Quelque part entre le groupe qui l'a fait connaître, la post-vaporwave à la Electronic Gems, et la French Touch raffinée néo-rétro option Air ou Sexuality de Sébastien Tellier, qui connaît ses classiques (house, BO de films, François de Roubaix...), le responsable des douces mélodies et des rythmes obsédants du duo français Paradis, Pierre Rousseau, livre avec Musique Sans Paroles une oeuvre élégante, mélodique et touchante.
Pierre Rousseau - Musique Sans Paroles (2020)
Qu'ils soient plus mélancoliques ("The Way You Made Me Feel", "Souvenir", "Pastorale"), rythmés ou les deux ("Ivresse", "Paris"), ces morceaux tapent dans le mille, surtout "Musique Sans Paroles", classique instantané. Ces instrumentaux prennent le temps de se développer lentement et distillent une émotion pudique mais sincère, et dévoilent leur charme musical sophistiqué au gré des réécoutes. Ces quelques titres sont d'ailleurs aussi bons à l'écoute active et concentrée, au casque, que dans un but plus fonctionnel pour bosser par exemple, et arrivent à captiver du début à la fin, voire à faire voyager l'auditeur qui s'y plonge vraiment.
Pierre Rousseau - Ivresse (2020)
Un très bel album, concis (une trentaine de minutes, 6 titres, à cheval entre l'EP et le LP donc), c'est une réussite qui mérite d'être écoutée et partagée.
Mes morceaux préférés :Musique sans paroles, Ivresse
Rencontre improbable entre John Tejada, DJ autrichien, et Reggie Watts, musicien et comédien, Wajatta est un duo assez unique. Leur house fait des détours vers l'Afrique ("Renegades"), la techno -mais avec une voix entre Vincent Price et Leonard Cohen- ("Little Man"), ou les clubs anglais ("Marmite"), et c'est toujours un bonheur. D'autant plus que le groupe ne se prend pas au sérieux et distribue une bonne dose humour tout au long du LP. Qu'elle se sifflote rêveusement ("Don't Let Get You Down"), hypnotise ("Another Sun", "Depth Has A Focus") ou se danse ("Tonight", "138", "All I Need Is You"), leur musique laisse en tous cas une place de choix au chant, ce qui est assez original ("Realize") et rappelle le Steve Spacek de cette année, dont on a parlé récemment. Don't Let Get You Down est une bouffée d'air frais, une petite pépite house rafraîchissante et mine de rien assez libre et expérimentale dans les formes qu'elle prend, notamment en traitant la voix comme en pop ou en soul, pour un résultat presque électrofunk sensuel ("January", avec des inflexions Marvin Gaye). Une magnifique surprise.
Mes morceaux préférés : Renegades, Little Man, 138, Tonight, Realize, January
Le producteur australien Steve Spacek s'est lancé un genre de défi artistique sur cet album : composer sa soul cosmique avec des applis pour tablettes et smartphone. Ça a l'air con dit comme ça, mais parfois une limitation technique pousse un artiste à se dépasser pour faire du nouveau, du frais, du bon, dans un cadre inhabituel, et c'est clairement le cas ici.
Steve Spacek - Rawl Aredo (2020)
Entre nu-soul chaude, jazz malicieux, P-Funk psychédélique, rnb, musique de jeux vidéos, house, techno... les influences se mêlent, dans un jeu avec les sonorités qui font cohabiter la froideur de l'électronique et l'âme de ces musiques, mettant à profit la rythmique mécanique de la machine pour mieux mettre en valeur le groove naturel de l'humain ("Rawl Aredo"). La voix apporte pas mal à l'ensemble, contribuant à la forte personnalité du disque, et le rapprochant de créatifs à cheval entre pop, soul/funk et hip-hop comme Steve Lacy, Matt Martians ou Thundercat ("Waiting 4 You").
Steve Spacek - Waiting 4 You (2020)
Les détours psychédéliques, aussi fun que du George Clinton et explorateurs comme chez Flying Lotus ou le regretté Ras G (la bouillonnante "Where We Go", la déconstruite "Higher Place"), inscrivent le disque dans une certaine filiation, et les influences house et techno 80's raccrochent les wagons avec les précurseurs de Chicago et Detroit ("Tell Me"), voire même avec les expérimentations groovy de l'électrofunk post-disco ("Songlife"), tandis que "African Dream" va chercher dans les avant-gardes actuelles de l'électronique des Caraïbes, d'Afrique et d'Amérique du Nord (il y a un peu de footwork là dedans). On a même droit à un petit détour entre post-dubstep et futurefunk/nu-disco sur "Love 4 Nano". C'est souvent tellement riche de sons, d'influences et de rythme qu'on a bien de la peine à décrire le morceau, comme "Single Stream" entre calypso, Marvin Gaye, Timmy Thomas, Gonjasufi et dub.
