Les aventures musicales de deux potes

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mercredi 7 décembre 2016

Indie Rock 2016 : DIIV - Is The Is Are, Creeping Pink - Mirror Woods & Glass Castle, & Sneaks - Gymnastics



DIIV - Is The Is Are (2016)

  Ca commence par le plus grand des bonheurs post punk avec "Out Of Mind", aussi brumeux que lumineux sous sa vaporeuse couche dream-pop. La pop se fait plus étincelante avec un "Under The Sun" plus Sonic Youth, période Rather Ripped, un "Bent (Roi's Song)" tout aussi mémorable avec ses ambiances à la Cure, et surtout le tubesque "Dopamine", merveilleux single qui synthétise le meilleur de la pop des années 80 à 2000. Ensuite, tout découle à merveille. Sky Ferreira vient faire sa Kim Gordon, on croise les spectres de tout le monde, des Smiths aux Jesus & Mary Chain en passant par les Stone Roses, The Horrors et Joy Division. Mais toutes ces influences sont digérées, et le style est personnel, les émotions bien présentes. L'album est dense, mais tant mieux, on peut s'y perdre, s'y oublier quelques instants précieux, y (re)découvrir à chaque fois un passage, un morceau qui révèle sa timide beauté mélancolique et pleine de rage. 
  
  DIIV a sorti un bel album, essayez le (ici), je vous garantis que ça vaut le détour. C'est un sacré tour de force de sortir un disque pop-rock à guitares aussi fort en 2016, sans paraître redondant à outrance, et le pari est largement gagné ici pour moi.





Creeping Pink - Mirror Woods (2016)

  La pop rock lo-fi et bricolée de Creeping Pink (signé sur Castle Face), vaut vraiment, vraiment le détour. Elle se situe quelque part entre électronique bidouillée, ambient rêveuse, pop brillamment allumée digne d'Eno et de Barrett (écoutez les brillantes "Sour Fuit" et "Bacavan Blues", à la croisée entre les deux), et collègues du label (le psyché vaporeux des Oh Sees en période folk et l'électro-psyché de Damaged Bug, cf "Mirror Woods"). Dwyer, des Oh Sees et patron du label, cite aussi Silver Apples,  United States Of America et Arthur Russell, mixés avec une ambition très pop. Et c'est vrai qu'il y a un peu de tout ça en même temps dans des chansons aussi marquantes que "Come Into My World"

  Parfois, on dirait carrément que Creeping Pink veut écrire la suite du Before And After Science d'Eno, comme sur "By This River Again" (non, ce titre, ce chant et cette musique ne sont pas une coïncidence, cf le "By This River" de Brian). L'influence du flamboyant ex-Roxy se ressent également sur "Peaches". La fin de l'album, plus expérimentale, électro et ambient, plane très haut, et c'est très beau. 

  Bref, ce disque (sorti en janvier), est un petit bijou dont on n'a pas assez parlé cette année, alors pour réparer cette immense injustice, je vous propose un petit lien vers leur bandcamp pour écouter et pourquoi pas acheter cet album fou.





Creeping Pink - Glass Castle (2016)
  
  Mais ce Mirror Woods n'est pas la seule merveille publiée par Creeping Pink cette année, puisque Glass Castle, sorti en octobre, est tout aussi bon. Avec toujours le patronage de Eno ("Games", "Cold Grass"), mais un mélange encore plus abouti entre leur pop psyché mélancolique et l'électronique. On penserait presque à Panda Bear tellement le mélange est réussi et sonne organique ("Fire On The River", "Welcome To The Dream"...). Ou à Ariel Pink quand le tempo motorik s'acoquine avec la synthpop sur "Strange Today". En parlant d'allemands, Can et les premiers Kraftwerk ne sont jamais loin... Et, de l'autre côté du spectre, la pop se fait de plus en plus lumineuse, le chant est plus assuré, et c'est logique : il est désemparant de beauté, d'une évidence pop aussi pure qu'universelle ("The Country Has Not Changed")

  Vous l'aurez compris, ce disque est au moins aussi bon que son prédécesseur  La surprise en moins, mais une maîtrise encore plus affirmée à la fois de l'électronique et de la pop. Je vous remets un petit lien bandcamp et je vous souhaite une écoute qui de toutes façons sera forcément bonne.







Sneaks - Gymnastics (2016)

  Pour du post-punk qui tabasse sec et sans fioritures, faites confiance à Sneaks. Une basse bondissante, une boîte à rythme métronomique et un chant féminin froide et déterminé (voire une guitare, mais c'est presque superflu), pour une à deux minutes par chanson grand max, il n'en faut pas plus pour faire un très bon disque. 
  Accessible en plus, des titres comme "Tough Luck", "New Taste", "True Killer", "This Is" et "Figure 8" rentrent vite en tête. Avec 13 minutes pour 10 titres, le format est un peu OVNI mais se prête bien à la démarche radicalement minimaliste de la jeune femme. On pense certes à Joy Division / New Order, aux Talking Heads, à Gang Of Four et aux Slits à l'écoute de ce court disque, mais il est tellement personnel et affirmé que ce n'est absolument pas préjudiciable quand à son originalité. 
  Bref, du très bon à écouter ici absolument !

Alex


5 commentaires:

  1. Je ne connais ni Sneaks, ni Creeping Pink. Je vais tenter l'écoute de ces derniers.
    J'aime beaucoup le DIIV sinon. Peut-être pas aussi majeur que la référence qu'il est en train de devenir, me semble-t-il, toutefois.

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    1. Je suis d'accord avec toi pour le Diiv, c'est un très bon disque mais pas non plus un grand disque. Mais il répond à un besoin inassouvi de groupes de rock à guitares qui soient excitants. Même si le disque est très référencé, il a une certaine énergie, une vitalité qui manque à la quasi totalité du rock indé.

      Les Creeping Pink sont vraiment superbes, Mirror Woods est bouleversant notamment (pour le coup je le trouve bien meilleur et je le préfère au Diiv). Tu seras pas déçu.

      Si tu veux tenter Sneaks ça te prendra même pas un quart d'heure, c'est du bon post-punk bricolé avec trois bouts de ficelles et beaucoup de talent

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    2. Pas encore tenté le Creeping Pink mais puisque j'avais un quart d'heure à tuer, j'ai tenté Sneaks, et c'est vrai que c'est pas mal. Le pendant féminin de Sleaford Mods en fait. Merci pour la découverte !

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  2. Ah cool ! Effectivement on a les sucreries eighties en commun :)
    Pour le DIIV je retiens deux trois morceaux vraiment géniaux, avec peut-être une préférence pour Dopamine, mais c'est vrai que le début du disque est plus fort que la suite, même si ça reste bon sur toute la longueur

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  3. Oh ba le M83, je l'ai tellement détesté que je ne peux que te conseiller de te ruer vers Saturdays=Youth, où il entreprenait déjà ce virage sucré, mais avec encore suffisamment d'habileté et de bon goût pour que ça en fasse un excellent disque =)

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