Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

jeudi 26 octobre 2017

Guerilla Toss, Jay Glass Dubs & Spinvis 2017


Guerilla Toss - GT Ultra (2017)

  Si vous aimez quand ça claque, écoutez ce disque. Qui démarre aussi sec par "Betty Dreams Of Green Men", une charge post-punk groovy comme du Tom Tom Club, tranchante, folle (et groovy) comme du Rapture, et excentrique (et groovy) comme du Of Montreal période Hissing Fauna... / Skeletal Lamping

Guerilla Toss - Betty Dreams Of Green Men (2017)

  L'électricité rageuse du groupe sait se fourvoyer joyeusement dans l'électronique entre noise, dissonances jazzy et outrances pop, sur "Can I Get The Real Stuff" ou "Crystal Run" avec même un peu d'autotune. Ou rester dans des climats plus pop-funk aux syncopes afro réminiscentes des deux groupes de Tina Weymouth (Talking Heads, Tom Tom Club) sur "TV Do Tell", "Dog In The Mirror", ou "The String Game" sur laquelle on se rend compte que les basses de ce groupe sont uniques.



  Cette folie permanente qui guide en permanence le groupe, c'est d'abord celle de Kassie Carlson, chanteuse géniale à l'énergie folle qui donne cette impulsion rock 2000's à l'ensemble du groupe (Kills, LCD Soundsystem, Brazilian Girls...). 


  C'est d'ailleurs à James Murphy de LCD qu'on pense en entendant le dernier morceau, "Dose Rate", qui aurait presque pu figurer sur This Is Happening. Ce n'est pas pour rien que le groupe est signé sur DFA... Et pour rendre à César ce qui est à César, c'est avant tout la synergie du groupe ensemble et avec la chanteuse qui accouche de tout ce qui se fait de mieux sur ce disque, à commencer par l'irrésistible "Skull Pop", le "Rock Lobster" des années 2010.

Guerilla Toss - Skull Pop (2017)

  La prod riche et chargée et les rythmes soutenus en rebuteront certains, mais la longueur raisonnable de l'album (8 titres) ainsi que le talent du groupe font passer tout cela très bien. L'album est donc vraiment à découvrir, par exemple par ici !


Jay Glass Dubs & Guerilla Toss - Jay Glass Dubs Vs Guerilla Toss (2017)

  Oh et si vous avez aimé checkez les versions dub de 4 morceaux du disque par l'américain basé à Athènes Jay Glass Dubs sur le super Jay Glass Dubs vs Guerilla Toss. Cet EP permet de bien mettre en valeur les côté post-punk, reggae et psychédéliques du groupe parfois un peu noyé sous le déluge funk-rock électronique, et non content d'être un indispensable compagnon au LP, c'est également une énorme réussite du genre, ce qui n'est pas rien en 2017.



Spinvis - Trein Vuur Dageraad (2017)

  Je vous propose après ça de rester dans un thème synthpop années 80 - pop-rock années 2000 dans les inspirations, mais dans un genre plus calme. En écoutant le dernier disque de Spinvis, groupe néerlandais emmené par son leader et seul "vrai" membre, Erik de Jong, véritable star du rock aux Pays-Bas et en Belgique avec déjà 7 albums à son actif sous ce nom depuis 2002.

Spinvis - Hallo, Maandag (2017)


  Le disque démarre parfaitement avec la folk-pop guitare-voix lo-fi de "Ergen Toen", magnifique de dénuement, qu'on croirait enregistrée dans une chambre. Hyper mélancolique et mélodique. On enchaîne avec un rock indé classique du début des années 2000 avec "Hallo, Maandag", quelque part entre The National, Biolay et les débuts de Coldplay, soutenu par de superbes arrangements orchestraux qui, avec le langage rugueux, contrebalancent à merveille la très (trop) catchy rythmique soutenue par le piano, et ce solo de guitare sursaturé. Cet équilibre entre sucré et amer permet un ensemble hyper réussi et intéressant à partir de parties qui dosées autrement auraient pu donner un énième titre indé indigeste. C'est là tout le génie du bonhomme. 


  On évite également la guimauve sur "Van de Bruid En De Zee" grâce à la retenue du chant et ce malgré les synthés façon 2e vague de synthpop anglaise. De même sur "Artis", qui a ce son clinique façon new wave diluée de la pop-rock des années 2000 (Infadels, Razorlight, Snow Patrol, Coldplay...), mais qui en fait bon usage comme seuls les meilleurs savaient le faire à l'époque, avec une science de la retenue aidée de la grande expérience de l'artiste et une inventivité dans les arrangements qui évite d'insister trop sur certaines sonorités (ce cor par exemple qui permet aux synthés de rester à leur place tout en redynamisant le morceau).

Spinvis - Artis (2017)


  Ca passe même très bien sur des ballades un peu pépères post-twee pop riches en glockenspiel à la Get Well Soon ("Tienduizend Zwaluwen" ou comment gagner au Scrabble en un titre de chanson, le morceau titre "Trein Vuur Dageraad" magnifié par des choeurs divins, ou la "Serenade" instrumental en fin de disque). Les arrangements simples et sophistiqués à la fois font mouche sur la dépouillée "Alles Is" et sur le magnifique duo de voix masculin/féminin "Wat blijft" et sa clarinette(?) qui me fait fondre. 

  Finalement, si on devait le rapprocher de quelqu'un, ce serait sûrement de Peter Von Poehl, artisan pop discret et toujours à la hauteur, creusant le sillon d'une pop intime pudique et émotionnelle, bouleversant par petites touches au risque de passer inaperçue pour les gens qui l'écouteraient trop vite ("Stefan en Lisette", magnifique et un chouia Dire Straits façon "Romeo & Juliet"). On croirait également entendre un titre de Biolay quand passe l'instru classieuse de la très bonne "De Kleine Symphonie"


Spinvis - Stefan en Lisette (2017)


  Et puis le disque arrive à varier en passant dans le jazz ("Nachtwinkle"), la folk de pub ("Dageraadplein", un peu comme du Renaud reprenant un truc irlandais après avoir écouté du Dylan, en version batave), de la pop-folk avec un côté intemporel aux sources du folk avec un côté mystique façon Leonard Cohen "Hij Danst").


  En bref, le disque est superbe, mais on a un peu le risque inverse du Guerilla Toss : celui de laisser indifférent car tout y est très propre, apaisé, calme, léché, réfléchi. Mais si vous êtes réceptifs à l'artiste et que vous prenez le temps de bien l'écouter, le jeu peut en valoir la chandelle. Dans le genre, je range ce CD avec I'm From Barcelona, Radical Face, Peter Von Poehl, Asaf Avidan et Get Well Soon, dans ce genre un peu ingrat de la pop à mi-chemin entre indé et mainstream, qui fait de la qualité mais n'est malheureusement reconnue à sa juste valeur par aucun des deux mondes. Et ça faisait longtemps qu'un disque du genre ne m'avait pas touché comme ça.

A vous de vous faire votre avis !


Alex

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