Steve Spacek - African Dream (2020)
L'album est très concis (9 titres, même si certains passent les 7 minutes) et il est agrémenté de 4 morceaux bonus également très bons, ("Bright Eyes Rev", "Child Insperation", "Who Cares", "Yu Used to Love Me"). C'est pour ma part une découverte totale et une sacrée claque. Au-delà de la performance technique, c'est un inspirant exemple de créativité et de maîtrise de ses influences musicales tout en exprimant une personnalité forte. Ce disque, qui ne ressemble à aucun autre, dégage une aura unique, et réinvente à son échelle l'électronique à sa sauce, et c'est un sacré exploit.
Mes morceaux préférés :Waiting 4 You, Rawl Aredo, Tell Me, Single Stream, African Dream
Toujours se méfier des avis un peu hâtifs en pop. J'ai failli ranger un peu vite ce Pet Shop Boys avec leurs sorties précédentes, c'est à dire une série d'albums éminemment sympathiques mais assez inhomogènes, avec quelques tubes géniaux et un peu de remplissage, moins accrocheur ou plus daté niveau son. Mais celui-ci, même s'il n'est pas parfait, me semble plus complet, concis et réussi de bout en bout.
Pet Shop Boys - Happy People (2020)
L'intro n'a pas aidé, "Will-o-the-wisp" est en effet un gros banger EDM, pas très subtil, mais finalement à la réécoute ce gros son passe très bien et pose les bases emphatiques, bigger-than-life, d'un album qui réussit par instants à capturer à nouveau le panache maximaliste des grands titres des PSB. Qui fonctionne par exemple davantage que "Dreamland", titre plutôt mineur en collaboration avec le groupe électro-pop Years & Years, que je trouve assez surcotés et inintéressants.
Dans le genre gros singles, "Happy People" est réussi, et j'ai tout de suite accroché à son ambiance hédoniste, sorte de mixe entre house à piano et vieille eurodance avec couplets parlés/rappés comme aux débuts du duo. La synthpop d'"I Don't Wanna" est également assez intemporelle, c'est un bon petit bonbon pop un peu dark sur les bords, à l'esthétique étrangement proche des regrettés Où Est Le Swimming Pool(c'est assez bluffant, mais ces derniers ont dû écouter pas mal de PSB à l'époque). Le disco revisité de "Monkey Business" est un autre grand moment de débauche, tandis que "Wedding In Berlin" pousse le pompier à des sommets dépassant de très loin les excès de "Go West", et son mauvais goût très anglais amuse beaucoup à défaut de convaincre musicalement.
Pet Shop Boys - Only The Dark (2020)
Il y a également quelques ballades romantiques, comme l'autotune/piano à la prod clinique mais tendre de "You Are The One", très réussie dans son genre, et de la plus mièvre mais mignonne "Hoping For A Miracle". Ultra kitsch, "Only The Dark" pourrait faire fondre le coeur le plus endurci. Le mien coule en tous cas. "Burning the heather" surprend par son orientation pop-rock (beaucoup de guitares) et charme par ses petits détails (les cuivres gavés de reverb, le xylo...) et sa mélodie vocale angélique.
Pet Shop Boys - Burning The Heather (2020)
C'est donc finalement un bon petit album du duo. Pas son meilleur, pas un indispensable, mais un petit exploit quand même après autant d'années et de morceaux ensemble, surtout dans un champ d'expression aussi compétitif et en évolution que la pop électronique. Globalement réussi, malgré quelques morceaux en dessous, le disque, concis, a quand même un sacré bon ratio et une belle poignée de pop songs irrésistibles. Une belle surprise.
Mes morceaux préférés :Happy People, You Are The One, Only The Dark, Burning the heather, Monkey Business
La chanteuse et musicienne moscovite Kedr Livanskiy avait envie de nouveaux horizons musicaux. Après un très bon Ariadna (2017) entre pop new age planante, krautrock ambient et new wave gothique, elle a trouvé une nouvelle direction après avoir fait ses preuves en tant que DJ, et s'est penchée sur un versant house des débuts, plus énergique mais pas que (guetto, breakbeat, UK garage, dub...). A quatre mains avec le producteur Zhenya, ils ont composé ce Your Need aux sonorités plus dance. Et c'est une réussite.
L'album commence fort avec "Your Need", grand morceau d'électronique rythmée et planante, sonnant un peu comme un remix de house froide aux accents dub d'un morceau de Grimes, doté d'un gimmick de synthé obsédant. "Sky Kisses" possède le charme espiègle de l'électro des nineties et la douceur réconfortante de la deep house (retrouvée sur "Your Need (Deep Mix)"), tandis que "Why Love", un poil plus dark et gothique, ensorcelle dans une ambiance plus proche de l'album précédent.
Kedr Livanskiy - Your Need (2019)
L'énergie de l'électronique old school est particulièrement bien rendue dans sa version ici modernisée ("Bounce 2"), et le mélange des genres entre chant éthéré en russe, claviers à la Kraftwerk et house 80's arrive à créer quelque chose de nouveau et unique sur "Kiska". Ces hommages à une époque où les barrières entre house, techno, électrofunk... étaient plus que floues viennent d'un respect et d'un amour profond pour la musique des pionniers de l'électronique, et ça s'entend car ils sonnent juste ("City Track").
