Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 31 août 2018

"Fool's Rush In" : de Sinatra à Disclosure

Tommy Dorsey, Frank Sinatra - Fools Rush In (1940)

  "Fools Rush In" est un morceau écrit par Johnny Mercer et composé par Rube Bloom en 1940. Son interprétation l'année même par l'orchestre du tromboniste Tommy Dorsey, chantée par un tout jeune Frank Sinatra, ainsi  que la version de Billy Eckstine feront connaître cette chanson mélancolique, à la mélodie mémorable et aux paroles marquantes avançant un angle original à l'éternel motif de l'amour fou ("fools rush in where angels fear to tread" - les fous se précipitent là où les anges n'osent pas s'aventurer). 

Billy Eckstine - Fools Rush in (1940)

  Le morceau prend petit à petit sa place parmi les classiques de la pop américaine, étant régulièrement repris au fil des années, par des jazzmen comme Glenn MillerStan Getz en 1952 ou Zoot Sims en 1956, ou par des chanteuses de variété/pop comme Jo Stafford (1953) ou Peggy Lee.


La versio de Stan Getz

Zoot Sims - Fools Rush in (1956)

  A partir des années 60, c'est l'explosion. Julie London en donne deux versions sensuelles et chic en 56 puis 64, Etta James dynamise le morceau et lui donne une nouvelle ampleur soul, Brenda Lee en fait un morceau country/pop, Dean Martin croone langoureusement le long de ses notes délicates, et Ricky Martin en fait un hit (1963).

La version de Julie London

La version d'Etta James (1962)

La version de Ricky Nelson (1963)

  Le morceau est vite devenu un classique incontournable, repris aussi bien par Elvis Presley, Johnny HartmanUB-40, She&Him, il est même présent dans la BO de Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Cette chanson intemporelle a donc fini par devenir immortelle, ressortant régulièrement avec un nouvel habillage, sa douce mélodie et son thème inusable s'adaptant à tous les styles et toutes les modes, de la soul/pop orchestrale du très jeune Frankie Lymon jusqu'au funk 80's (cf la version de Bow Wow Wow).

La version d'Elvis, quand même

La version de Frankie Lymon


La version de Bow Wow Wow (1982)

  Mais si je vous parle de cette chanson, c'est en partie grâce à la version de 1961 du groupe de doowop/jazz vocal The Four Freshmen, sans aucun doute une des plus belle. J'ai un petit à la mélodie entêtante, d'ailleurs on n'a pas de mal à entendre dans ce morceau ce que les Beach Boys piqueront à ce style musical en termes de perfection vocale. 

La très belle version des Four Freshmen (1961)

  Mais si j'en suis venu à écouter cette version, c'est grâce à une série de singles que le duo d'électronique anglais Disclosure vient de sortir afin de rendre hommage à leurs influences musicales. Un des morceaux, nommé "Where Angels Fear To Tread", se base sur un sample de la version des Four Freshmen de "Fool's Rush In", et c'est une petite pépite du genre. Laissant les harmonies vocales angéliques du groupe porter l'émotion, les british se contentent d'en souligner la beauté avec un beat simple, catchy mais discret, une basse subtile qui élève agréablement l'ensemble et quelques synthés et effets sublimant le tout sans en faire des caisses. Un monument de bon goût, qui a tourné en boucle dans mes écouteurs depuis sa sortie et que je vous invite fortement à découvrir ci-dessous :

Disclosure - Where Angels Fear To Tread (2018)

  Cet article illustre en tous cas bien la beauté de la découverte musicale. Sur un coup de cœur, en remontant le long des samples, reprises ou influences, on tombe sur des merveilles absolues, et c'est ce que je voulais partager avec vous aujourd'hui.

Bonnes écoutes !

Alex



mardi 28 août 2018

Thee Oh Sees - Smote Reverser (2018)


  On ne compte plus les sorties ni les grands albums pour Thee Oh Sees, le groupe phare du génial et prolifique John Dwyer. Mais une chose est sûre, ce Smote Reverser fait partie de mes oeuvres préférées du groupe mythique. Sachant réinterpréter la mythologie rock à sa sauce, le groupe utilise une science du rythme et du son venue tout droit du krautrock de Can pour osciller entre mélodie mystérieuse et sensible et explosions rock, le tout sur un groove funky hypnotisant (la magnifique "Sentient Oona", un très grand morceau rock). On pense à un croisement entre Syd Barrett et T.Rex joué par King Gizzard sur la très accrocheuse "C", nourrie à une soul sudiste d'une chaleur marécageuse. Les pop songs nocturnes sont en effet un point fort de ce disque et du groupe en général, surtout lorsqu'elles sont assaisonnées de soli de guitare blues-rock comme sur la superbe "Moon Bog".

