Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes
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vendredi 29 mai 2020

L'art de la reprise #1 - Jazz, Nirvana, ska, Lac des Cygnes et Bach



  Ceci est la première d'une petite série d'articles qui ont pour but  de partager quelques-unes des reprises et réinterprétations qui m'ont le plus marquées récemment, et ça vous permettra peut-être de vous la ramener en soirée avec des trucs moins évidents que la liste ci-dessus (même si elles sont très bien).

  Cette version du "Politely" d'Art Blakey par Tony Allen est une des reprises les plus bouleversantes et un des hommages les plus sincères que j'ai pu écouter depuis un bail. Les deux batteurs, forces créatrices uniques, précieuses et sensibles, sont ici chacun au sommet de leur art, et la version Allen redécouverte pour ma part après sa disparition, est déchirante.

Tony Allen - Politely (2018)

Art Blakey & The Jazz Messengers - Politely (1960)

  Au rayon "reprises du confinement", option livestream, le chanteur/rappeur Post Malone a partagé un petit set de reprises de Nirvana bien foutues, avec Travis Barker aux fûts, Brian Lee à la basse et Nick Mac à la guitare. Le tout pour un but caritatif. Et si on savait la popstar fan de rock et à l'aise guitare en main le temps d'une reprise ou deux (plus son morceau avec Ozzy Osbourne), voir tout un set vraiment rock prouve qu'il a en stock de quoi creuser cette direction. Je vous mets ici un extrait de ce mini concert plutôt réussi :

Post Malone - Heart-Shaped Box (Nirvana Cover, 2020)

Nirvana - Heart-Shaped Box (Originale, 1993)

   En se perdant sur youtube, on peut tomber sur des pépites, et ça a été mon cas avec cette version live du "Swan Lake" de Madness, détournée façon ska british à partir du célèbre Lac des Cygnes de Tchaïkovski. Déjà, en elle même la version est géniale, fun et hyper bien adaptée, le son chaud, l'ambiance euphorisante et mélancolique en même temps. Mais alors, les voir danser sur scène c'est -presque- aussi beau qu'un ballet et ils compensent la grâce par un humour tout en gestuelle, digne des films muets.

Madness - Swan Lake (Live in Paris)

  Et pour finir en douceur, une interprétation vigoureuse et fraîche de Bach par le joueur de clavecin Jean Rondeau et son ensemble :


Jean Rondeau - Bach: Harpsichord Concerto No.1 in D Minor BWV 1052


Alex


dimanche 31 mars 2019

Th Da Freak - Freakenstein


  Le rockeur le plus cool de France revient avec un nouvel album (sorti chez Howlin Banana), après le délicieux The Hood de l'an dernier, avec un mélange de néo-60's plus assumé (surf, psychédélisme), de pop à guitare 80's, et de garage brutal qui doit un peu au grunge, façon Cloud Nothings voire même plutôt Ty Segall (certains passages de "Kurtains", au texte ironique saisissant, ou "Peeling the Onion"). L'esthétique série B, avec références aux films de monstres et de science fiction à l'ancienne, ainsi que les références à la culture pop, notamment (mais pas que) 60's, donnent un côté léger et coloré à ce solide LP.

Th Da Freak - Peeling The Onion (Clip, 2019)

  Musicalement, on pense parfois à des groupes comme The Soft Pack ou The Fresh & Onlys sur les titres les plus pop (comme les géniaux "Surrender", "Mars Attacks!!"). Il y a en tous cas toujours un truc qui accroche l'oreille, sans passer par la facilité, par exemple la guitare de l'ambitieuse et folle "Peeling The Onion" me fait frissonner tant elle est belle, mais elle est planquée dans un morceau à tiroir, sur lequel Th Da Freak n'hésite pas à faire du bruit, et part dans des délires presque jazzy, un peu dada, à la Frank Zappa

Th Da Freak - Mars Attacks!! (Clip, 2019)

  L'équilibre entre pop (folk lo-fi sur "Adios Freakos""Never Enough Beer" et son petit côté The Bewitched Hands) et rock ("Nutty") parfois presque hard ("Hospital") est très réussi et l'album file à toute vitesse, nous laissant avec l'envie d'appuyer sur replay. La production impeccable y est également pour beaucoup, le bordelais a eu les moyens et le temps de peaufiner ce disque en studio, et ça s'entend, on atteint un niveau de perfectionnisme du niveau des grands albums "de studio" de Ty Segall (Manipulator notamment).