Quelques sorties de route diversifient le paysage sonore du disque, comme le dub digital de "Logovoy (November Dub)", la jungle mâtinée de dub de "Ivan Kupala (New Day)" ou l'électropop mélodique de "LED".
C'est une réussite totale, Kedr Livanskiy a réussi à créer un album passionnant et prenant en se basant sur son amour des productions électro old school, en y piochant ce qui l'a fait vibrer et en y ajoutant sa touche personnelle, et c'est très beau.
Mes morceaux préférés : Your Need, Sky Kisses, Kiska, Ivan Kupala (New Day)
Les Chemical Brothers ont une petite place à part dans mon coeur, m'ayant aidé à faire le lien entre le rock d'où je viens musicalement et les musiques électroniques, et ayant accouché de quelques-uns des disques les plus fun et réussis à la frontière entre ces deux genres. J'avais cependant lâché un peu leur discographie après l'excellent Push The Button, et raccroché avec le bon mais inégal Born In The Echoes, dans lequel j'avais tendance à piocher des morceaux plutôt qu'écouter le LP en entier. Tout ça pour vous dire qu'à l'inverse, ce No Geography est d'une vitalité et d'une homogénéité de qualité qui n'a rien à envier à leurs meilleures sorties, ce qui est une très, très belle surprise.
Déjà, l'album commence par un des morceaux les plus incroyables et ambitieux de leur discographie, "Eve Of Destruction", sorte de panorama des genres maîtrisés et détournés par le duo depuis leurs débuts, un DJ Set mené de main de maître à lui tout seul. Indescriptible, la track se poursuit avec fluidité avec "Bango", house discoïde parcourue de saillies industrielles bien senties, qui elle aussi se fond via un passage psyché aérien dans l'énorme morceau-titre. Ce "No Geography" qui n'a pas peur d'être un gros banger, construit autour de grosses basses entre post-punk et EDM, avec un beat et des claviers entre new wave et électro 2000's. Dans le genre gros tube avec voix pop et accents 80's, "The Universe Sent Me" désarçonne, entre digressions presque psyché et électro vraiment pas loin du club, mais tire justement sa force de cette contradiction.
The Chemical Brothers - Got To Keep On (Clip, 2019)
Tout aussi implacable, "Got To Keep On" mêle soul-funk et house presque deep dans les sonorités mais plus discoïde et pop dans la rythmique. Et c'est également un tube en puissance, qui fait presque mal tellement il est bon. Et mon dieu, la façon dont cet album est séquencé est divine, on est au niveau du Alive 2007 des Daft Punk niveau qualité des enchaînements (on pense d'ailleurs particulièrement à un live électro sur la très pyrotechnique "Free Yourself", et l'acide "MAH"). On entend d'ailleurs toute la maturité artistique du duo dans cette construction savante, fortifiée par des morceaux plus contemplatifs ("Gravity Drops", très beau au passage) là où d'autres seraient allés dans la surenchère. D'autres OVNI apportent une diversité rythmique et sonore bienvenue au disque, comme l'étrange "We've Got To Try", entre acid house bien, bien vénère et soul-pop du début des 70's, et l'inclassable final "Catch Me I'm Falling".
Même si la première moitié de l'album m'enthousiasme carrément plus que la seconde, force est de constater que dans l'ensemble, il se tient plus que bien, et c'est presque un miracle d'arriver à un tel niveau d'urgence et de qualité pour un duo vétéran des musiques électroniques comme les Chemical Brothers.
Alors foncez m'écouter ce disques, et dites m'en des nouvelles.
Mes morceaux préférés :Eve Of Destruction, Bango, No Geography, Got To Keep On, Gravity Drops
Je suis fasciné par ce disque. Uniquement instrumental, il délivre une musique au carrefour entre électronique et pop. Pop car cette musique est rythmée voire sautillante, mélodique, fun et qu'elle sait jouer avec les sons pour accrocher l'auditeur. Espen T Hangard est un producteur norvégien basé à Oslo, et ce disque, sorti chez Entartete Musik, est la suite directe de Primaer, sorti l'an dernier, et issu de sessions remontant de 2009 à 2012, et mixées et passées au mastering en 2018. La genèse de ce disque remonte donc à presque 10 ans, et c'est peut-être en partie cela qui le rend si intemporel.
Espen T Hangard - Syretyveri (2019)
Entre post-punk minimaliste, IDM joueuse comme un Aphex Twin particulièrement farceur, acid house et électro-pop sautillante (on pense aux Metronomy des débuts), "Combi. Rock" ouvre le disque de façon parfaite. L'explosive "Syretyveri" prolonge et accentue le plaisir, entre breakbeats, acid déglinguée comme du Mr Oizo et nappes de synthé entre Kraftwerk, Afrika Bambaata et un délicieux synthé trompette (j'ai une confession à faire : j'aime les synthés qui font pouet pouet). Egalement située entre acid, house planante et aspirations électro-pop, "Trampoline" est un petit bonbon.
