Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 26 octobre 2018

Sheck Wes - MUDBOY (2018)


  Cet album n'est pas un album de trap comme les autres. Alors que le genre est fortement ancré dans le Sud, ayant maturé à Atlanta, Sheck Wes vient de Harlem, tout comme son producteur et ami Lunchbox, et ils ajoutent un côté cinématographique, sombre, minimaliste et nihiliste, venu des légendes de la côte Est (Mobb Deep, Wu Tang Clan...) à cette musique.

Sheck Wes - Mindfucker (2018)

  Les accords traînants et menaçants de synthé, accompagnés de bruitages de film d'horreur, de choeurs morbides post-Kid Cudi et d'une rythmique très, très sèche, installent cette ambiance dès "Mindfucker", grand morceau sur lequel Sheck Wes pose son flow, entre trap à la Migos, Soundcloud Rap et phases plus classiques. La musique oscille entre un côté implacable, directement issu du travail de groupes bruitistes comme Death Grips et de l'immédiateté punk du rap underground et saturé de Soundcloud, et moments plus ambient et aérés durant lesquels la tension monte, comme si la petite dose d'oxygène accordée à l'auditeur était viciée ("Wanted"). Le sound design est remarquable, et installe une ambiance dystopique, entre BO de films d'épouvante, Blade Runner, rock psychédélique et productions d'El-P ("Chippi Chippi"). 

Sheck Wes - Chippi Chippi (Clip, 2018)

  Les sons originaux, souvent proches des musiques de vieux jeux vidéos à la Pokémon ou Zelda (les géniaux bangers à écouter absolument comme "Live Sheck Wes", "Gmail", "Mo Bamba", "Fuck Everybody"), utilisés dans ces sons post-trap rappellent le travail de Pi'erre Bourne en plus sombre et plus minimaliste. Mais même si niveau efficacité, la dynamique et la complémentarité entre Wes et son producteur sont souvent proche de celle de Playboi Carti et Bourne, Wes est néanmoins un bien meilleur MC, avec davantage de choses à dire, et là où Carti est un instrument comme un autre au service de la vision de Bourne, Wes est davantage dans une collaboration, captant davantage l'attention. Ne le confondez donc pas avec un ad-libber de plus, on a affaire à un vrai MC avec des choses à dire, dans la grande tradition de New York.

Sheck Wes - Mo Bamba (Clip, 2018)

  Mais même lorsque la musique se calme et se rapproche d'une électronique proche de l'ambient, la tension reste, comme sur les très belles "Danimals" "WESPN" et "Never Lost" qui évoque l'exil au Sénégal de Wes. Quelques tracks comme la très cool "Vetement Socks" ou "Jiggy On The Shits" se positionnent pile entre les ambiances plus aérées et les plus oppressantes, formant un bon amalgame du style Sheck Wes, et apportent un côté presque rock de la fin des années 70 - début 80's au projet, dans la lignée de l'influence qu'Eno a pu avoir à l'époque sur Bowie, Robert Fripp ou U2 à la suite de sa période berlinoise. Et un petit côté JPEGMAFIA aussi, ce dernier étant passé maître dans le mélange agression/beauté calme, et possédant également une oreille furieusement affutée pour les sons cools et non orthodoxes. 

  Même les sons moins originaux, comme "Burn Slow" qui mêle cependant chant et rap de façon intéressante, ou "Kyrie", qui évoque surtout Chief Keef et un peu Travis Scott, sont très recommandables, même si moins marquants. C'est que Wes sait gérer et varier ses influences, ainsi le single qui l'a fait décoller, "Mo Bamba", n'est pas plombé mais plutôt embellie par les éléments empruntés à Lil Uzi Vert ou Cudi

Sheck Wes - Live SheckWes Die SheckWes (Clip, 2018)

  C'est donc un disque assez passionnant au succès mérité, qui sait alterner entre nappes ambient inquiétantes et gros bangers saturés, et installe une ambiance cinématographique incroyable, à base de sons 8bits, de beats trap, de bruitages dignes de films d'horreur et d'un sound design presque coldwave, tout en alternant chant et rap avec brio. Une grosse réussite méritée pour un rappeur impliqué à fond dans un projet porté à bout de bras. 

