'être plus expérimentale après ce déluge de singles. Et c'est "TSLAMP" pour "time spent looking at my phone" qui oscille entre Daft Punk, reggae/dub et musique synthétique post-80's inspirée par l'Afrique (Sébastien Tellier période Politics, Toto période "Africa", Paul Simon, etc...). Un bon petit morceau bien funky. Le côté dub est également bien exploité sur "Days That Got Away", avec là encore un traitement des filtres riche faisant sonner les synthés comme sur le Discovery des Daft, avec une touche psyché en plus et un petit côté africain (on ne serait pas étonné d'apprendre que le groupe a beaucoup écouté le génial Mammane Sani, king du synthé du Niger), et des voix proche de ce qu'on pourrait attendre de Bee Gees période disco sous champis. En parlant de ça, sur la grandiose "When You're Small" c'est le côté psyché qui prend le dessus, avec un retour aux influences premières du groupe : Flaming Lips, Syd Barrett, Dan Treacy, Beatles, Sagittarius, The United States Of America.
En revanche, on revient à la synthpop sous influence Ariel Pink avec "James", dont le traitement du chant rappelle Pink mais aussi les suiveurs d'Empire Of The Sun et dont la prod agréablement chill aux accents jazzy et psyché ravit. Equivalent slow de "Me And Michael", c'est une vraie réussite.
Sur "One Thing Left To Try", le déluge de synthés est également de retour, mais de façon plus théâtrale et baroque, quasi glam, entre Sébastien Tellier, Electric Light Orchestra, Empire Of The Sun, Niki & The Dove et Currents de Tame Impala.
En bref, cet album est une sacré réussite, un gros kiff pour le fan absolu du groupe que je suis, mais qui pourrait également plaire à un grand nombre tant ces morceaux sont beaux et accessibles pour la plupart.
Alex
Très belle chronique. Toutes ces influences que tu décris sont très pertinentes (80's, japonisant, Daft sur TSLAMP). Je ne savais pas qu'Ariel Pink était du projet mais effectivement sa marque est partout, dans ces ambiences, la prod' etc. Je ne suis vraiment pas déçu de l'album, chaque morceau a vraiment un esprit propre et nous embarque toujours loin .... très loin !! Tes deux mots résument parfaitement l'album. On sent vraiment l'amusement qu'il on mit dans la composition et la prod. On les imagine en véritable enfant au studio ! Et pourtant, c'est tellement bien fait !
RépondreSupprimerY'a Connan Mockasin aussi (sur TSLAMP je crois) ;)
SupprimerC'est ce qu'il y a de plus enthousiasmant à propos de MGMT, ce mélange entre leur amour de musiques très différentes et parfois assez obscures pour le grand public et leur capacité à prendre de la distance et à s'amuser avec ces influences parfois écrasantes ou sérieuses, en réussissant ainsi à les démocratiser.
Finalement c'est peut être ça la maturité musicale. Pouvoir s'éclater comme des gamins tout en sortant des albums hyper travaillés et recherchés.
RépondreSupprimerAmen, j'aurais dû mettre ça en dernière phrase de la chronique je n'aurais pas dit mieux ! Tu résumes tout en une phrase.
SupprimerÇa fait penser à Picasso qui disait avoir mis toute une vie à à savoir dessiner comme un enfant.
RépondreSupprimerTrès bon album en effet, par contre je suis pas fan de Me and Michael, les coeurs néo-hippies ça me rappelle la version discount d'MGMT (Empire of The Sun) ou l'horripilant Viva La Vida de Coldplay.
RépondreSupprimerOne Thing left to Try m'a pas mal fait penser à John Maus aussi, c'est un album qui mélange assez bien leurs références passées et actuelles, sans perdre la "patte MGMT" (certains accords ou sonorités...).
A voir en live, dans mes souvenirs ils n'ont jamais vraiment brillé de ce côté.
Il y a quelques vidéos live assez géniales sur youtube, je les ai jamais vus en vrai ceci dit.
SupprimerLe p'tit côté "dance" un peu post-italo disco, un peu Pet Shop Boys aussi, fait le lien avec le son "cheap" d'empire of the Sun en effet (même si je trouve ça plutôt réussi ici et que j'aime bien certaines chansons d'Empire ainsi que viva la Vida, restes un peu nostalgiques du collège-lycée sans doute)
Merci pour ce commentaire ! À bientôt