Pour le coup, "Fire Truck Acid", "Atlas Reconfiguration" et "Ego Zenith" sont plus faciles à classer du côté IDM, elles auraient pu sortir chez Warp il y a 20 ans, ce qui ne leur enlève rien. Sur ce morceau, on se rend compte à quel point ces programmations et ces synthés sont expressifs et ont une vie qui leur est propre, est c'est encore plus vrai pour "Position Clock" : essayez de vous éloigner de vos enceintes et de loin vous jurerez entendre un chant. Dans le genre, la très belle et planante "Mirages" a une beauté délicate proche du krautrock dans son versant le plus électronique et contemplatif.
Espen T Hangard - Mirages (Clip, 2019)
Nous avons donc eu une chance inespérée qu'Espen T Hangard se décide à exhumer ces vieilles sessions pour en faire un disque, et je suis bien content d'être tombé dessus au hasard de Bandcamp, parce qu'un disque d'électronique aussi réussi de bout en bout et avec autant de personnalité, c'est toujours un petit trésor.
Mes morceaux préférés :Combi. Rock, Syretyveri, Position Clock, Mirages
L'EP du producteur russe Buttechno (ce nom...) commence sur un chemin un peu étonnant, entre électronique métallique à l'ancienne, proche des sons les plus tranchant de Kraftwerk, art d'introduire de l'aléatoire dans une musique mécanique comme chez Warp et house presque désuète ("Dubber Funk"). Ce dernier sentiment va d'ailleurs s'accentuer sur "Dub Hole Funkin", qui est à la limite du ringard avec sa vieille house binaire accompagnée de samples funk lounge façon Etienne de Crécy période Super Discount. Mais derrière le côté vieillot sans doute ironique, le morceau passe plutôt bien.
Buttechno - Orient Acd (2019)
C'est en revanche sur les deux derniers titres que l'EP prend son envol, en piochant cette fois-ci ses idées dans l'acid house, avec l'excellentissime "Orient Acd", bon comme du Mr Oizo avec un son bien sale comme un vieux synthé modulaire. D'ailleurs, le morceau rappelle par son côté implacable, minimaliste mais aussi paradoxalement assez accrocheur la férocité pop de la French Touch des débuts, inspirée par l'acid justement (Homework, "Flat Beat"...). Ce morceau est suivi par un autre monument de techno déviante et acide, "Rz Bass", funky et rêche à la fois.
Buttechno - Rz Bass (2019)
Avec 2 morceaux excellents et un très bon sur 4, le ratio de cet EP qui porte bien son nom s'avère excellent, et c'est donc une sortie que je recommande fortement aux amateurs d'électronique qui traînent sur ce blog !
Luke Jenner, génie derrière The Rapture, a pris un long break (magnifiquement bien documenté dans cette interview chez Noisey, que je vous recommande), et revient avec un projet solo plus électronique, sous le nom Meditation Tunnel. Et si sa musique est toujours tourmentée et mélancolique (cf le morceau-titre "Glittering Jewel", constamment sur le fil), la rage y est davantage contenue, en sourdine, et on entend un début d'apaisement chez cet écorché vif ("Fire Fly", groovy et plus calme, presque méditatif).
Meditation Tunnel - Glittering Jewel (2018)
Un remix très correct de cette dernière et un "Silent Son" plus musclé terminent ce bel EP qui promet de jolies choses pour la suite.
L'allemande Kim Petras n'est pas une pop star comme les autres. La qualité de sa musique et l'intensité de son interprétation ont déjà accouché de plusieurs tubes certes très sucrés mais des kilomètres au dessus de la concurrence mainstream ("Hillside Boys", "I Don't Want It At All", "Heart To Break") à rapprocher du meilleur de la synthpop bubblegum des 80's, du rnb coquin et sale des années 2000, et du crossover de tout ça avec la culture indé du millième degré (Charli XCX avec qui elle a déjà collaboré, et qu'on verrait bien en feat sur "Turn Off The Light", mais aussi PC Music, Sophie...).
Kim Petras - Close You Eyes (2018)
Elle se permet ici de sortir un EP d'Halloween très, très influencé par la French Touch des années 2000-2010, avec beaucoup de passages instrumentaux, preuve de son audace s'il en fallait encore une. Une intro cinématographique très cool ("omen") vient faire de ce disque un plus digne successeur à l'ambiance horror pop de Thriller que n'importe quel clip de Gaga en costume. Et pour le côté French Touch, jugez plutôt : "Close Your Eyes", ce tube, sonne comme les morceaux de The Weeknd produit par Daft Punk, "TRANSylvania" est un putain de banger qui claque fort comme un vieux Justice ou SebastiAn, avec arpèges rétro-futuristes, basse énorme et solo de "guitare" synthétique. Le même genre de grosses basses drive "Tell Me It's A Nightmare", comme si Britney avait choisi de sortir un album chez Ed Banger en 2009.