Thee Oh Sees - C (2018)

  Les carillons de la guitare psyché de "Last Piece" émulent la fin des 60's, entre Byrds, Velvet et Who, en ajoutant à ce son une gravité propre au rock des années 90 avant de partir en explosion néo-prog quelque part entre le Genesis des débuts et Yes. Le rock psychédélique et plombé de "Enrique El Cobrador" évoque aussi bien les Black Angels que le groove électro-rock de son autre projet sous le nom Damaged Bug pour les mélodies vocales froides et obsédantes (ainsi que pour les synthés, comme sur la très belle "Beat Quest" aux arrangements presque Gainsbourgiens avant de virer prog)

  L'album fait également très bon usage d'un son rock californien décadent, nourri de cavalcades rythmiques funk, d'orgue acide et de guitares scintillantes (cf l'impressionante démonstration "Overthrown" aux accélérations punk presque hardcore, et le plus subtil "Nail House Needle Boys" au groove bluesy), façon BO de la série Californication. Le côté hard rock est parfois esquissé, et entre deux cavalcades de guitare façon King Crimson, on se prend à penser au MC5 ou à Black Sabbath, ainsi qu'à des groupes plus récents comme les urgents Lords of Altamont ("Abysmal Urn"), et les envolées façon Hawkwind ou Camel de "Flies Bump Against the Glass" nous feraient presque classer ce disque au rayon rock progressif (ainsi que sa pochette, quoiqu'elle aurait fait bonne figure sur un disque métal).

Thee Oh Sees - Overthrown (2018)

  Le krautrock expérimental et funky de Can est également l'influence principale de la longue jam "Anthemic Aggressor", un poil démonstrative au long de ces 12'13" mais jamais à court d'idées. 

  C'est donc encore une éclatante réussite artistique pour Dwyer, un autre très, très bon album qui fait honneur à une discographie gargantuesque et qualitativement impressionnante. Les influences venues du garage, du hard et du psychédélisme se mêlent à merveille à une pop-folk nocturne volontiers accompagnée de touches électroniques et glam rock, assaisonnée de soul, de blues et de funk, dans un mélange rendu cohérent par une approche inclusive des différents genres musicaux venue du rock progressif et du krautrock, les deux genres qui forment la matrice de cet album. A écouter absolument.


Alex


dimanche 26 août 2018

Future - BEASTMODE 2 (2018)


  Le king du mumble rap revient avec cette suite à sa tape de 2015 BEASTMODE (produite par Zaythoven), son projet le plus sérieux depuis le diptyque FUTURE/HNDRXX (2017). L'hyperactif s'était entre temps fendu d'un album collaboratif avec Young Thug et de la BO du remake de Superfly, ces deux projets étant sympathiques mais pas indispensables non plus. La première tape du nom, celle de 2015, avait une certaine sensibilité pop (cf des morceaux comme "No Basic", "Where I Came From", "Just Like Bruddas" ou "Peacoat"), utilisant la virtuosité au piano de Zaythoven et les textures synthétiques quasi électro-pop et parfois à la limite de la pop japonaise, avec un petit côté BO jeux vidéos ("Lay Up", "Forever Eva") comme écrin à un rap mélodique et expressif. Sa suite, elle aussi signée par Zay et teasée depuis 2016, continue donc dans cette même lancée, et "WIFI LIT" démarre les hostilités en terrain connu, c'est à dire une charmante électro-pop vaguement orientalisante ponctuée de sons synthétiques et d'un piano printanier, portée par le flow entêtant d'un Future aux instincts mélodiques intacts. La seule différence, c'est la maturité musicale acquise en trois ans, qui s'entend surtout grâce à un mix plus aéré, mettant davantage en avant ses éléments et gagnant ainsi en relief. 