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


mardi 23 octobre 2018

IDLES - Joy As An Act Of Resistance. (2018)


  IDLES est des groupes de rock anglais les plus passionnants, un de ceux qui portent encore haut la torche du punk et arrivent à offrir une musique fidèle au genre mais actualisée et plus que pertinente, voire percutante. C'est sans doute leur plus grande réussite, arriver à estomaquer, à surprendre, à créer l'urgence, l'imprévisibilité dans la forme, pour mieux faire passer un fond radical, moderne et salvateur. 

IDLES - Colossus (Clip, 2018)

  C'est sur un ton menaçant, entre blues théâtral post-Jim Morrison et post-punk hargneux, que démarre l'album avec "Colossus". Les paroles évoquent le  rock gothique grandiose et sombre de Nick Cave ("Forgive Me Father / I Have Sinned") et musicalement on est proche de l'intensité bouillonnante des derniers Iceage et du psychédélisme plombé des meilleurs Black Angels, avant de virer totalemet punk garage sur un final fun comme du Hives. Ce côté rythmé et bagarreur du rock garage fait également les beaux jours de "I'm Scum", qui possède quelques belles parties de guitares aussi bonnes que du Shopping et un texte génial dont voici un petit extrait bien représentatif : "I Don't Care About The Next James Bond / He Kills For Country, Queen And God". Il y a parfois dans cette approche musicale un côté rock des années 2000, comme sur "Danny Nedelko", pas si loin d'Interpol ou des Strokes à leur plus énervé, ou de la folie post-Talking Heads de Ought. On remonte un peu plus sur l'épique "June" qui fait dans la ballade rock déglinguée post-Pixies, avec un côté épique venu tout droit de Springsteen en passant par chez les Arcade Fire dark du deuxième album. On entend encore ces derniers, ainsi qu'un peu de Dead Kennedys, sur une rythmique sautillante à la Buzzcocks, accompagnée d'une basse énorme comme chez Joy Division, sur la très bonne "Television", qui prend le parti d'utiliser le pronom "she" pour parler de Dieu.

IDLES - Danny Nedelko (Clip, 2018)

  On pense au punk post-hardcore, pas si éloigné d'un certain esprit metal (ou au moins hard, comme sur "Gram Rock"), des premiers Iceage sur "Love Song" ou "Never Fight A Man With A Perm", qui se permet de détourner Nancy Sinatra avec une malice punk qui rappelle le Johnny Rotten des Sex Pistols, tandis que c'est son autre groupe culte, Public Image Limited, dont l'ombre se fait parfois sentir dans la noirceur de la musique des IDLES. 

IDLES - Samaritans (Clip, 2018)

  Une autre citation génialement détournée est celle du "I Kissed A Girl" de Katy Perry dans "Samaritans". La chanson traite de la masculinité toxique, et entre un "The Mask Of Masculinity / Is A Mask / A Mask That's Wearing Me" et un "This Is Why / You Never See Your Father Cry", le choc d'entendre un gros "I Kissed A Boy And I Liiiiked It" chanté avec cet accent anglais si lié au punk, sur une grosse guitare, est à la fois jouissif et génial pour servir le propos, et illustre à quel point les IDLES font bien du punk en 2018.  

IDLES - Great (Clip, 2018)

  Le chant est un gros point fort du disque. Par exemple, sur "Great", la voix peut passer d'une rage punk à une vibe plus nostalgique, qui fait penser de façon troublante au chant de James Murphy de LCD Soundsystem. Sur "Cry To Me", elle séduit même par un côté presque sexy, dans la lignée lointaine d'Elvis, passé entre temps à la moulinette de chanteurs comme Iggy Pop ou Josh Homme. La musique, sorte de rockabilly de l'apocalypse, passé au travers d'un filtre nihiliste de psychédélisme lourd, aide cependant beaucoup à établir cette ambiance.

  Si l'immédiateté et la concision sont deux points forts du disque, le groupe sait aussi avoir des ambitions et les faire entrer dans sa volonté d'efficacité, ainsi plusieurs morceaux passent la barre des 5 minutes et possèdent des constructions en plusieurs partie. Le meilleur exemple étant "Rottweiler", dans lequel le groupe étend le morceau sans sacrifier à l'urgence et à la dangerosité qui font tout l'intérêt du morceau et qu'on sent proche de celle d'un concert, ce qui augure de très gros live pour ceux qui auront la chance de les voir jouer.

