Les aventures musicales de deux potes

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jeudi 1 décembre 2016

2016 RétroPop : The Last Shadow Puppets - Everything You've Come To Expect, Andy Shauf - The Party, Those Pretty Wrongs - Those Pretty Wrongs & The Goon Sax - Up To Anything


The Last Shadow Puppets - Everything You've Come To Expect (2016)

  C'est dommage. Ce disque était un peu une arlésienne du rock moderne, un de ces albums que tout le monde attend avec finalement peu d'espoir de le voir réellement débarquer dans les casques et les enceintes. Et puis, une fois qu'il sort... Une ou deux écoutes distraites, et un "c'était mieux avant" plus tard, l'album est passé à la trappe. Triste syndrome.

  Car bon sang, il est bon ce disque. Presque autant que le premier, qui a eu l'avantage d'être à nos côtés pendant des années. Celui là, en quelques mois déjà, a pris de la bouteille, a gagné en saveur. C'est bon signe. 

  Les amateurs du premier disque seront en terrain connu avec le superbe "Aviation". Il y a toujours autant de pop 60s, de Scott Walker, de Love et de Hazlewood, mais les années passées, l'expérience engrangée et les influences se diversifiant, on peut aussi bien y déceler du Gainsbourg que de la soul. La composition est impeccable, les arrangements luxuriants et fins (merci Owen Pallett, cf "Pattern"), le chant parfait. L'expérience, c'est ce qui s'entend sur beaucoup de ces titres, moins énergiques mais plus finis, plus subtils, comme "Dracula Teeth" aux cordes mystérieuses et aux guitares twang, et "Miracle Aligner" (écoutez toutes ces couches de voix, l'écho suave sur la guitare, la rondeur de la basse, les subtilités des cordes, la douceur du chant....). C'est particulièrement audible sur "Everything You've Come To Expect", pop-soul filtrée de haute volée, sous patronage bienveillant des Beach Boys, de 10cc et d'Isaac Hayes.

  Mais le rythme sait accélérer, l'ambiance se faire plus moite, et les riffs plus mordants, comme sur l'irrésistible "Bad Habits". Au détour d'un beat hip-hop, le trip rétro rattrape 2016 ("The Element Of Surprise", la belle). Et puis, même si le chant de Turner convoque autant Iggy Pop qu'Elvis sur "Sweet Dreams, TN", on pense quand même beaucoup aux derniers Arctic Monkeys. C'est encore plus frappant sur la merveille de ballade lennonienne "The Dream Synopsis", où Turner fait des merveilles. Miles Kane et lui s'aventurent aussi dans des ambiances plus psychédéliques, comme sur le schizophrénique "She Does The Woods" et "Used To Be My Girl", qui est un peu moins intéressante que le reste du disque (comme "The Bourne Identity").

  Bref, le disque vaut vraiment le coup, et si vous faites partie de ceux qui sont passés à côté, redonnez-lui sa chance (en l'écoutant ici).





Andy Shauf - The Party (2016)

  Si vous aimez les grandes chansons pop, l'épure et les songwriters de génies à la Lennon, McCartney, Harry Nilsson, Elliott Smith (et plus récemment Christopher Owens, Tobias Jesso Jr), ne cherchez plus, vous avez votre disque. Vous serez d'ailleurs convaincu dès les premières mesures de "The Magician", morceau à la fois lumineux, plein d'espoir et plein de tension, d'un désespoir sans fond aux abîmes terrifiantes. Comme le classique pop instantané qu'il est.

  Et tout le disque est à l'avenant. Bien écrit, tellement bien construit qu'on se demande quel cerveau démoniaquement brillant a bien pu placer des arrangements aussi précisément où il le faut, quand il le faut, tout le long de l'album (cf "Early To The Party"). Quelques morceaux ressortent encore plus que les autres, comme "Quite Like You", "Begin Again" et "To You", mais j'aurais bien du mal à trouver des défauts ou des points faibles à ce disque, d'une cohérence sans faille et dont l'homogénéité en termes de qualité occulte totalement la mise en son sobre et le rythme lent de l'ensemble.

  Vous l'aurez compris, je vous recommande fortement de cliquer ici pour l'écouter, et profiter d'une grosse demie-heure de grâce.





Those Pretty Wrongs - Those Pretty Wrongs 

  Groupe formé par Luther Russell des Freewheelers, et Jody Stephens, connu pour avoir été le batteur des grands Big Star. Ce disque rappelle d'ailleurs énormément le groupe. Il est sorti sur Ardent, et a été enregistré avec du matos de Big Star (dont des guitares de feu Chris Bell, ce qui est un chouia glauque). D'ailleurs, c'est fou comme on entend le groupe dans cette musique, tant dans le son (guitares aériennes, mellotron, basse généreuse et choeurs troublants sur le magnifique "Ordinary"). C'est à la fois hyper jouissif, on croirait que Big Star ressort un truc et.... troublant encore une fois. 

  Mais ce sentiment est moins fort sur d'autres bons titres comme "I'm For Love", où l'influence est partagée avec les Byrds, et sur la suite de l'album, qui est un bel écrin entre psyché-folk et pop tranquille. Avec parfois un regain d'énergie rock sur "Thrown Away" au son très Mamas & The Papas.

  Ce qui est dommage, c'est que "Ordinary", le seul morceau vraiment 100% calqué sur les vieux Big Star, malgré son existence étrange et sa redondance, est le meilleur morceau de loin de ce disque qui souffre légèrement de mollesse malgré de grosses qualités mélodiques. Mais l'ensemble se tient très bien, et je vous encourage à l'écouter ici.





The Goon Sax - Up To Anything

  La pop post-punk des jeunes Goon Sax est très classe. D'ailleurs, "Up To Anything", le morceau titre, serait le genre de singles parfaits qu'un Baxter Dury sortirait s'il avait 20 ans. L'ensemble du disque est cohérent et se tient à merveille, et les singles "Boyfriend", "Susan" et "Icecream (On My Own)" sont immédiatement gravée au fond de notre boîte crânienne. Cependant, leur son très référencé et peu variable d'un morceau à l'autre (comme le tempo) peut lasser sur la longueur de l'album, mais c'est du chipotage. Dans l'ensemble c'est assez brillant, et ça s'écoute ici.



Alex

6 commentaires:

  1. Bien accroché à Andy Shauf, surtout, et aussi à The Goon Sax. The Last Shadow, bof bof, et le quatrième, je ne le connais pas. A creuser de mon côté, donc.

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    1. Content de lire que Shauf à été apprécié ! J'en ai peu entendu parler, sans la musique à papa je ne serai probablement jamais tombé dessus

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    2. Il faut lire IRM alors : http://www.indierockmag.com/article27631.html ;)

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    3. C'est vrai que j'y vais peu, je me suis fait la réflexion cette année !

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    4. Je plaisantais évidemment, si tu y vas peu, c'est qu'il y a des raisons. Il ne faut pas brusquer les choses =)

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    5. Le manque de temps surtout, sinon j'y passerais plus souvent c'est certain. La fréquence est assez conséquente, c'est difficile de suivre tout ce qui y est publié. Et puis il y a une certaine partie de la ligne éditoriale qui m'ennuie un peu, beaucoup de condescendance et d'artistes descendus un peu vite alors que leurs disques n'ont probablement pas été beaucoup écoutés par l'auteur, et à l'inverse une glorification de trucs que je trouve un peu stériles.
      Mais c'est bien aussi, ça prouve qu'il y a une ligne éditoriale et qu'on n'est pas chez les béni-oui oui des inrocks.

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