La mixtape complète, sur youtube

  Le côté mélancolique, chill de morceaux comme la quasi comptine "CUDDLE MY WRIST", traversées de parties de piano entre jazz soft et blues, ajoute à ce côté mature, un poil nostalgique, pensif et posé. Des fulgurances mélodiques au piano et dans le flow de Future, toujours assisté par son autotune magique, transcendent des morceaux comme le magnifique "RACKS BLUE", un morceau très expressif et touchant. On approche presque le somme "Codeine Crazy" sur ce dernier, ainsi que sur "RED LIGHT", où le duo a eu la bonne idée de mettre le piano et quelques cordes en avant, donnant un aperçu de ce qu'aurait pu donner un album de rap moderne produit par Chilly Gonzales (en espérant qu'un rappeur réponde à ses appels du pied). On n'est pas si loin d'un style adult contemporary influencé par le jazz des cocktails et des piano bars, méritant l'appellation de post-Katrina blues apposée à la musique chantée-rappée depuis Lil Wayne.

  Dans un style tout aussi touchant, mais plus proche de l'électro-pop de groupes comme Passion Pit musicalement, Future est déchirant sur "WHEN I THINK ABOUT IT". Zaythoven s'y surpasse également au piano, aboutissant à un grand morceau. "HATE THE REAL ME" utilise des synthés qui sonnaient déjà too much dans les 80's comme sur Pluto, qui avait fait décoller Future en 2012, ou sur des morceaux plus récents comme la géniale "Lie To Me", présente sur le très cool EVOL (2016). Et elle les utilise là encore à des fins plus adultes et matures que jamais, avec un côté auto-référentiel très intéressant, tant pour souligner le temps passé depuis ces marqueurs de sa carrière (et donc de sa vie), y invitant une distance critique, une complicité malicieuse et bienveillante avec l'auditeur l'ayant suivi depuis, et un certain sens de la continuité. 

Zaythoven (à gauche) et Future (à droite)

  Même des morceaux plus classiquement trap profitent de cette ambiance pop et de ce feeling émouvant, comme "31 DAYS", sur laquelle le flow de Nayvadius se fait aussi agile et instinctif que celui de Young Thug. L'influence de ce dernier est également présente sur la très pop "SOME MORE", à l'aspect comptine dopée aux basses trap faisant également penser à Lil Yachty. Pour autant, le fun et le rythme n'ont pas disparu, comme sur "DOH DOH", qui utilise avec malice un pattern proche du thème de James Bond pour déballer des onomatopées régressives et le flow sudiste de Young Scooter (qui fait furieusement penser à un croisement entre T.I. et YG ici). 

  Ce qui s'annonçait comme une petite mixtape sans grandes ambitions se révèle être une oeuvre majeure de Future, à la hauteur de ses meilleurs disques, sans doute au-dessus du premier BEASTMODE (2015). Profitant d'un instinct pop intact et de la virtuosité de Zaythoven au piano, Future accouche d'un disque tirant le meilleur parti de sa concision (9 titres seulement, une bénédiction pour un disque de rap mainstream) et de la diversité des ambiances sonores abordées au sein d'un projet par ailleurs cohérent thématiquement, à l'instar d'EVOL (2016). Bref, c'est un magnifique disque.

A écouter sur Spotify et Deezer



Alex


vendredi 24 août 2018

The Internet - Hive Mind (2018)


  Depuis le très bon Ego Death en 2015, The Internet a perdu son claviériste Jameel Bruner, mais chaque membre restant en a profité pour sortir au moins un album solo en 2017 tout en restant fidèle à son groupe. La chanteuse Syd a sorti l'excellent Fin, le génial claviériste Matt Martians l'excellent The Drum Chord Theory, tout comme le batteur Christopher Smith qui a sorti le très cool Loud  sous le nom C&T, et le bassiste Patrick Paige II a sorti plus récemment Letters Of Irrelevance (2018). Mais si la chanteuse Syd est devenue une star grâce à son album et à quelques collaborations bien senties, c'est Steve Lacy, le guitariste et multi-instrumentiste (batterie, claviers, basse) qui a pris une place énorme dans le paysage Pop, avec son EP solo Steve Lacy's Demo d'abord, puis en collaborant avec tout ce que la scène musicale à l'intersection de la pop/rock, du rap/rnb, et de la soul/funk a fait de plus intéressant (Ravyn Lenae, Tyler The Creator, Kali Uchis, Kendrick Lamar, Goldlink...). Il s'impose comme un des producteurs/musiciens les plus talentueux et les plus demandés de son époque. 