  En bref, c'est pour moi un disque de punk essentiel, une belle façon de renouveler, dynamiter et réveiller le genre tant musicalement que dans les thèmes abordés et la façon de les aborder, qui prend des leçons venues de nombreux autres horizons musicaux pour les appliquer au sien avec brio. Un grand disque, très réfléchi mais empli d'une fureur jouissive et salvatrice, que je vous recommande absolument.


Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Bandcamp

Alex


samedi 20 octobre 2018

Jai Piccone - Mover EP (2018)

Aujourd'hui on parle house avec l'australien Jai Piccone, originaire de la Gold Coast de l'est australien, producteur, dj, musicien, mais aussi mannequin habitué des grands défilés. On avait déjà pu l'entendre à l'oeuvre en tant que guitariste et chanteur du groupe de chillwave TORA, actif de 2013 à 2015. Puis plus récemment sur son projet Inagwa avec Tobia Tunis, clavier et chanteur de TORA. Ils avaient notamment remixé le sympathique Myenemy de leurs compatriotes de Paracel, dans un downtempo chill et planant, pour un style déjà plus electronica. 


     Pour cette rentrée 2018, il est revenu avec un projet solo. Sur le pétillant Mover EP, fini les playlists de chillwave et place à une house anglaise racée 90's, taillée dancefloor. Avec un rythme de croisière à 121 bpm, le tempo est engagé et les 3 titres s'enchaînent avec insistance. Même si l'ambiance frôle souvent avec l'onirisme, ce n'est que pour mieux nous ramener à la brutalité des kicks qui martèlent 30 ans de house anglaise depuis le summerlove de 1988. On y entend la house anglaise revisitée de Disclosure, les synthés funky/nu-disco deDemuja et cette association onirique et brutale que Paradis maîtrise à la perfection.





On vous laisse écouter tout ça, en vous souhaitant un bon week-end... house !


Etienne

samedi 13 octobre 2018

Rosalía - Malamente & Pienso En Tu Mirá (chanson, 2018)


Je vous parlais récemment du flamenco revisité et épuré de Rosalía Vila Tobella, avec son premier album Los Ángeles, dont vous pouvez retrouver la chronique ici même. Cette année la jeune chanteuse catalane est entrain de tuer le game en s'associant avec le producteur El Guincho pour un album sortant prochainement et dont 2 morceaux suffisent déjà à prédir un incontournable de 2018.


Sur ces 2 singles, exit le minimalisme chant/guitare, place à une production très actuelle, aux influences hip-hop et trap dans un style beaucoup plus urbain et volontairement pop. Le cocktail est une petite bombe, qui exploite pleinement l'esprit flamenco et le vitamine avec une production beaucoup plus accrocheuse et assurément moins austère. La personnalité de la chanteuse catalane n'en est en rien altérée par cette cure de juvence. Au contraire, elle garde cette force et cette prestence quasi hypnotique, bien mis en valeur par l'illustration accompagnant Malamente.



Le premier single Malamente, sorti fin mai, est un petit chef d'oeuvre qui allie avec dextérité une production trap obscure avec des rythmes et mélodies lumineusement flamenco. Le résultat en est obsédant. Cette association hip-hop/mélodies hispanique rappelle le travail de la rapeuse Mala Rodríguez. On pense aussi à M.I.A, qui elle aussi boost avec génie ses influences indo-srilankaise, avec de la trap.



Pienso En Tu Mirá est lui sorti en juillet dernier et reprend les mêmes codes, dans un style plus pop et brillant toujours de sa trap bien sentie signée El Guincho. Il vous sera difficile d'aligner des pas de flamenco, mais le titre n'en donne pas moins furieusement envie de déhancher. On soulignera le travail impécable du célèbrissime collectif  barcelonais CANADA que vous avez déjà vu à l'oeuvre sur les meilleur de Tame Impala, Metronomy, Battles, M.I.A, Jackson and His Computer Band, Drake, Pharrell Williams et bien d'autres.

L'album est prévu pour le 2 novembre et vous risquez d'en entendre parler !

