Le combo rock Parquet Courts émerveille une fois de plus avec un album assez formidable. Urgence punk façon Ramones, intensité et curiosité des Clash, chaleur du son rappelant The Saints, folie des Talking Heads, tout ça est un condensé d'une somme d'influences jamais envahissantes mais toujours utilisées à bon escient ("Total Football").
Le chanteur Andrew Savage est particulièrement mis en avant sur ce disque, ayant passé un cap en termes de confiance en lui et de charisme. Ecoutez "Violence" pour vous en convaincre. Au passage, les influences afro-funk (Francis Bebey, William Onyeabor, Mammane Sani), l'utilisation de claviers intensive et le son rond à la chaleur vintage sur ce morceau et sur "Before The Water Gets Too High" sont probablement à créditer à Danger Mouse (Gnarls Barkley, Norah Jones, The Black Lips, The Black Keys...) qui produit le disque. Ces influences afrofunk, mêlées à un zeste de Talking Heads, de dub et un beat discoïde (un poil disco-punk façon DFA) sur "Wide Awake" donne un résultat étonnamment cousin du dernier Arcade Fire (Everything Now, 2017), l'urgence en plus.
Parquet Courts - Wide Awake! (Clip, 2018)
Mais le groupe n'est absolument pas en retrait, c'est même tout l'inverse. La basse est bien mise en avant dans le mix, habilement complétée par une batterie puissante, et les guitares sont aussi agiles que féroces. Ils explorent tous ensemble une pop 60's psychédélique et virtuose, proche des débuts des Pink Floyd est pas si éloignée d'Ariel Pink ("Mardi Gras Beads"), créent une pop hybride entre funk, dub et psychédélisme invoquant à la fois Franz Ferdinand, Gorillaz et Syd Barrett ("Back To Earth"), mixent les Beatles de Sgt Pepper, Weezer et les Clash ("Freebird II"). Les Parquet Courts et Danger Mouse jouent aux sorciers de la pop ("Death Will Bring Change"), un peu à la manière d'un Beck ou du groupe Blur, et c'est sur ce terrain qu'ils offrent leurs meilleurs morceaux. Cf pour vous en convaincre la pop post-Motown de "Tenderness" montrant le groupe dans un registre aussi inattendu que jouissif.
Parquet Courts - Mardi Gras Beads (Clip, 2018)
Mais ils n'en oublient pas le mix de punk ironique et de post-punk psychotique aux inclinaisons slacker qui a fait leur réputation ("Almost Had To Start a Fight / In And Out Of Patience", "Normalization" avec un côté presque Rage Against The Machine mâtiné de Gil Scott Heron et d'idées rythmiques venues de la jungle). Qu'ils mêlent ce style bien maîtrisé à un poil de rockabilly et de funk ("NYC Observation") ou à une pop-punk véloce réminiscente des Buzzcocks ("Extinction"), ces chansons ne sont probablement pas les meilleures de l'album mais elles restent efficaces.
Parquet Courts - Almost Had To Start A Fight / In and Out of Patience (Clip, 2018)
Avec ce disque riche, au son fouillé et aux morceaux captivants, les Parquet Courts charment lorsqu'ils s'aventurent sur des territoires plus pop ou funk, et passent un cap en montrant toute l'étendue de leur musique, gagnant en densité sans perdre en intégrité. Un excellent disque qu'on n'attendait pas aussi tôt dans leur carrière, prouvant ainsi tout leur talent.
Alex
Comme d'hab, une écoute accompagnée, influente. A l'écoute, j'ai cru à un groupe Anglais, genre Buzzcocks ayant décidé de pencher vers les Beastie Boys (me voilà parti aussi avec des références) Pour des écoutes syccesives, je sais pas, mais les écoutes à la volée sont bien colorées et énergiques.
RépondreSupprimerDe bonnes références aussi :) Super que tu apprécies !
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