  Les mélodies et riffs imparables de ce disque vont rester collés au fond de votre cerveau pendant un moment. Ces chansons mémorables, interprétées avec une coolitude sans limite, font de ce disque un incontournable de l'année. 

Mes morceaux préférés : Surrender, Mars Attacks!!, Kurtains, Peeling The Onion, Nutty

Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube

Alex

mardi 6 février 2018

Dragon Rapide - See The Big Picture (2018)


  Le trio Dragon Rapide est un des groupes de rock indé français les plus intéressants avec -au hasard- les rennais de Kaviar Special. Signés sur le label Freemount Records, ils jouent un rock référencé mais aux influences plutôt large, chanté en anglais, et tirant régulièrement sur la pop.

  Des références, on va largement en parler ici. On entend la pop-punk des Buzzcocks ou le côté joueur du rock de Weezer ("I don't want to", "Soon A Son"). Ailleurs, c'est l'influence de la scène pop-rock indé des années 80-90  qui marque, avec des noms comme Sonic Youth ou Pixies qui viennent en tête, pour leur son et plus largement pour la construction des morceaux oscillant entre calme et électricité typique de ces groupes proto-grunge ("I don't want to", "Sucker Punch"). Et c'est la pop indé créative de Beck ou Eels avec laquelle "Astoria" ou "Spinning Top" ont un certaine parenté.

  On entendra aussi le lien entre le Bowie période glam et la britpop de Blur, via l'influence décisive du groupe Suede sur des titres glam comme "Out Of Time" et sa guitare lead marquante, la très bonne et très mélodique "Never Be The Same" ou "Soul Doctors". Le post-punk des Talking Heads, PiL ou de Television est aussi invoqué sur "Something New" et "Ugly Face", les aînés du Velvet Underground et leur héritage punk marquant quant à eux le boogie glam destroy de "Nostalgia" au pont psyché cosmique très réussi ou "Ugly Face"

Dragon Rapide - Something New (Clip, 2018)

  Plus récemment, la scène pop rock des années 2000 a aussi marqué le groupe, on entend le disco-punk de The Rapture et The Sunshine Underground (lui-même réminiscent des Gang Of Four) sur "Odyssey" et sa rythmique syncopée à la cowbell, ou le côté funky de certains Strokes et des Virgins sur "Bummed". Et pour le côté français, la puissance de "Sucker Punch" rappelle Stuck In The Sound tandis que ce sont mes chouchous les Bewitched Hands qui sont convoqués via de célestes chœurs pop ultra mélodieux sur "Astoria" ou "Never Be The Same".

Dragon Rapide - Bummed (2018)

  Mais même si ce jeu de décorticage des influences est amusant, il est loin de résumé un album finement réalisé. D'ailleurs vous aurez remarqué que certains morceaux ont été cités plusieurs fois ci-dessus, preuve d'une vraie maîtrise du groupe utilisant ces référents souvent ensemble, pour en faire autre chose, loin du pastiche. Et ils osent même des juxtapositions étonnantes, comme sur "Something New" dans laquelle ils collent un banjo donnant une coloration country-folk sur un groove funk-rock génial me rappelant les Talking Heads en début de morceau avant de virer en britpop façon Oasis

  Les morceaux sont bons, concis, le disque passe très vite sans qu'on ait le temps de rentrer dans une routine malgré son homogénéité et son intégrité, grâce à toutes ces petites variations. Le son et la production sont impeccables, ce qui ajoute au plaisir d'écoute, et les voix et les choeurs très pop contrastent agréablement avec une musique souvent assez rock, ce qui est une très bonne surprise et distingue vraiment le groupe. Et puis, le nerf de la guerre, c'est à dire les chansons, sont là, on sent un vrai savoir-faire dans le songwriting avec une successions de bonnes idées toutes bien exécutées. Et une interprétation du groupe compacte et efficace, donnant vraiment envie de les voir en live, si possible dans un pub tant qu'à faire, tant on sent ces morceaux bâtis pour la scène.


  Bref, on a vraiment affaire avec cet album à une très bonne sortie de rock français, un projet qu'on sent vraiment mûri (même l'artwork est très cool), et qui fait du bien à entendre tant le genre et la provenance géographique rendent l'entreprise délicate à aboutir et donc rare et précieuse lorsqu'elle est comme ici aussi aboutie.
Bonne écoute !