Bonne écoute,


Etienne




mercredi 10 octobre 2018

Blood Orange - Negro Swan (2018)


  Après avoir livré mon album préféré de l'année en 2016, Devonté Hynes revient sous l'alias de Blood Orange en livrer la suite, Negro Swan. Si le précédent, Freetown Sounds, rendait un hommage à sa ville d'adoption, New York, et aux origines de ses parents (originaires du Liberia dont la capitale est Freetown), celui-ci parle plutôt de la jeunesse de Hynes au Royaume-Uni. Qui ne fut pas si simple (le racisme évoqué par le thème du "black swan"). On peut d'ailleurs le comprendre dès l'introduction, "Orlando", dans laquelle il chante "First kiss was the floor" sur une soul funky, introspective et psychédélique sous forte influence (revendiquée) de Marvin Gaye. La musique magnifie le texte à merveille, offre un écrin parfait au chant délicat et émouvant de Devonté, et est presque douloureuse à écouter tant elle est belle.

Blood Orange - Saint (Clip, 2018)

  Ce disque va plus loin dans le chemin tracé par Freetown Sounds, incorporant davantage de field recording et de spoken word, il est même par moments narré de façon poignante par l'activiste Janet Mock. Il a un côté introspectif très marquant, et fonctionne quasiment comme un journal intime, raconté et traversé par ces petits fragments de vie captés -on l'imagine- par le téléphone/dictaphone de Hynes, et finalisé dans la solitude d'un home studio. Impression accentuée par les visuels léchés de la pochette et des clips attestant du perfectionnisme d'un artiste total.

  Le rnb assez pop mais mélancolique de "Saint" et celui plus contemplatif et expérimental de "Take Your Time", lorgnant sur la soul psychédélique des Temptations et le jazz, en sont de parfaits exemples de cette introspection poussée à l'extrême. Le chant dépouillé de Hynes sur cette dernière, associée à une guitare minimaliste et des claviers aériens, fait également penser à Frank Ocean, dont l'oeuvre a évolué en parallèle dans une direction étonnante mais assez proche de celle de Blood Orange. On a vraiment l'impression d'être dans la tête de Hynes, mais pour autant on ne suffoque pas à l'écoute de ces chansons très ouvertes, les bruits de la ville, les influences musicales multiples et les interventions d'autres musiciens illustrant un esprit certes introverti par moments, mais ouvert vers le monde et vers l'autre, ces deux aspects formant une belle complémentarité. 

Blood Orange - Jewelry (Clip, 2018)

   L'apogée de cete démarche, et du disque, est le triptyque "Jewelry" (très Ocean également) / l'interlude "Family" / "Charcoal Baby". Hynes envoie là un enchaînement immaculé de moments de grâce entre alt-rnb, pop, jazz, rock indé, électro-funk et tout ce que vous pouvez imaginer de plus beau dans la musique populaire des 60 et quelques dernières années, tout en évoquant des sujets lourds (racisme, sexualité...). Une perfection musicale assez indescriptible, que je vous laisse découvrir par vous mêmes.

Blood Orange - Charcoal Baby (Clip, 2018)

  Un des talents de Hynes, c'est également de faire briller ses invités sur disque, et notamment les femmes, comme sur le rnb de "Runnin'" avec Georgia Anne Muldrow, ou la belle ballade nu-soul aux accents classiques "Hope", où la chanteuse Tei Shi prend incontestablement la lumière, appuyée par quelques vers du vétéran Diddy. Il laisse également beaucoup de place au falsetto mi-Prince, mi-rnb de Ian Isiah sur "Holy Will", entouré de choeurs baroques et d'un instrumental pur et minimaliste. L'approche nu-soul arrive à son apogée sur "Nappy Wonder", incorporant des élements jazzy et un solo de guitare princier pour aboutir à un des meilleurs moments du disque. Sur "Out Of Your League", c'est un autre contemporain qui pousse la musique populaire dans la même direction et avec la même excellence que Hynes qui est invité : Steve Lacy.

  Il sait également rendre de beaux hommages, comme sur "Chewing Gum" où son rnb en apesanteur rencontre le rap sudiste façon chopped and screwed (quelques mots du vétéran du genre Project Pat y sont présents, ainsi qu'un court couplet en guise de coda). Rap texan dont l'influence est marquante après les carrières d'Asap Rocky (présent ici aussi) et Astroworld (2018) de Travis Scott, qui n'est rien d'autre qu'un immense (et bel) hommage à cette musique (cf "RIP Screw").

