Lomboy - Warped Caress (2018)
L'autrichienne, après nous avoir régalé l'an dernier d'un superbe EP, South Pacific (présent dans mon Top EPs 2017), revient encore plus fort avec celui-ci, sorti chez Cracki Records.
C'est tube après tube sur cet EP. La musique s'approche d'une nu-disco langoureuse, plutôt calme mais très portée sur l'expérimentation et les arrangements, comme la pop post-trip-hop des années 90-2000 (Air, Stereolab...). C'est particulièrement audible sur "Alien Lady", délicate pop song aux arrangements classieux (flûtes, piano, guitare, synthés, basse) arrangés en collage grâce à la magie du sampling et posés sur une boîte à rythme électro/hip-hop so 90's. L'ensemble, déjà bien accrocheur en l'état, passe au statut de petite bombe lorsqu'on y ajoute le chant trafiqué de Tanja Frinta.
Lomboy - Alien Lady (2018)
C'est également un chant modifié (notamment pitché dans les graves) qui met en mouvement la ballade "Worth To You", aux arrangements orchestraux (là aussi parfois perturbés par le sampling), qui sont si délicats qu'ils évoquent la magie des BO de films d'animation japonaise du studio Ghibli. Pour le coup, sur "Love Ain't Got The Groove", ces deux éléments (modification de la voix, sampling haché) sont poussé à leur extrême. Et ça fonctionne pas mal du tout, dans un genre de pop un peu too much à la Grimes, même si le morceau est un peu moins fort. "Director's Paralysis" est un peu plus minimaliste, porté par une basse très funky sur laquelle se posent d'étranges accords, un poil dissonants, de clavier au son tropical. Le morceau est déstabilisant de par ce choix d'accords, mais il est justement intéressant pour cette raison.
Et puis il y a "Loverboy", le single venu en éclaireur de cet EP, sorti dès l'an dernier. Une petite merveille de pop post-trip-hop également, au chant mystérieux comme du Portishead, en plus sexy, et dont le feeling funky est au service d'une écriture intemporelle, qui sonne comme un croisement entre Isaac Hayes et Lee Hazlewood. Tout cela donne un côté hors du temps, classique, et un peu cinématographique, à ce morceau qu'on imaginerait bien dans un Tarantino.
Lomboy - Loverboy (Clip, 2018)
Vous vous en êtes rendu compte, cet EP de pop décadente est groovy, synthétique, sexy, artificiel, intelligent, expérimental, et sophistiqué à la fois. Et vous vous rendrez un grand service en allant vérifier ça par vous même grâce aux liens ci-dessous.
A écouter sur Deezer ou Spotify
Crayon - Post Blue (2018)
Le producteur français Crayon, figure de proue du label Roche Musique, fait dans l'électro-pop chill, minimaliste, un poil groovy. Il fait surtout dans la dentelle, comme nous le prouve cet EP délicat, magnifique de bout en bout.
Des nappes de synthé enrobantes et des percussions discrètes sont le seul habillage des magnifiques choeurs de "Pink", avec une grosse performance vocale de Lossapardo. Qu'on retrouve, tout aussi impérial, sur la ballade rnb sensuelle et un poil nostalgique "After The Tone", superbe morceau également, avec un gros travail de production rappelant le perfectionnisme et le sens du détail de Jamie xx.
Crayon, Lossapardo - After The Tone (Clip, 2018)
Sur le plus hip-hop/rnb "Faith", c'est avec les collaborations de Stanislas Blu et Gracy Hopkins que Crayon tresse un morceau pas très loin du Blonde de Frank Ocean, à base de rythmique réconfortante, de nappes caressantes et de guitares funky, toujours en veillant à ne pas en mettre plus que le strict nécessaire. Plus loin, "Fake" et "Home" (avec Malia Lyn) sont carrément des morceau d'électrofunk languides et sexuels façon Connan Mockasin ou LA Priest. Et "Post Blue" enfonce le clou avec sa basse énorme, avant une reprise façon remix funk-rock aquatique du "Je suis venu te dire que je m'en vais" de Serge Gainsbourg sur "I Came By To Let You Know That I'm Leaving".
Crayon, Stanislas Blue, Gracy Hopkins - Faith (Clip, 2018)
Cet EP est un magnifique exercice de funambulisme, au long duquel Crayon s'amuse à étirer le temps ainsi que la toile fragile de ses chansons minimalistes aux textures volatiles. Le choix, merveilleux, des invités vocaux y est pour beaucoup dans la qualité de cette oeuvre dans lequel chaque son est crucial. Et puis la petite réf à Gainsbourg sur la fin de l'EP ne me laisse pas de marbre. A écouter d'urgence !
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