Alex


jeudi 1 février 2018

Shitkid - This Is It EP (2018)

  Shitkid est le projet rock de la jeune suédoise Asa Soderqvist, dont on a déjà parlé il n'y a pas si longtemps sur le blog. J'avais en effet adoré son dernier EP sorti l'an dernier, au point de le glisser dans mon Top EPs 2017. La jeune impertinente au look pas si éloigné de celui de Becca dans la série Californication pousse l'attitude rock jusqu'à appeler son album en réponse au Is This It (2001) iconique des Strokes et à commencer le 1er titre en chantant "uuuuh I can't get no satisfaction". Pour vous situer le genre de rock référencé, sauvage et électrique qu'elle produit. Et cette attitude paie, en témoigne son chant sensuel et narquois à la fois, qui est au coeur du drone néo-grunge de "Favourite Thing" dans lequel elle allie séduction et menace avec brio. La séduction est assurée sur la meilleure chanson de l'EP, "Yooouuu",  ne reposant que sur le chant captivant de Soderqvist. Cette chanson est absolument magistrale. 

Shitkid - Yooouuu (2018)

  L'aspect slacker de l'attitude rock est assurée par la sympa "Spring Theory", qui est tout de même un peu convenue et moins intéressante. Mais malgré ce côté rock, elle n'a pas peur non plus d'écrire des pop songs accrocheuses malgré et grâce à la saturation, comme "Oh Me I'm Never", pervertissant le rock des années 2000, un peu comme si on entendait une chanson des Ting Tings jouée par les Kills. Autre bon exemple, "All My Fears" et son beat 4/4 primaire presque dance punk et ses guitares tranchantes au son riche. Seule ombre au tableau, la suivante, "High Way", est un peu trop proche sur tous les plans et fait un peu redite.

Shitkid - Favourite Thing (2018)

  Bref, l'EP est tout de même globalement vraiment, vraiment bon, et vous vous devez de filer l'écouter sur Spotify ou Deezer.

 Alex

vendredi 26 janvier 2018

Ty Segall - Freedom's Goblin (2018)


  Vous le savez probablement pour les habitués, Ty Segall est un habitué de nos colonnes, ainsi que de nos tops de fin d'année. Il ne déçoit jamais et, du moins en solo, est sur une lancée de classiques absolument colossale depuis le début des années 2010, avec au moins un indispensable par an, souvent davantage, et tous différents. Pour le meilleur des plus récents, réécoutez Slaughterhouse (2012), Twins (2012), Sleeper (2013), Manipulator (2014), Emotional Mugger (2015) et Ty Segall (2017). Et vous pouvez y ajouter ce Freedom's Goblin, sorti en ce glorieux mois de Janvier 2018.

  Ce dernier, contrairement à nombre de ses prédécesseurs, ne se définit pas par un son ou un thème unificateur mais plutôt par la liberté totale que Segall et ses comparses du Freedom Band (Mikal Cronin à la basse, Charles Moothart à la batterie, Emmett Kelly à la guitare et Ben Boye au piano, échangeant souvent les instruments) s'accordent sur chaque titre, donnant un côté davantage centré sur les chansons que sur l'album dans son ensemble, l'unité de base, le cadre et le centre de l'attention étant donc la chanson en elle-même, à la manière de Gumboot Soup (2017) des King Gizzard & The Lizzard Wizzard. Cette liberté est aussi présente dans la longueur des titres (de 1'06 à 12'02) ainsi que dans celle de l'album (19 titres pour 1h15). Cependant, on peut y trouver certaines constantes : un son résolument 70's avec de grosses influences glam rock (le rapprochant de Manipulator), et un peu de jazz en plus de ce qui fait le style de Segall, ce mélange de grunge, punk, garage, hard, classic rock, pop, psyché et folk inimitable.

Ty Segall & The Freedom Band - "Fanny Dog", Live at KCRW 2018

  Le côté glam, on l'entend dès les cuivres décadents de l'excellente "Fanny Dog", très Bowie période Diamond Dogs, avec ces guitares saturées quasi grunge, mais également très shock rock, et une écriture marquée par la country-folk, qui, associée à ce déluge sonique, donne un côté Jack White à l'ensemble. Le Bowie funk, cette fois ci celui sous coke et influence berlinoise de Station To Station, est convoqué sur "Despoiler of Cadaver" au traitement du son quasi dub absolument génial, digne du Brian Eno 70's, et à la fantaisie proche des contemporains Ariel Pink ou Soft Hair (LA Priest & Connan Mockasin). 