Kim Petras - TRANSylvania (2018)
Et sur la technoïde et rèche (et génialissime) "i don't wanna die..." c'est carrément à Gesaffelstein qu'on pense, tellement ça claque fort. Dans le même genre, la techno industrielle et métallique de "In The Next Life / Boo! Bitch !" est un petit délice.
C'était culotté de sortir un EP concept revisitant les films d'horreurs avec une ambiance musicale qui a déjà pris un peu de bouteille, mais c'est tellement bien foutu que ça fonctionne à merveille et que ça confirme tout le bien que je pense de Kim Petras.
Kim Petras - i don't wanna die... (2018)
Mes morceaux préférés :Close Your Eyes, TRANSylvania, i don't wanne die...
Projet Marina a tout pour plaire. D'abord ils sont Nantais, et c'est cool parce que finalement je ne connais pas tant que ça de groupes nantais qui me passionnent, et que j'aurais peut-être l'occasion de les voir en live. Mais surtout parce qu'ils ont tout pour eux : une musique puissante et radicale, dans un genre post punk / indus / gothique froid et menaçant, mais avec un côté vicieusement accrocheur dans les mélodies, les rythmiques et les sons, comme les meilleurs Suicide, Cure, Nine Inch Nails, Depeche Mode, et bénéficient d'une production relativement clean moins facile à gérer dans le genre qu'un brouillard lo-fi, mais qui est totalement à leur avantage ici.
Projet Marina - Rage (2018)
Le premier morceau, "Rage", est mon préféré du projet : beat implacable passant par milles variations, tension qui monte sans se résoudre, prod lancinante et hypnotisante, texte intense et ambigu délivré avec une rage qu'on sent poindre derrière une diction contrôlée, aussi sexuel qu'inquiétant, délivré par un , aussi mal, et une conclusion virtuose. Un peu comme si Paradis s'était mis à faire de l'indus après un bad trip, mais en mieux. L'alliance de chanté-parlé en français et de rock n'a rien à envier à des chouchous de la critique comme les Limiñanas, Etienne Daho, Bertrand Belin ou La Femme, et arrive tellement bien à égaler (au moins) leur niveau qu'on a l'impression d'entendre un album financé par une grosse maison de disque plutôt qu'une sortie indé (c'est dit ici dans un sens positif).
Malgré ce coup d'éclat inaugural, le disque est loin d'être l'oeuvre d'une seule chanson. "Nu Disco" à elle seule ferait d'ailleurs mentir cette phrase, tant elle arrive dans un genre plus synthpop à atteindre à nouveau des sommets Pop sans la moindre concession (on est plus proche des hymnes déviants de Grauzone, Odonis Odonis en plus récent ou des débuts de New Order que d'une new wave tubesque). Et là encore, la construction méticuleuse du morceau (presque kraut) est parfaite. Finalement, je l'aime sans doute autant que "Rage", ça m'apprendra à écrire trop vite.
Projet Marina - Nu-Disco (2018)
Qu'on soit dans un drone anxiogène prenant ("Lou Andreas", toxique comme un Bashung sous coke ou un Daniel Darc période Seppuku, période Play Blessures, accompagné par un Velvet Undergound qui se serait mis aux synthés) une coldwave upbeat implacable ("La Louve", ayant le bonheur de me rappeller le premier EP de La Femme, le meilleur de mes chouchous Sealings et le plus sombre de The Drums et de son leader Jonny Pierce en solo), ou dans une divagation psychédélique synthétique belle comme du MGMT (3e album), du Suicide (2e album) ou du Flavien Berger en plus costaud, sur "La Brûlure", on atteint à chaque fois la perfection.
Le morceau de bravoure "Comme si", entre indus à la construction patiente (Odonis Odonis là encore, un soupçon de LCD Soundsystem, un peu d'Arnaud Rebotini), acid house dantesque, échos dub bienvenus, et prog synthétique et planant, est une pièce épique et introspective à la fois, comme on n'en rencontre plus tellement depuis la fin des années 70-80 (et c'est bien dommage quand on entend des merveilles comme cette track). On pense qu'"Echo" va suivre le même chemin, mais le groupe a le bon goût de surprendre en accompagnant son électronique contemplative et cinématographique aux basses lourdes par un rock psychotique, avant de finir en apothéose par une origie sonore au rythme qui tabasse sur "Guider ses Pas", à l'esprit presque aussi garage (et psyché) que Thee Oh Sees (on n'est pas si loin du génial projet parallèle Damaged Bug de John Dwyer).
Projet Marina - Guider Ses Pas (Clip, 2018)
Cet album est un chef-d'oeuvre, il n'existe pas d'autres mots, et ce groupe est une découverte totale (merci à la radio Prun' pour ça, comme quoi il existe encore des radios passionnantes, n'en déplaise aux passéistes), qui s'avère être essentielle. J'ai beaucoup apprécié leurs précédents projets, à côté desquels j'étais évidemment passé, et ils sont également très bons, si vous avez aimé celui-ci je vous encourage à aller sur leur Bandcamp les écouter (lien ci-dessous). Mais ce LP est une véritable consécration artistique sur lequel les Projet Marina se sont dépassés, et qui mérite largement sa place parmi les meilleurs albums de l'année.