  Après toutes ces aventures leur ayant permis d'étendre leur palette musicale tout en gardant une certaine cohésion (ils ont tous joué sur les disques de leurs collègues), le groupe s'est donc réuni pour donner une suite à leur discographie, avec en tête une organisation un peu moins fixe, chacun étant libre d'apporter des idées à la composition et à la production, le chant étant également davantage assumé à tour de rôle. Le groupe sonne comme une entité unique et riche, sonnant à la fois ultra moderne (tous ses membres étant demandés par les plus grands) et intemporel, sachant mêler les styles, les influences et les instruments pour en faire leur sauce. 

The Internet - Roll (Burbank Funk) (Clip, 2018)

  L'introductive "Come Together" démontre tout leur talent, entre funk humide, rnb mélodique et sensuel, et néo-jazz au psychédélisme tranquille, assez proche d'artistes comme Thundercat, dans la droite ligne de génies nu-soul comme D'Angelo et Erykah Badu. Les tempos et les ambiances se succèdent sans se ressembler, et les morceaux se font funky et rythmés comme sur "Look What You Started" ou le génial single "Roll (Burbank Funk)" au léger parfum house 90's. Parfois, ils prennent une teinte plus sensuelle voire érotique comme la très douce ballade "Stay The Night" et sa guitare mélancolique, ou "Come Over" dominée vocalement par Syd et sublimée par des petites piques de guitare portant la signature de Steve Lacy. D'autres morceaux, comme "Mood", It Gets Better (With Time)" ou "La Di Da", sont un peu la synthèse heureuse de tout ce que je viens d'évoquer, ce qui illustre la cohérence stylistique parfaite de cet album. N'oublions par de mentionner les lignes de basse, souvent monstrueusement réussies, qui aident grandement à structurer le disque aux côtés de la science du beat du batteur et des programmateurs. 

The Internet - Come Over (Clip, 2018)

  Chaque morceau possède un univers sonore unique, un groove et une mélodie immédiatement identifiables. La caisse claire surdimensionnée de "Bravo", le beatbox post-Timbaland de "Next Time / Humble Pie" qui a la bonne idée de changer de beat en plein milieu pour virer soul futuriste façon Janelle Monaé. Le classicisme côtoie l'audace, comme lorsque le beat entre Motown et J Dilla de "Wanna Be", par ailleurs écrin magnifique pour les orfèvreries guitaristiques de Lacy et le chant divin de Syd, donne suite au groove post-Stevie Wonder de "Beat Goes On" qui finit quelque part entre du jazz et de la jungle rythmiquement. De même, les éléments qui composent "Hold On", pris séparément, sont somme tout assez classiques, mais leur agencement, haché mais fluide, jouant avec la stéréo avec malice, charme autant qu'il désarçonne et donne un côté alien, futuriste au morceau. Dans chacune de ces chansons, il y a le talent d'interprétation des instrumentistes et chanteurs.euses mais il y a surtout une myriade d'idées, de la composition à la production en passant par les arrangements. Le genre de bonnes idées qui font la différence, et qui sont la marque des grands albums pop.

The Internet - La Di Da (Clip, 2018)

  Je recommande donc plus que chaudement l'écoute de ce petit chef-d'oeuvre estival. Chacun des musiciens se démarque nettement, apporte sa pierre à l'ensemble de façon audible mais toujours au service du collectif, donnant un résultat cohérent et fluide (ce "Hive Mind" donnant son nom au disque). Sachant se mettre en retrait, ils donnent également un côté aéré à ces morceaux qui gardent une subtilité et une grâce rare. A écouter absolument !


Alex


mercredi 22 août 2018

Les Chansons de l'été : Let's Eat Grandma - Donnie Darko (2018)



  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  On va clore notre rubrique "Les Chansons de l'été", et revenir à nos activités habituelles, avec ce titre. Ne soyez pas tristes, même si la chanson en question fout un peu le bourdon et navigue entre mélancolie exacerbée, hédonisme et une rage quasi adolescente. Ce morceau, c'est "Donnie Darko", pièce de résistance de l'album du duo britannique Let's Eat Grandma. Construit autour d'un pattern de synthés obsédant, le morceau prend en ampleur au fur et à mesure que les guitares rock indé, les synthés et les voix ne s'y superposent, avant de filer vers un climax de pop synthétique et psychédélique fortement marquée par la house qui se déploie ensuite jusqu'à la fin du morceau dans toute sa subtilité et ses nuances, du néo-psychédélisme au rock indé épique post-Arcade Fire en passant par la pop-punk. 

