Le producteur australien Steve Spacek s'est lancé un genre de défi artistique sur cet album : composer sa soul cosmique avec des applis pour tablettes et smartphone. Ça a l'air con dit comme ça, mais parfois une limitation technique pousse un artiste à se dépasser pour faire du nouveau, du frais, du bon, dans un cadre inhabituel, et c'est clairement le cas ici.
Steve Spacek - Rawl Aredo (2020)
Entre nu-soul chaude, jazz malicieux, P-Funk psychédélique, rnb, musique de jeux vidéos, house, techno... les influences se mêlent, dans un jeu avec les sonorités qui font cohabiter la froideur de l'électronique et l'âme de ces musiques, mettant à profit la rythmique mécanique de la machine pour mieux mettre en valeur le groove naturel de l'humain ("Rawl Aredo"). La voix apporte pas mal à l'ensemble, contribuant à la forte personnalité du disque, et le rapprochant de créatifs à cheval entre pop, soul/funk et hip-hop comme Steve Lacy, Matt Martians ou Thundercat ("Waiting 4 You").
Steve Spacek - Waiting 4 You (2020)
Les détours psychédéliques, aussi fun que du George Clinton et explorateurs comme chez Flying Lotus ou le regretté Ras G (la bouillonnante "Where We Go", la déconstruite "Higher Place"), inscrivent le disque dans une certaine filiation, et les influences house et techno 80's raccrochent les wagons avec les précurseurs de Chicago et Detroit ("Tell Me"), voire même avec les expérimentations groovy de l'électrofunk post-disco ("Songlife"), tandis que "African Dream" va chercher dans les avant-gardes actuelles de l'électronique des Caraïbes, d'Afrique et d'Amérique du Nord (il y a un peu de footwork là dedans). On a même droit à un petit détour entre post-dubstep et futurefunk/nu-disco sur "Love 4 Nano". C'est souvent tellement riche de sons, d'influences et de rythme qu'on a bien de la peine à décrire le morceau, comme "Single Stream" entre calypso, Marvin Gaye, Timmy Thomas, Gonjasufi et dub.
Steve Spacek - African Dream (2020)
L'album est très concis (9 titres, même si certains passent les 7 minutes) et il est agrémenté de 4 morceaux bonus également très bons, ("Bright Eyes Rev", "Child Insperation", "Who Cares", "Yu Used to Love Me"). C'est pour ma part une découverte totale et une sacrée claque. Au-delà de la performance technique, c'est un inspirant exemple de créativité et de maîtrise de ses influences musicales tout en exprimant une personnalité forte. Ce disque, qui ne ressemble à aucun autre, dégage une aura unique, et réinvente à son échelle l'électronique à sa sauce, et c'est un sacré exploit.
Mes morceaux préférés : Waiting 4 You, Rawl Aredo, Tell Me, Single Stream, African Dream
Alex
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