Avec cet EP apaisé, Aphex Twin se montre sous un jour plus que favorable : assagi par les années, il se place dans l'histoire des musiques électroniques en évoquant la house 80's à peine sortie de l'électrofunk, toute en mélodie et en groove, l'acid ou la deep house, et en y injectant des breaks IDM fous et technoïdes et de magnifiques harmonies rappelant le plus beau de sa période ambient. On a un peu de tout ça dans l'immense premier morceau, "T69 Collapse", qui, à l'image de l'EP dans son entier, peut être une excellente porte d'entrée vers l'artiste, fidèle à sa musique mais relativement accessible. Avec un groove presque hip-hop et une découpe très hachée, proche du footwork, du morceau "1st 44", Richard D James montre également qu'il est toujours prêt à explorer de nouveaux horizons, et signe avec ce titre à la fois contemplatif, immersif et exigeant la bande originale d'un jeu vidéo génial qui n'existe pas encore. Les petites mélodies et les sons apaisants sont accentués sur "MT1 t29r2", qui reste transpersé par un beat inhumain que ne renierait pas Venetian Snares, et montre par sa construction (un pont sublime à 3'30" qui se fond à merveille dans la musique) qu'on peut faire aussi radical que du Autechre sans pour autant se perdre dans des digressions interminables (pas de critique ici, j'ai beaucoup aimé "le dernier" Autechre. Même s'il est long...).
Aphex Twin - T69 Collapse (Clip, 2018)
Autre morceau plutôt facile à appréhender, "abundance..." possède une basse groovy et des patches de synthé pas si fou pour un grand public abreuvé à la BO de Stranger Things, tandis que "phtex" ravira les puristes des 90's tout en étant oossible à cerner par une génération biberonnée aux BO de jeux vidéos (Far Cry 1...) et de films à la BO technoïde/acid/jungle (Matrix...). C'est donc un excellent EP que je vous recommande, que vous soyez un fan du gars ou que vous vouliez découvrir cette légende de la musique électronique sans savoir par où commencer. Mes morceaux préférés :T69 Collapse, phtex, MT1 t29r2 Ecouter sur Spotify ou Deezer
Aujourd'hui on parle house avec l'australien Jai Piccone, originaire de la Gold Coast de l'est australien, producteur, dj, musicien, mais aussi mannequin habitué des grands défilés. On avait déjà pu l'entendre à l'oeuvre en tant que guitariste et chanteur du groupe de chillwave TORA, actif de 2013 à 2015. Puis plus récemment sur son projet Inagwa avec Tobia Tunis, clavier et chanteur de TORA. Ils avaient notamment remixé le sympathique Myenemy de leurs compatriotes de Paracel, dans un downtempo chill et planant, pour un style déjà plus electronica.
Pour cette rentrée 2018, il est revenu avec un projet solo. Sur le pétillant Mover EP, fini les playlists de chillwave et place à une house anglaise racée 90's, taillée dancefloor. Avec un rythme de croisière à 121 bpm, le tempo est engagé et les 3 titres s'enchaînent avec insistance. Même si l'ambiance frôle souvent avec l'onirisme, ce n'est que pour mieux nous ramener à la brutalité des kicks qui martèlent 30 ans de house anglaise depuis le summerlove de 1988. On y entend la house anglaise revisitée de Disclosure, les synthés funky/nu-disco deDemuja et cette association onirique et brutale que Paradis maîtrise à la perfection.
On vous laisse écouter tout ça, en vous souhaitant un bon week-end... house !
Ca ne vous aura pas échappé, l'électronique "chill" est une tendance lourde ces dernières années, du domaine purement électro à la pop en passant par le jazz ou le rap. Retour aux BO italiennes des 70's ? A la pop lounge du début des années 2000 (Air...) ? Probablement une réponse à un système qui fait de nous des êtres sursaturé d'informations, forcés à aller toujours plus vite, mais on ne va pas faire de la psychologie du dimanche ou de la sociologie de plateau télé ici. On va plutôt parler de 4 disques merveilleux qui font naviguer nos tympans en eaux calmes avec maestria.
Cornelius - Mellow Waves (2017)
Commençons par le maître du genre, le japonais Cornelius, dont on a déjà parlé sur ce blog puisque j'ai fait de l'intro de l'album, "If You're Here", un de mes morceaux de l'été. Sa musique est subtile comme du Air, nuancée comme du Radiohead, douce-amère et drôle comme du Beck, et s'autorise des sorties rock ("Sometime Someplace"), minimalistes ("Surfing On My Mind Wave Pt.2"), dancehall ("Helix Spiral"), avec toujours ce soupçon de folk, de jazz et une électronique maîtrisée, discrète mais audible, texturée mais pas clinquante. Un très bel exemple de ce qu'on peut réussir à merveille dans le genre. Ce superbe album à la pochette sexuelle est à écouter ici.
