Ty Segall - Emotional Mugger (2016)
Ce disque est incroyable. Et le fait de le voir interprété sur scène n'a que renforcé l'excellente opinion que j'en avais. C'était sans aucun doute le concert le plus heavy de ma vie, les acouphènes m'ont un peu effrayés à durer plus longtemps que prévu (désormais ce sera bouchons d'oreilles obligatoires).
En effet, dès l'inaugural "Squealer", entre garage halluciné, folie psyché barrettienne, riff post-punk et solo virtuose, on est plongé dans l'ambiance si particulière de cet album. Les changements de rythmes ne préviennent pas, ils arrivent sans aucun sens apparent ("California Hills"), un peu comme sur "White Freckles" d'Ariel Pink.
Ce disque doit en fait venir d'une dimension parallèle où le rock californien a pour bases The Residents, les Talking Heads à leur plus paranoïaque (circa Fear Of Music on va dire), Barrett donc, Hendrix, Motörhead, une bonne louche de punk déviant et le gras des guitares grunge. Attention, l'aspect arty et radical du projet n'empêche pas les riffs inoubliables de s'ancrer dans le cerveau comme sur "Squealer", "Emotional Mugger / Leopard Priestess", "Breakfast Eggs" et "Candy Sam".
Bref, Ty Segall s'est (encore une fois) renouvelé avec brio et prouve toute l'étendue de son talent avec ce que je considère comme un classique instantané du rock moderne (à écouter ici).
Marching Church - Telling It Like It Is (2016)
Groupe du leader des excellents Iceage, ce groupe davantage post-punk est d'une qualité rare pour un side-project. Les morceaux d'une intensité émotionnelle presque insoutenable comme "Let It Come Down" (ma petite préférée) crèvent le coeur. Les morceaux plus rythmés sont tout aussi réussis, avec toujours cette gravité qui arrive à ne pas être pesante mais qui impose une ambiance radicale et ténébreuse, sans concessions. Le chant, même si il évoque quelques prédécesseurs comme Robert Smith, est assez personnel et donne une vraie identité à ce projet, et habite le disque avec une présence digne d'un Nick Cave. Un moment d'accalmie, et presque d'apaisement, avec "Calenture", et c'est un très bon disque qui s'achève avec un harmonica dylanien. Excellent !
Thee Oh Sees - An Odd Entrances (2016)
Deuxième album de 2016, et fin de la doublette initiée par A Weird Exits, ce disque est présenté comme un complément du premier (excellent, au passage, et chroniqué ici par nos soins). Fatalement, il souffre de la comparaison avec son aîné, et se révèle moins indispensable.
Pour autant, de la messe psyché de "You Will Find It Here" à la jam obsédante "Nervous Tech (Nah John)", il développe une ambiance qui lui est propre. Une ambiance plus apaisée et calme que son prédécesseur furieux et rempli de hits déviants. Comme sur la ballade psyché-pop "The Poem", point culminant de ce disque et merveille néo-sixties. Comme aussi sur cet étonnant mais délicieux "Jammed Exit", à la rythmique dub, à l'électro désuète et aux flûtiaux champêtres.
Même les morceaux plus rock se font plus déliés, le songwriting et le chant pop s'y immiscent avec talent comme sur "At The End, On The Stairs". On se croirait chez les United States Of America tellement c'est bon.
Il n'y a que le martèlement et le riff bourrin de "Unwrap The Fiend, Pt.1" qui soit aussi rock qu'à l'habitude, et encore, le tout est volontairement ankylosé.
Pour autant, de la messe psyché de "You Will Find It Here" à la jam obsédante "Nervous Tech (Nah John)", il développe une ambiance qui lui est propre. Une ambiance plus apaisée et calme que son prédécesseur furieux et rempli de hits déviants. Comme sur la ballade psyché-pop "The Poem", point culminant de ce disque et merveille néo-sixties. Comme aussi sur cet étonnant mais délicieux "Jammed Exit", à la rythmique dub, à l'électro désuète et aux flûtiaux champêtres.
Même les morceaux plus rock se font plus déliés, le songwriting et le chant pop s'y immiscent avec talent comme sur "At The End, On The Stairs". On se croirait chez les United States Of America tellement c'est bon.
Il n'y a que le martèlement et le riff bourrin de "Unwrap The Fiend, Pt.1" qui soit aussi rock qu'à l'habitude, et encore, le tout est volontairement ankylosé.
Pour résumer tout ça, ce disque fait finalement mieux qu'accompagner A Weird Exits comme une simple série de faces B. Il développe une ambiance bien à lui, avec des morceaux solides, et vaut le détour par lui-même. D'ailleurs vous pouvez par exemple l'écouter là, tout de suite, en cliquant ici.
Alexandre
Allez pour le Ty Segall, que je ne peux écouter maintenant (malgré ma gloutonnerie musicale, voir commentaire de ta part bien vu sur le Ty 2016, en fait sur le Proper...)
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