Cette semaine, les disques sortis il y a dix ans déjà, en 2007, sont à l'honneur sur La Pop d'Alexandre & Etienne, avec un album par jour présenté jusqu'à mardi dans le cadre de notre troisième édition de La Semaine De La Pop.
Je l'ai annoncé sur mon article vantant les qualités des deux derniers singles de Calvin Harris : pour moi, c'est pour le moment l'homme d'un seul album, celui-ci (et de quelques titres sur le suivant de 2009, et si on est vraiment indulgents quelques autres à picorer depuis). Mais quel album !
Un peu à la manière de James Murphy (dont nous avons chroniqué ici un album hier), Calvin Harris est un geek obsédé de musique (de pas mal de musiques différentes d'ailleurs), démarrant sa carrière dans une époque où l'électro bricolée a déjà bien percé (merci les Daft Punk & Cie). Et pour revenir à LCD Soundsystem, finalement l'écossais s'en rapproche pas mal. Ça s'entend dès l'intro "Merrymaking at My Place", cette basse mi-funky mi-post-punk, au jeu très haché (et probablement programmée), ce beat électro-rock funky, ces synthés pouet pouet.... On n'est pas loin de James Murphy donc, mais en plus funky, plus rnb aussi, plus Pharrell Williams (qui dominait déjà les hits de l'époque) en somme. On pensera encore plus à James Murphy avec le disco-punk de "I Created Disco" ou la synthpop entre new wave et Yellow Magic Orchestra de "Electronic Man".
D'ailleurs, c'est le côté "fait dans une chambre avec un vieil ordi" et le fun incroyable injecté à cette pop qui fait tout son charme. Harris est alors jeune, plein de gouaille (ce titre d'album !), et on a toute l'énergie, la fraîcheur et la rage d'un mec qui a tout à prouver, avec le second degré et le sens du détail du mec qui vient de commencer et s'applique (cf "Colours"). C'est pour ça que c'est un des disques que je passe le plus en soirée, pour toutes ces raisons.
Du fun, on en a sur le plastic funk post-Kraftwerk de "This Is The Industry" qui recrache toute la chaleur de la Philly Soul sur des synthés baveux, et avec second degré. Voire même millième degré quand, au détour de "Neon Rocks" la gouaille british de Harris se transforme presque en gloussement de poule, soutenu par des synthés bien pouet pouet. Plus loin, et puisqu'on en parle, cette soul, ce rnb qu'on a entendu dans ces fameux (et merveilleux) singles récents, on l'entendait déjà (aussi) dans "Love Souvenir".
Et puis on a des tubes qui font bouger la tête et les pieds : "The Girls", le kitsch assumé de "Disco Heat", et puis le méga-tube "Acceptable In The Eighties", absolument imparable, qui porte bien son nom et ravira les amoureux de madeleines synthétiques au parfum néo-80s. Dans un genre tout aussi années 80, mais plutôt générique de vieilles séries télé, on a les interludes "Traffic Cops" et "Vault Character" et le moins direct "Certified". Et puis le bling bling hédoniste et dansant de "Vegas"... Tout ça sonne certes référencé, mais fait avec les moyens du bord, une ambition et une envie sans bornes, ce qui permet à Harris d'exploser ses modèles pour se créer un style unique.
Bref, c'est un disque qui sous un son plus ou moins volontairement gros, cheap et kitsch cache des chansons pop plus profondes qu'il n'y paraît et surtout beaucoup, beaucoup de fun et d'amour pour la musique populaire sous toutes ses formes.
ALEX
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire