Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 8 février 2019

Sneaks - Highway Hypnosis (2019)


  Highway Hypnosis arrive après deux albums (chroniqués ici et ici) qu'on a adorés ici, plutôt dans un genre post-punk qui tendait à s'ouvrir vers une électro-pop tout en gardant un côté minimaliste et une brutalité punk. Autant dire qu'une certaine attente s'est installée de mon côté, une certaine hâte de découvrir ce que Sneaks pouvait offrir d'encore plus pop, sur une durée plus longue que d'habitude. 

Sneaks - Hong Kong To Amsterdam (Clip, 2019)

  Et c'est cette fois-ci du côté du hip-hop, et notamment de la trap, ainsi que dans l'électro apatride de MIA, qu'elle est allée chercher des inspirations supplémentaires, cf le morceau-titre "Highway Hypnosis", "Hong kong To Amsterdam" ou "Beliefs" qui synthétisent bien ces deux référents. Avec à chaque fois, malgré le minimalisme, une foule de petits détails satisfaisants qui se révèlent au fil des écoutes : une nappe à la Kraftwerk et un synthé électrofunk sur "Hong kong To Amsterdam" par exemple. 

 Entre une prod hip-hop joyeusement loufoque comme pourraient en commander Lil Wayne ou Young Thug et l'esprit de déglingue nu-rave des années 2000 anglaises, "Suck It Like A Whistle" joue avec beaucoup de charisme du côté sensuel et joueur de Sneaks.  

Sneaks - Ecstasy (Clip, 2019)

  Encore une fois un peu MIA, mais en plus british, avec un petit côté du "All Access" de The Garden, "The Way It Goes" est une petite bombe électro-pop déviante, qui joue du contraste entre son minimalisme radical et son côté ultra-accessible, et se fond parfaitement dans la chanson suivante, "Ecstasy", pop synthétique néo-gothique presque Grimes des débuts dans l'esprit, avec un petit côté planant, qui sait prendre son temps. Un peu comme on savait faire monter la sauce sans forcément aller vers le gros climax chez DFA, label dance-punk de LCD Soundsystem, The Rapture ou The Juan MacLean. Pour continuer dans les références pop/rock indé, en plus de Grimes et MIA, on pense à Animal Collective, et en particulier au son des albums Centipede Hz du groupe (et son concept de radio alien) ainsi qu'à celui du marécageux Down There d'Avey Tare en solo, sur la pourtant très trap "Cinnamon"

Sneaks - The Way It Goes (2019)

  Pour parfaire l'ouverture, on a un genre de dub revisitée encore une fois par un côté électro anglaise, le tout avec chant autotuné, sur "Addis", là encore très réussie. Qui s'enchaîne également très bien avec le mantra trap "Saiditzoneza", et "Money Don't Grow On Trees", sorte de version minimale de l'Afrobeats nigérian des années 2010 mêlée à un chouia de dancehall, autre grosse réussite. 

Sneaks - Money Don't Grow On Trees (Clip, 2019)

  Mais le post-punk des origines n'est jamais loin, avec des chansons ultra concises drivées par la basse comme la courte "Holy Cow I've Never Seen A Girl Like Her" ou la très Sonic Youth (et géniale) "And We're Off". Toutes ces influences en même temps, avec un petit côté synthpop presque new wave des débuts (celle qui écoutait Kraftwerk en boucle), sont audibles sur "A Lil Close", autre superbe morceau. Là encore, le bel équilibre entre concision, retenue, associées à un côté artisanal, bricolage, mis en regard d'un gros travail sur les structures, les sons, le mélange d'influences variées et riches, bien assimilées, est saisissant, et inscrit ces morceaux dans la grande histoire de la face glorieuse de la synthpop, à la fois expérimentale et Pop avec un grand P, de Suicide à The Garden en passant par Soft Cell, les Pet Shop Boys et tant d'autres...

  Somme de plein de styles venant d'époques et de lieux différents, parfaitement rendus à travers un prisme mi-pop, mi-punk, avec une énergie hip-hop, la musique de Sneaks a encore pris en amplitude avec cette sortie tout en continuant à ne pas gâcher une seule seconde, et ça c'est précieux. Un grand disque que je vous recommande très chaudement.

Mes Morceaux Préférés : The Way It Goes, Ecstasy, Money Don't Grow On Trees, Cinnamon, Beliefs, And We're Off, A Lil Close

A découvrir sur Spotify ou Deezer

Alex


5 commentaires:

  1. La combinaison du coup de coeur de Magic et ton papier. Impression de première écoute? Minimalisme, terme qui peut faire peur, mais ton papier foisonne de référence et chaque morceau a une empreinte avec le petit quelque chose qui le différencie des titres voisins et malgré tout toujours ce ton "à minima" Ensuite, des titres qui font davantage? J'ai de suite accroché "Money Don’t Grow On Trees" les gimmick du début qui est maintenu me va bien. Et ta ref pour "And We’re Off" me l'a fait réécouter et oui, un SONIC en pleine crise de légèreté malgré cette bonne grosse basse(Breeders? Nirvana?). Oui c'est ça, un titre une idée et un peu de construction autour et sa façon de ne pas chanter. Bien, très bien

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    1. Ah je suis super content que tu accroches ! J'avais parlé de ses deux précédents, basse boite a rythme chant pour la plupart, avec un peu de programmation et de synthés pour le 2e quand même, si tu es passé a côté à l'époque (en plus les deux cumulés ça doit même pas aller chercher dans les 40min)

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    2. Je suis en pleine écoute de la discographie solo d'Alan Vega en ce moment et j'y vois plein de parallèles

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    3. ooops Des souvenirs, SUICIDE, je devrai en dire du bien, mais un peu comme JOY DIVISION c'est une musique, quand tu es ado ce n''est pas que de l'écoute, ça laisse davantage de trace

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    4. C'est un des groupes qui m'a le + scotché tous styles musicaux confondus. Ils méritent largement leur statut légendaire à mon humble avis

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