  Cette dernière, ainsi que des morceaux comme "Meaning", à la première partie géniale avec notamment un groove kraut ultra réminiscent de Can et aux dissonances malicieuses, augurent d'une direction très intéressante pour Ty. En revanche, la dernière partie de la chanson, pseudo punk hardcore, me convainc moins, même si la transition WTF à la Frank Zappa va bien avec le style de l'album. Ce côté déglingué est d'ailleurs très bien réussi sur l'interlude "Prison", sur "Talkin 3" entre Sex Pistols, White Stripes et free jazz, ou sur "The Last Waltz", chanson de pub psychédélique, entre les Mothers Of Inventions, Traffic, Captain Beefheart et les Beatles psyché à leur plus j'en foutiste.

Ty Segall & The Freedom Band - "Despoiler Of Cadaver", Live at KCRW 2018

  Du côté de la pop classique, on entend un peu la grosse influence revendiquée de John Lennon dans toute sa douceur, sa fragilité mais aussi sa furie sur "Rain", titre à la fois délicat et rageusement glam sur le refrain dissonant façon Lou Reed et encore une fois Bowie. Ce songwriting mélodique quasi country est retrouvé sur l'également très bonne "My Lady's On Fire", réminiscente du meilleur de Harry Nilsson et contenant également des cuivres à tomber, et sur la très Beatles "Cry Cry Cry", absolument géniale. "I'm Free" continue ce côté folk, mais cette fois-ci entendu à travers les oreilles des Who circa Tommy (d'où son titre ?).

  Tout comme "You Say All The Nice Things", rapprochant de façons inimaginable pour moi Ty Segall et la période glam/folk/rock de Of Montreal (2013-2016), à la fois musicalement et surtout vocalement. D'ailleurs, l'influence également assumée de T Rex, commune à Kevin Barnes d'of Montreal et à Segall, contribue à les rapprocher et ça s'entend sur la génialissime "The Main Pretender", glam saturé au groove funk liquide et sexy et épicé d'un petit côté free jazz tranchant. Un des sommet de l'album.

  On entend davantage le rock des années 2000 (White Stripes, Black Keys, The Kills...), sur le début de "Shoot You Up" avant une deuxième moitié façon Beatles décadents (période White Album). Ce rock moderne, autant influencé par Prince que par le post-punk 70's, revient sur "Every 1's A Winner", qui sonne ample et clair comme les Black Keys de Brothers, mais avec ce côté funk et vicieux en plus, largement amené par des percussions incroyablement bonnes. La rythmique est également le point fort de la scie punk-grunge "When Mommy Kills You", un peu plus attendue et prolongeant le style de Segall sur son album Twins, tout comme "Alta" un peu plus loin, sur laquelle Ty a le mérite d'enrichir le morceau d'un pont très riche et absolument délicieux. Tout comme il enluminait son style de trouvailles fantastiques sur Ty Segall, sorti l'an dernier. On sent que niveau compo et arrangement, de manière générale, l'heure est au perfectionnement extrême.

Ty Segall & The Freedom Band - "Alta", Live at KCRW 2018

  Dans le registre hard, quasi métal 80's, on a "She", avec guitares shred, grosse guitare rythmique bien grasse, plutôt bon morceau dans un genre qui a pourtant en général du mal à m'emporter. Et puis "5 Ft Tall" est une très honorable tentative de retrouver la folie furieuse de Slaughterhouse, malheureusement malgré ses petits apports jazz dans les arrangements elle manque un peu de personnalité. 

  Et puis il y a le morceau de bravoure de plus de 12 minutes "And, Goodnight", entre prog rock saturé, Beatles, Jack White encore une fois, et soul-funk au début, qui part vite dans une suite de soli virtuoses et kiffante (les deux ne vont pas toujours de pair), avant de retomber sur ses pattes blues façon Albert King.

  Vous l'aurez compris, c'est un disque dense, parfois un peu trop avec quelques titres un peu plus faibles. Un disque très référencé également, mais même si les influences sont un peu plus audibles qu'avant (ce qui est sans doute dû aux compos assez spontanées les faisant ressortir), elle ne font à aucun moment sortir du disque, et contribuent à au côté bric-à-brac assez charmant et amusant de ce disque. Qui malgré la diversité des styles abordés et des instrumentations arrive à rester relativement cohérent, ce qui n'est pas rien, et à ne jamais lasser malgré la durée, ce qui est carrément un exploit.

