Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 10 avril 2020

Nicolas Jaar - Cenizas (2020)


  Plutôt conquis voire enthousiasmé par Sirens (2016), j'étais curieux d'entendre un nouvel album de Nicolas Jaar sous son nom (car l'homme est prolifique, sous plusieurs alias). Et ce Cenizas, fraîchement sorti, est à la hauteur.

  Gardant une orientation " pop " : concise, structurée de façon immédiatement compréhensible, avec quelques voix, c'est un album accessible, du moins dans sa première moitié. Le début de l'album a un ton très solennel, prenant. On démarre avec de l'ambient, sur "Vanish", qui se poursuit en harmonies vocales angéliques et se fond dans des samples vocaux presque religieux sur "Menysid",  à peine perturbés par les craquements d'une électronique concrète, palpable, distordue mais terrienne. Tout ça pour débouler sur la merveilleuse "Cenizas", chanson hantée et habitée, qui sonne surnaturelle -l'espagnol du chant pourrait être de l'elfique- et qui pourrait durer éternellement tant elle est belle et sait figer le temps. 

Nicolas Jaar - Cenizas (2020)

  La musique pique au jazz, au blues, au ragtime, au néo-classique, au funk et au rock ("Agosto", "Gocce"), voire aux musiques traditionnelles et au psychédélisme (la longue transe prog de "Mud") tout en étant perturbée, lacérée, ou au contraire soulignée, bercée par une électronique bien présente. Toujours aussi étrange et familière à la fois, comme une forme qu'on pense pouvoir toucher du bout des doigts sans jamais réussir à l'atteindre, la musique de Jaar intrigue. Même l'ambient se fait tantôt caressante, tantôt inquiétante comme une BO de film d'horreur psychologique ("Vaciar").

  En revanche, la deuxième moitié de l'album se fait un peu plus déconstruite et moins prenante ("Sunder", "Xerox" le free jazz de "Rubble") ou moins originale et plus plate ("Faith Made Of Silk"), mais quelques moment de grâce la transcendent, comme la magnifique"Hello, Chain" ou la délicate et sereine "Garden".

Nicolas Jaar - Gocce (2020)

  Globalement, c'est une oeuvre prenante, souvent brillante, assez unique dans son genre. Nicolas Jaar s'est enfermé dans un endroit paisible, sans alcool, clope, drogue ou même café pour le concevoir, dans l'espoir d'évacuer toute source de négativité. Mais il s'est rendu compte que celle-ci était toujours là, en lui-même, d'où la pochette déroutante évoquant l'introspection. C'est donc un album assez sombre, dépouillé mais torturé, parfois contemplatif, parfois plein de rage, étouffée ou qui s'échappe, et c'est assez passionnant à écouter. 

Mes morceaux préférés : Vanish, Cenizas, Agosto, Gocce, Hello Chain

Ecouter sur Spotify ou Deezer ou Youtube (via Other People)

Alex

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas et c'est étrange mais pas mal, il m'a même semblé entendre de la clarinette 😃...intéressant quoi..du coup je me suis prévu l'ecoute du précédent également...
    Sinon ton post précédent m'a fait réécouter le Klaxons, "Echoes"est toujours un sacré titre 😉

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    Réponses
    1. Yes dommage qu'il ait été mal reçu le 2e Klaxons ! J'adore leurs 3 opus, le 3e très électronique était chouette aussi, assez sous-coté :)
      Tu devrais bien aimer Nicolas Jaar en général ! Content que ça te plaise

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