Je le dis, et le redirai, cette année 2016 est lumineuse musicalement. Malgré le décès de nombreux grands, d'encore plus nombreux jeunes groupes sortent des trucs magnifiques. Ce disque de Still Parade en fait partie. Le groupe est adepte d'un songwriting pop de haute volée et d'une mise en son s'appuyant pas mal sur des sonorités synthétiques, tout en sachant rester organique.
L'introduction, "Seasons", commence comme cela, synthés aquatiques devant, voix nonchalante et douce, aussi mélancolique que joyeusement pop, rythmique sèche, chaleur estivale de l'instrumentation. Le tout très mélodique, et servi avec arrangements synthétiques épurés. Magnifique, dans la lignée de ce qui se fait de mieux dans le genre, de Tellier à Air en passant par Metronomy, De Roubaix, les Junior Boys, Baxter Dury et Tame Impala. Tout le bien qu'on pense alors du groupe est décuplé à l'écoute du tubesque (dans le sens le plus noble du terme) "Walk In The Park", entre hédonisme et mélancolie : la définition de la chanson pop parfaite (j'en ai déjà parlé ici, au passage). Ces accords lumineux me rappellent d'autres champions du genre, surtout le "Aller Vers Le Soleil" de Sébastien Tellier justement... Cette évidence, cette fraîcheur, cette sensation que chaque note est pile où elle devrait être, cette pureté des arrangements à la fois généreux et épurés, ça c'est en pop ce qui s'appelle être touché par la grâce et marcher sur l'eau. Comme Rundgren, Michael Jackson, McCartney & Lennon ou Brian Wilson en leurs temps. Je semble peut-être dans l'emphase là, mais ce genre de chanson pop c'est tout ce que j'apprécie, et je n'ai aucune réserve sur cette chanson, c'est du très très très bon.
Et le reste de l'album est à l'avenant. Le morceau-titre, "Concrete Vision", qui repose davantage sur la guitare (sauf lors de son élégiaque outro synthétique) est plus mélancolique mais tout aussi réussie et émouvante, avec là encore des sonorités modernes rappelant notamment le dernier Tame Impala, mais ancrées dans une tradition remontant aux sixties aventureuses.
Ce morceau est suivi par un "Let Go" là encore assez tubesque, avec des influences presque soul dans l'interaction claviers - section rythmique (magnifique basse)... et toujours ces suites d'accords renversantes. "07:41" repose sur une batterie chaloupée et un motif synthpop du plus bel effet, et possède elle aussi de beaux moments d'accalmies, des changements de rythmes et des parties plus enlevées. Le sens du timing, des pauses, de la retenue et de l'équilibre est d'ailleurs une des clés de la réussite de ce groupe sur cet album, tout est dosé avec une minutie et un naturel désarmants.
"Everything Is Going Down (Again)" enfonce le clou avec sa batterie estivale et ses nappes de synthé puissantes, et emporte tout sur son refrain déabusé, de même que le psyché "Chamber", plus rythmé, et "Morning Light", plus posé. L'album se conclut ensuite sur le franchement eighties "True Love", là encore tout en émotion, et pour les chanceux sur le magnifique bonus "Reason".
Bref, cet album est une vraie perle pop dans laquelle on aime se perdre encore et encore, afin de découvrir à chaque nouvelle écoute de nouvelles merveilles. Un des albums de l'année, faites moi confiance. D'ailleurs voici le lien Spotify pour écouter ce très très bel album. Foncez !
Alex