  On y entend à la fois le talent immense et la sensibilité folle des deux filles qui arrivent à passionner sur plus de 11 minutes qui passent très vite, ainsi que leur côté bricoleur, quasi amateur, en tous cas authentique. Elles ont appris à faire de la pop seules, de leur côté, en autarcie, sans personne pour les orienter vers une direction préconçue, et elles ont trouvé avec ce titre leur formule magique et leur style furieusement personnel et radicalement unique. Il en résulte un petit miracle du genre, qui clôt avec brio notre série des titres ayant marqué notre été, et qui prouve que l'amateurisme en pop est une vertu lorsqu'il permet de se construire une identité singulière. 

Alex


lundi 20 août 2018

Les Chansons de l'été : DJ Screw & E.S.G - Sailin' Da South (1996)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Sorti en 1996 sur 3 'N The Mornin' Part Two, ce morceau de bravoure de DJ Screw porte bien la patte musicale de son auteur : ce chopped and screwed  psychédélique qu'a popularisé E.S.G. qui a posé les bases de cette track samplant son propre travail. DJ Screw était un visionnaire, et ce morceau pionnier, dense et épique montre l'étendue folle de son talent, de sa vision artistique, et sa sensibilité unique. 

  En tous cas, bravo à Travis Scott, qui a permis de faire redécouvrir cette légende de Houston, sa ville natale, en lui rendant hommage dans son superbe album Astroworld (2018) à travers ce qui en est probablement le meilleur morceau : "RIP Screw", en écoute ci-dessous (avec Swae Lee au chant). Musicalement, il garde respectueusement une légère distance vis-à-vis de son modèle tout en en gardant les traces, et les audaces de production d'un goût sûr et d'une réelle profondeur rendent cet hommage aussi sincère et beau que touchent. 


Alex

samedi 18 août 2018

Les Chansons de l'été : Lil Wayne - 6 Foot 7 (2011)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Lil Wayne est un génie incontrôlable du rap américain. Candidat sérieux au poste de rappeur le plus influent de tous les temps, l'artiste de la Nouvelle-Orléans a son lot d'hymnes convenant parfaitement à l'été, mais ce sont les percus lourdes et le sample insistant de "6 Foot 7" qui tournent en boucle dans mes platines en ce mois d'août, mettant en valeur le flow fun et expressif de Mr Carter. 

Alex


jeudi 16 août 2018

Les Chansons de l'été : Herlin Riley - A Spring Fantasy (2016)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Aujourd'hui, détournons "A Spring Fantasy" droit sortie de l'excellent album New Direction (2016) du batteur jazz Herlin Riley, pour l'associer à une autre saison : l'été, dont le calme chaud et suave convient parfaitement à l'élégance du morceau. Amateurs de jazz ou non, je vous conseille en tous cas de tenter l'écoute au moins de ce morceau, si possible de l'album, qui est excellent de bout en bout.

Alexandre

  

mardi 14 août 2018

Les Chansons de l'été : Young Jeezy - Thug Motivation 101 (2005)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Plus mystérieux que T.I., moins prévisible que Rick Ross, Jeezy (à l'époque encore nommé Young Jeezy) est un personnage intriguant musicalement. Comme sur la leçon "Thug Motivation 101" où il applique la dureté du rap sudiste pré-trap à une instru baroque hyperactive à la limite du psychédélisme. Son timbre traînant, râpeux, irréel, souvent doublé, ainsi que sa façon de fredonner en font un ancêtre du brouilleur de pistes Kid Cudi, que Kanye West appellera "l'artiste le plus important de la décennie". On peut d'ailleurs croiser Cudi et Jeezy sur 808s & Heartbreak (2008) de ce même Kanye, qu'on peut sans problème appeler "un des albums les plus influents de la décennie". Une partie de ce que vous pouvez entendre de plus bizarre et donc de plus passionnant dans le rap vient de là, c'est pourquoi je vous encourage à redécouvrir le Jeezy des débuts.

Alex


dimanche 12 août 2018

Les Chansons de l'été : Katerine - Les Objets (2016)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Cette petite miniature musicale de Katerine, très profonde par son texte, émouvante par son interprétation et burlesque dans la forme, est une merveille absolue. Quelque part entre Satie, le dadaïsme et la chanson française la plus intelligente que vous puissiez imaginer, c'est indescriptible tellement c'est bon, et la chance qu'on a d'avoir un doux dingue aussi génial en France, creusant son sillon et composant une oeuvre aussi colossale, est inouïe. Merci Katerine !

Alex


vendredi 10 août 2018

Les Chansons de l'été : Your Song Is Good - On (2017)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Le groupe de ska japonais Your Song Is Good (ou YSIG) est actif depuis 1998 et continue de nous régaler avec des pépites comme ce "On" issu d'Extended (2017), entre disco-funk, jazz, reggae au parfums ska et dub, et pop-rock. Un vrai délice du genre, absolument génial que je vous recommande vivement ! 

Alex

mercredi 8 août 2018

Les Chansons de l'été : Genesis - Invisible Touch (1986)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Que vous dire de plus ? Ce single pop que vous connaissez sûrement tous par coeur est une petite pépite du genre. Certes, le kitsch est présent et pas qu'un peu, mais c'est aussi ce qui fait le charme de ce titre délicieusement accrocheur.

Alex


lundi 6 août 2018

Les Chansons de l'été : Rick Ross - Hustlin' (2006)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  J'aurais pu mettre beaucoup de morceaux de Rick Ross tant son timbre chaud et ses choix de prods majestueuse et luxueuses au possible, faisant de lui un genre d'Isaac Hayes rap, le rendent indispensable aux playlists estivales. Mais j'ai finalement opté pour ce titre emblématique de sa première tape de 2006, Port Of Miami, tant elle possède le bounce et le swag inhérents aux excès de la saison. De manière générale, Ross est un de ces seconds couteaux du rap game mondial qui ne génèrent pas une dévotion populaire ou un respect critique à la hauteur des Kanye, Kendrick & co, mais qui mine de rien commencent à construire une oeuvre conséquente de leur côté. Oeuvre à redécouvrir sans préjugés et à apprécier. 

Alex


samedi 4 août 2018

Les Chansons de l'été : John Coltrane - My Favorite Things (1961)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Que vous aimiez le jazz ou non, je ne peux que vous conseiller l'écoute de ce merveilleux morceau au sens mélodique implacable. La mélodie de Coltrane obsède et capte l'oreille dès le début du morceau, et ses circonvolutions tout autour de ce thème principal relativement simple ne font qu'en renforcer la magie. Et le piano de McCoy Tyner, particulièrement virtuose, d'une puissance folle et d'une émotivité sans limites, vient catapulter ce morceau dans la liste des réussites éternelles. Le feeling instillé par ces quelques accords est inimitable, entre accords plaqués, harmoniques et mélodie, ce piano est décidément une merveille. Le morceau est passé en boucle dans mon casque tout l'été, et je vous recommande d'en faire de même.

Alex


jeudi 2 août 2018

Les Chansons de l'été : Biz Markie - Just A Friend (1989) & Freddie Scott - (You) Got What I Need (1968)


  Cet été, on vous fait replonger dans un déluge de chansons estivales sur LPAE. C'est vraiment chouette, c'est une rubrique qu'on fait tous les ans depuis un an, et ça s'appelle tout simplement "Les chansons de l'été", et ça vous permettra de savoir quoi mettre lorsque ce sera à votre tour de lancer un stream pendant le barbecue sur la plage

  Entre rnb et hip-hop, cet incroyable single du one-hit-wonder Biz Markie est un bonbon pop à la saveur estivale. Plein d'humour, il détourne la très bonne scie soul "(You) Got What I Need" (1968) de Freddie Scott (à écouter ci-dessous) et utilise sa mélodie inoubliable à bon escient. Le clip est également bien drôle, le moment où Biz apparaît en Mozart est un petit coup de génie visuel. Musicalement comme visuellement, ça préfigure bien des folies, d'Outkast à DRAM en passant par T-Pain et Lil Yachty. Bref, vous avez votre dose de sucrerie du jour.




Alex