Mais comme on va le voir, malgré un vécu mois long, les petits nouveaux peuvent aussi se fendre d'un disque tout en retenue. Car on va évoquer le cas de Cigarettes After Sex, qui partagent avec Cornelius un traitement de la voix assez personnel et addictif.
Cigarettes After Sex - Cigarettes After Sex (2017)
Comme du shoegaze avec une voix en avant, comme des The xx sans le silence, comme du trip-hop sans les rythmiques ("Opera House"), la musique des Cigarettes After Sex intrigue. D'abord grâce à cette voix, comme on l'a dit, légèrement modifiée. Un poil boostée dans les graves, un poil saturée, un peu de reverb quant il faut... Et ce, toujours bien dosé. Et puis le plus important suit : les mélodies vocales. Bien mises en avant par un accompagnement musical qui sait calmer le jeu pile au moment où la voix déboule, chacun laissant la place à l'autre dans un échange permanent chant - musique (c'est criant sur les très belles "K" et "Sunsetz").
Le seul défaut de ce disque, s'il fallait en trouver un, c'est qu'à l'instar d'un LP de Lana Del Rey (dont ils partagent l'esthétique rétro référencée : cf le titre d'un morceau comme "John Wayne"), le rythme lent et homogène tout au long du disque et le son éthéré peuvent captiver lors d'une écoute et lasser lors d'une autre plus distraite ou d'une humeur incompatible. C'est surtout vrai pour les morceaux un peu plus faibles comme "Each Time You Fall In Love", "Truly". Mais là encore, ce défaut peut être une qualité, forçant l'esprit au calme, au ralentissement, et ça marche toujours avec des morceaux comme "Flash", relecture moderne d'un post-punk au léger parfum americana, comme une reprise de Chris Isaak par les xx ou Beach House. Ou comme sur "Sweet", dontle refrain un poil psyché folk (ces guitares carillonnantes) émerveille. Bref, le disque n'est pas parfait, mais il est tout de même très très bon. Une vraie démarche, un son personnel, à contre courant de ce qui marche a priori (même si des précédents comme Cornelius, les Young Marble Giants, les xx, ou Lana ont montré que ça pouvait prendre), c'est tout ce qu'on peut espérer d'un jeune groupe, et c'est largement atteint ici. Et on va encore en écouter deux autres exemples ci-dessous. A écouter par là.
Hot Sugar - The Melody Of Dust (2017)
Je ne connaissais pas du tout Nick Koenig, qui produit de la musique sous le nom de Hot Sugar depuis 2011. Enfin, si, je connaissais le morceau "Sleep", qu'il avait produit pour l'excellent album Undun de The Roots, sans savoir que ça venait d'un membre extérieur au groupe. Pas totalement un débutant donc, il a développé un vrai son et une technique à lui ("associative music", en gros un énorme travail de sampling pour arriver à des sons inédits), depuis son adolescence, et il a déjà publié un album, des EP, produit pour des rappeurs et pour des documentaires.
The Roots & Hot Sugar - Sleep (2011)
Bref, son deuxième long format, The Melody Of Dust, est une merveille de pop électronique dans lequel la science du son de Hot Sugar sert des mélodies limpides, touchantes et attachantes. Et ça donne forcément un résultat assez inédit et immédiatement appréciable, dès l'introductif "Frosted Glass". Dans lequel on entend bien sa démarche : mêler instruments, samples, field recording, filtres, bref comme il le dit lui même "capturer un son tel un photographe immortalisant une belle image", pour servir une mélodie.
Mais il ne sort pas de nulle part. On entend des échos post-dubstep à chercher chez SBTRKT ou James Blake dans la rythmique puissante de "Plasma" ou "Nausea", servant à appuyer ces mélodies liquides, insaisissables, cachées entre deux nappes de voix trafiquées et jouées au synthé (façon Soft Hair). Et qui font la beauté des chef-d'oeuvres que sont "For The Bird", "Coffin in the Clouds", à la prod presque trap, l'excellente "i first heard the melody within the womb", dont le titre résume bien la démarche sonore du bonhomme, et surtout ma préférée, la renversante et hyper bien nommée (c'est drôle, et poétique) "The Life Of A Goldfish".
Certes, parfois on peut avoir l'impression d'une répétition dans les rythmes, les structures ou les sons, mais le projet est tellement unique en lui-même qu'il serait malhonnête de demander à l'artiste de ne pas exploiter ce terrain vierge à fond avant de passer à autre chose. De même, une certaine grandiloquence pointe parfois son nez, mais elle ne fait que mieux mettre en valeur des douceurs comme la comptine oblique "Death Is The Ultimate Reward".
Vous l'aurez compris, ce LP est singulier, il vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour "The Life Of A Goldfish" et vous auriez tort de vous en priver.
