Benjamin Biolay - Palermo Hollywood (2016)
Palermo Hollywood est un album inspiré par la quartier du même nom de Buenos Aires, et un très bon retour en forme de Biolay, qui n'égale pas La Superbe niveau qualité , faute à quelques morceaux en dessous, mais qui a son lot de grandes chansons.
Les grandes chansons gainsbourgiennes sont au rendez-vous : "Palermo Hollywood", et "La Débandade". L'éclectisme de Biolay accouche également de merveilles aux saveurs world comme "Miss Miss" et "Palermo Queens". Le bougre arrive même à faire des merveilles en prenant le foot comme sujet (certes aidé par un orchestre magnifique) sur "Borges Futbol Club".
Tout n'est pas parfait, et à partir du premier tiers du disque ça se gâte. Il y a toujours du très bon comme sur "Pas Sommeil", et "Yokoonomatopea". Mais il y a aussi des morceaux plutôt bons mais moins géniaux comme "Tendresse Année Zéro", "La Noche Ya No Existe", "Palermo Soho". Et, pire, "Ressources Humaines", "Ballade Française" et "Palermo Spleen" sont très dispensables quand "Pas d'ici" est tout bonnement horrible. Dommage, le sieur Biolay a tendance à être trop généreux et à en mettre trop sur disque, c'est pas nouveau mais c'est assez criant ici.
Concernant les bonus, "El Masterchef", "C628", "Summer 9" et "Corps Etranger" sont vraiment bonnes, et "J'attendrai" avec l'irrésistible Camélia Jordana, est addictive au possible. Seule "Horse Song" est un peu en dessous, elle sonne un peu comme une bonne démo avec un goût d'inachevé. Dommage, si Biolay avait patienté quelques mois de plus, le temps de finir ces morceaux là, et changé un peu son tracklisting, on aurait pu avoir un album beaucoup plus homogène en termes de qualité et pas ce soufflé qui retombe passé les 5 premiers morceaux.
Néanmoins, si on exclut les 7 ou 8 morceaux en-dessous (sur 20), on a quand même largement de quoi faire notre bonheur.
Note : mon avis sur ces morceaux peut évoluer avec le temps.
Je vous laisse écouter ça par vous-mêmes ici.
Christophe - Les Vestiges du Chaos (2016)
De même que pour le Biolay, le monument Christophe nous offre un album un peu inégal mais néanmoins très intéressant. Et pas du tout conservateur, comme on peut l'entendre sur les expérimentations électroniques (et autotunées) de "Définitivement", qui font mouche. Les chansons plus classiquement électro-pop comme "Océan d'Amour", "Les mots fous", "Ange Sale" et "Drone", ou symphonique comme "Dangereuse" sont très belles. Et puis que dire de ce sommet d'émotion qu'est "Lou".
On a aussi quelques morceaux efficaces mais moins inspirés, comme "Stella Botox", "Tu Te Moques" et "Tangerine" avec le regretté Alan Vega. "Les Vestiges Du Chaos" rentrerait presque dans cette catégorie par ses outrances sonores, mais cette espèce de dubstep-jazz est assez fascinant, et puis c'est assez bien écrit tout ça... Elle surnage donc. La même attraction-répulsion opère sur "Mes Nuits Blanches", autotunée avec excès pour un résultat laid mais charismatique et donc très appréciable. Paradoxalement. Pas comme "E Justo", qui est un peu comme les intermèdes de Aimer Ce Que Nous Sommes, très bien à la première écoute pour instaurer l'ambiance, assez pénibles à la réécoute.
Bref, l'album est globalement de bonne facture malgré quelques baisses de régime, et se glisse la tête haute dans une discographie riche de sommets inatteignables de la pop française. Et c'est déjà beaucoup.
A écouter ici.
A écouter ici.
Gérard Manset - Opération Aphrodite (2016)
Ce dernier Manset a été particulièrement critiqué, et s'il est vrai que son origine littéraire lui a conféré quelques boursouflures, mises en lumière par une production un peu trop cheap, ce sont précisément ces éléments qui en font le charme pour qui peut passer outre.
"Odysseus" est très belle musicalement, et le texte est aussi désuet que beau. Les ambiances tropicales de l'Atelier du Crabe sont évoquées sur des morceaux comme "L'Amour Brise", très bon malgré et grâce à une guitare impossiblement grasse et une rythmique rachitique qui lui donnent un charme improbable, et "Landicotal", improbable jazz-blues façon Nouvelle-Orléans, absolument irrésistible à mes oreilles. On est étonnés d'entendre un truc aussi pop que "L'amour en Océanie" (et cette production cheap mon dieu...). Mais y'a un truc, avec la voix de Manset, son flow. Qui captive l'oreille, et qui fait passer l'accompagnement ringard comme si c'était bien mieux produit que ça ne l'est. L'oreille s'habitue, insidieusement. Et puis les morceaux sont bien foutus. Et après plusieurs écoutes, on se met à apprécier ce son si particulier. Le cheval de Troie a fonctionné, sur moi en tous cas. Bon sang, sur "Galaxie" c'est presque bouleversant de beauté.