Blood Orange - Chewing Gum (Clip, 2018)

  Autre morceau marquant, "Dagenham Dream" est hanté par le spectre de sirènes de polices et mêle pop-rock indé à une électronique néo-80's presque vaporwave mettant bien en valeur une mélodie imparable. La simplicité de "Minetta Creek", entre néo-psychédélisme (on pense à MGMT période Congratulations) et mélodie imparable jouée sur des synthés faisant penser à la BO d'un vieux Zelda, me fait également complètement fondre. Et fait magnifiquement la jonction avec la conclusion folk de l'album, la bonne "Smoke", quelque part entre Prince et Mac DeMarco.

  Avec moins de tubes, mais davantage de moments d'apesanteur pop, ce Negro Swan n'a rien à envier aux chef-d'oeuvres Cupid Deluxe (2013) et Freetown Sounds (2016), poursuivant une des oeuvres les plus passionnantes de la décennie, et montrant sous son plus beau jour le génie unique, sensible, passionné et érudit de Devonté Hynes, tel un Brian Wilson des années 2010. 

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alexandre


samedi 6 octobre 2018

Rosalía - Los Ángeles (2017)

Avant toute chose, je voudrais partager mon immense plaisir de revenir écrire sur ce blog après plus d'un an d'absence. Je voudrais aussi remercier Alexandre qui fait vivre avec passion, travail et talent ce blog, mais par dessous tout pour son amitié inestimable. Pour ce qui est de mon retour, je voulais vous partager et ce depuis longtemps, le talent d'une jeune artiste espagnole, qui cartonne dans le monde latin depuis ce premier album, multi-récompensé sorti, en 2017. Je vous propose donc une plongée introspective, épurée et quasi spatiale dans l'univers virtuose du flamenco. 




   A l'origine du flamenco, il est une guitare et une voix. C'est cette union intimiste et anfractueux de deux sensibilités que Los Ángeles cristallise et magnifie. Usant d'une approche absolue de la musique flamenoc, Rosalía va ici à l'essentiel. Là où le genre peu paraître désuet par ses fioritures, l'album s'attache à l'essence intemporel de cette musique. S'épurant du piano, des clappements de main et des chants polyphoniques ou encore des chordes, toute l'attention se focalise ici sur ce duo à la fois indomptable, farouche, brut, mais aussi désarmant, attendrissant et poignant. Rosalía peut ici y déployer toute l'étendue de sa personnalité artistique. Bien plus qu'un long monologue elle y use de toutes les variations vocales possibles, dans un éternel dialogue, une étreinte enflammée avec la guitare, où la féminité s'affirme comme brute, violente, vibrante tout autant que douceur et beauté. Pour la première facette on pense notamment à au déroutant De Plata, qui illumine tout l'ouverture de cet l'album, au saisissant Catalina, ou bien à Por Mi Puerta No Lo Pasen. Tandis que la douceur est portée par des titres comme Nos Quedamos SolitosLa Hija De Juan Simón ou Te Venero où le folklorique se fait folk, nous faisant évoquer la douceurs des Fleet Foxes et les ballades vocales de Joan Baez



   L'approche de Rosalía est donc ici tout sauf classiciste. Je ne m'aventurerais d'ailleurs pas à user de références flamenco que je n'ai pas. L'intérêt de cet album est en effet tout autre, il a ce dont de casser les genres et les préjuger, d'ouvrir nos horizons musicaux et de faire battre notre coeur au rythme de nouvelles saveurs.



Pour les liens ça se passe sur Deezer ou Spotify.

Bonne écoute à tous ! 

Etienne



mercredi 3 octobre 2018

Unknown Mortal Orchestra - Hunnybee (2018, Clip & Chanson)

Unknown Mortal Orchestra - Hunnybee (Clip, 2018)

  Unknown Mortal Orchestra est un des groupes les plus passionnants de ces dernières années. Et même lorsque les néo-zélandais sortent un album un peu en dessous, comme le dernier en date Sex & Food (2018), sur lequel je n'ai pas encore d'avis définitif, ils sont tout de même capables d'y incruster quelques pépites intemporelles, comme ce "Hunnybee" charmant et contagieux, déjà promu au rang de classique personnel. Le clip, magnifiquement animé, est également génial. Je profite de ce court article pour vous encourager à écouter le plus récent single du groupe, le mystérieux, jazzy et psychédélique "Hanoi 6", issu d'un intriguant album instrumental qui s'annonce très intéressant si l'on se fie à la qualité de ce premier extrait.

Unknown Mortal Orchestra - Hanoi 6 (2018)

Alex