Dâm-Funk est autre musicien que j'adore, ayant fait ses preuves en renouvelant considérablement l'électrofunk avec une intégrité, une vision et un talent rares. Ce dernier EP, plus froid, plus house voire un chouia techno, illustre magnifiquement son thème architectural avec des morceaux de house / funk constructiviste comme l'obsédante "Break Out" et la nostalgique, tranquille mais musclée "Your House", et sait s'en écarter avec la mélancolique et sensuelle "Hazy Stomp" aux percus discrètes mais futées planquées derrière la beauté aguicheuse des synthés.
Un magnifique EP trois titres, parmi les meilleurs de l'année, qui offre également repos et apaisement en faisant appel à la sensualité et à intelligence de son auditeur. Une magnifique oeuvre d'art dans laquelle on ressent toute la grandeur d'âme de l'artiste. A écouter absolument là !
En ce dernier vendredi du mois d'août prend fin notre playlist #13. Nous espérons qu'elle vous aura permis de découvrir par ses nombreux labels et tout au long de cet été, la richesse et la diversité du paysage musical house. Pour clôturer ce cycle et après ces 8 petites playlists de nouveautés 2017, je vous ai concocté une playlist de titres brossant large dans l'horizon house et que j'ai pu digger ces dernières années. Enjoy !
Un immense merci à tous ceux qui suivent régulièrement ces lignes, mais aussi à tous les lecteurs occasionnels qui nous motivent dans notre passion. Je profite de ce post pour vous annoncer que mon activité sur le blog se fera moins sensible dans les prochains mois. Mais ce n'est que transitoire !
Je vole à Etienne sa rubrique "House Summer" pour vous présenter le label 777 Recordings, basé à Berlin et créé en 2013. Il abrite quantité d'artistes house de qualité avec une esthétique unique, de la house noisy à celle plus vaporeuse et mélodique, en passant par la techno brutale, l'acid, le hip-hop instrumental rétro et funky jusqu'à l'ambient.
C'est le cas notamment de Glyn et de sa lo-fi house onirique et vaporeuse, que l'on peut apprécier sur l'excellent "Identity Switch" de 2015 :
Mais au-delà de la perfection de Glyn, on peut également écouter des morceaux plus corrosifs, comme la grinçante et douce-amère "No Sugar", portant bien son nom, qu'on doit à FTP Up (2015):
On peut également admirer l'artisanat intriguant, lo-fi, post-vaporwave et psychédélique de l'excellentissime Seixlack dont je vous présente un superbe exemple ci-dessous avec l'obsédante "Metados" (2016):
On finit avec le brutal "August", de XAN, sorti cette année :
Dans notre tour du monde des labels de musique house, on traverse à nouveau l'Atlantique pour poser valises à New York. En cette mère patrie du genre, Nervous Records fait figure de vétéran. Fondé en 1991 alors que la house connaissait son grand essor des 90's, peu nombreux sont les labels pouvant se targuer d'une telle longévité et d'une telle intégrité dans son catalogue. Malgré plus de 25 ans d'âge et autant de révolutions musicales, Nervous Records a en effet su garder une intégrité et une esthétique forte, un peu à l'image de leur fidèle et sympathique logo. Ils ont ainsi préservé un son très 90's et une énergie clubesque assumée, en débit d'un catalogue vertigineux. On ne parle ici que du versant house du label qui possède aussi une section hip-hop tout autant passionnante.
On attaque la playlist avec le Stratton de Modest Glesman sorti le mois dernier. Sa techno endosse à merveille l'héritage de Détroit et ses légendes comme Juan Atkins ou Derrick May. L'approche y est naturellement très rythmique, mais aussi bruitiste avec ce ping-pong de blocks de batterie et autres sonorités synthétiques.
Titre suivant avec Jackin Anthem sorti le 31 juillet dernier. Beatmaker dans l'âme et adepte du Djing , Angelo Ferreri y associe une base rythmique techno avec des extraits du très samplesque You'll Never Know des états-unien de Hi-Gloss, qui sonne ici étonnamment italien entre les mains de ce sicilien. Avec ce pitch boosté et ses effets de Djing parfois indigestes, un concentré de soleil vient inonder nos oreilles. Il tranche avec d'autres utilisations beaucoup plus posées du sample, comme celle de 6th Borough Project et son Just A Memory. Intéressant à bien des égards, le titre est un parfait cas d'école pour comprendre le Nu-disco et ses inspirations italo-disco survitaminés à coup de beatshouse. Ce d'autant que le titre laisse à voir tout ses traits de fabriques, avec ses filtres francs et ses coupes de samples brutes.
Ce petit trio se termine en une ambiance beaucoup plus chill avec une magnifique collaboration de Motum & Shai pour ce très house Somewhere Somehow tout fraichement sorti le 7 août dernier. Dans une ambiance tout aussi énigmatique que son titre, il vous propose 6 minutes de vol plané. Une véritable petite perle qui prolongera avec délicatesse vos longues soirées d'été.
A la semaine prochaine pour la suite de cette aventure musicale estivale !