  En résumé, ceci n'est pas le meilleur album de Ty Segall mais c'est un très, très bon album, bien produit, solide, généreux, riche, avec des sommets très hauts (parmi les meilleures chansons qu'il ait jamais écrites), et une intégrité totale. Et rien que pour ça c'est déjà un incontournable de 2018. 

Alors bonne écoute !

  D'ailleurs, l'album est disponible en streaming sur youtube par ici, ou alors là sur le site de NPR, et quelques morceaux sont en écoute sur son bandcamp

  J'ai truffé l'article de nombreuses références, et pour que ce soit plus pratique pour vous d'entendre où je veux en venir, j'ai glissé les liens vers des chansons (sur youtube) illustrant mes propos, n'hésitez pas à les utiliser !

Alexandre


mardi 25 octobre 2016

Pixies - Head Carrier (2016)




  Comment évoquer objectivement un album des Pixies en 2016 ? Quand on a passé comme moi son adolescence à marteler sa batterie en beuglant sur leurs premiers albums ? Pour moi, les Pixies étaient une légende. Il n'existaient plus, séparés depuis longtemps. Et là, au lycée, ils se reforment, tournent à nouveau ensemble. Incroyable. J'ai pas eu l'occasion de les voir, dommage. Encore plus incroyable, quelques années plus tard, une série d'EPs qui aboutiront à un nouvel album, le décrié Indie Cindy, qui alternait entre bons morceaux et remplissage dispensable. Après quelques changements (de personnel notamment, bye Kim Shattuck, pour remplacer Kim Deal ce sera Paz Lenchantin désormais), Head Carrier, ce deuxième album post-reformation sort enfin. 

  Et il est plutôt bon. Ne vous attendez pas à du Doolittle ou du Bossanova niveau qualité, on n'en est pas là. Mais c'est un solide disque de rock / power pop typé nineties. Le morceau titre, "Head Carrier", est un très bon titre de pop-rock, avec d'excellentes guitares, une mélodie bien présente. On reste pas mal dans le son de Trompe Le Monde en plus soft. Très bon début. "Classic Masher" est moins originale et subtile dans sa mélodie et sa construction, mais est très efficace dans le genre time capsule nineties. Pour l'instant ça fonctionne bien.

  Dommage, le plus énervé "Baal's Back" est poussif. Heureusement, il est rattrapé immédiatement par "Might As Well Be Gone" qui reprend les choses où Come On Pilgrim / Surfer Rosa les avaient laissées, avec un son plus pop indé 90s avec des arrangements de glockenspiel etc... façon Eels. "Oona" est quand à elle une efficace chanson rock qui ne s’embarrasse pas de subtilité mais passe bien quand même.



  "Talent" est quand à elle carrément excellente dans le genre pop-punk, et est suivie par une efficace "Tenement Song" au refrain grunge fédérateur même si un peu gros. Malheureusement, "Bel Esprit" n'est pas inoubliable même si sympathique.

  Vous allez être choqués par le début de "All I Think About Now" qui est carrément une resucée de "Where Is My Mind", chantée par Paz Lenchantin en hommage à Kim Deal (paroles de Frank Black). C'est bizarre au début, mais le texte est bien foutu quand on connait un peu l'histoire du groupe, et c'est transférable à n'importe quelle histoire d'amitié qui a mal fini pour une raison ou une autre ("I Remember When We Were Happy / That's All I Think About Now / If You Have Any Doubts / I Wanna Thank You Anyhow"). D'ailleurs, que ce soit au chant sur cette chanson ou les choeurs dans le reste du disque, Lenchantin fait un super boulot vocal, en plus de la basse. Le plus énervé "Um Chagga Lagga" est très réussi. "Plaster Of Paris" est sympa dans un genre pop plus léger, et "All The Saints" est pas mal du tout aussi.

  Bref, les Pixies ont regagné en confiance et nous ont sorti un bon disque, pas parfait mais très solide, et très encourageant pour la suite de leur deuxième partie de carrière. Vous pouvez l'écouter ici notamment, revenez ensuite nous voir pour nous donner votre avis !

Alex