Manset est apparemment, dans la vie, ce qui s'approche d'un conservateur un peu snob voire rétrograde, mais même lorsqu'il sort son dégueulis littéraire et idéologique, il ne peut s'empêcher de quelques fulgurances comme dans la belle "Comme un Arbre Ses Fruits". Si l'on arrive à comprendre sa pensée, sans être d'accord avec lui, on s'aperçoit que ce vieil homme effrayé par la modernité qui l'a dépassée, perdu dans un monde pas fait pour lui, a des trucs à dire au-delà de ses râleries misanthropes. Et puis sans débat, la vie c'est chiant.
Le rock de "Que t'ont-ils fait" rappelle de bons souvenirs des précédents disques du Monsieur. On a du plus moyen comme "Le Lys Dans La Vallée", "Ma collection Particulière", oubliable, et "Divinités", prometteuse mais boursouflée.
Vous l'aurez compris, pour moi, ce disque vaut bien plus que ce qu'il en a été dit ici et là, mais c'est mon avis personnel. Je n'ai pas peur des effets de foule et je ne retire aucune satisfaction à aller contre l'avis du plus grand nombre, c'est vraiment pas une démarche de ma part d'aller volontairement à contre courant. Et c'est vrai qu'il faut passer au dessus de l'aspect bricolage de la prod, apect qui peut ceci dit plaire à certains (comme à votre serviteur).
Si vous ne connaissez pas Manset, ne commencez pas par ce disque. Il ne s'apprécie que lorsqu'on est déjà fan du personnage. En revanche, si vous connaissez tous ses classiques par coeur, je vous conseille de l'écouter, ou de le réécouter pour ceux qu'il a déçus. Vous allez peut-être, comme moi, jetez un regard bien plus positif sur ce bon disque.
Julien Doré - & (2016)
Depuis ses débuts, Julien Doré a patiemment creusé son sillon, et il a fini, en raffinant sa formule, par trouver son style : une électro-pop froide mais funky, sensuelle, mélancolique et poétique. Et ça marche, on a du tube immaculé ici, comme "Porto-Vecchio" aux cordes, à la basse et au synthé mémorables, la pop-rock rythmée de "Caresse", l'électro-pop irrésistible de "Coco Câline", "Corail" et "Moonlight Serenade", habiles resucées de variété 80s (avec une intervention admirable de Juliette Armanet sur la deuxième). On a aussi un beau piano-voix avec "Sublime & Silence".
Mais là encore tout n'est pas parfait. On a du bon mais moins inoubliable avec "Eden", "Magnolia", et "Beyrouth Plage". "Le Lac" est une réécriture inutile de "Paris-Seychelles". D'un autre côté, le texte plus plat et la musique moins inspirée de "Mon écho", "De mes Sombres Archives", et "Romy" qui irrite après plusieurs écoutes.
Bref, dans l'ensemble l'album est plutôt bon, et contient quelques chansons vraiment bien foutues qui restent agréablement en tête, et c'est plutôt une très bonne surprise (à écouter par là).
Barbagallo - Grand Chien (2016)
Le batteur de Tame Impala arrive avec merveille à insérer la chanson traditionnelle française dans une pop psychédélique internationale, comme sur "Nouveau Sidobre", une grande chanson, la meilleure ici. Çà donne parfois des impressions de comptines comme sur "Pas Grand Monde" mais ça marche très bien. Sa voix, pas extraordinaire au premier abord, se révèle assez charismatique sur la longueur de l'album. Une très très belle surprise que cet album, à écouter ici.
Alexandre
Plutôt bien aimé le Julien Doré, même s'il est clairement inégal.
RépondreSupprimerLe Christophe a quelques bons moments, mais m'a laissé de marbre globalement.
Le Biolay, j'avoue que j'ai du mal à comprendre qu'on puisse le trouver inégal au regard de La Superbe (qui est pour moi le disque le plus frustrant de Biolay, de très grands moments, des sommets même, et d'autres infâmes où on voyait déjà le tournant Vengeance apparaitre).
Au fait, il a prévu un Hollywood Palermo pour février 2017 à priori, ce qui peut expliquer pourquoi il y a du "remplissage" (ce que je ne conteste pas, hein, j'dis juste que c'était aussi le cas sur La Superbe).
Et j'ai pas écouté les bonus, tu me donnes envie de le faire.
Bon, plus que trois semaines avant de le voir sur scène. J'ai hâte, je suis dans une grosse période Biolay.
Les sommets de la superbe compensent davantage les ratés que sur celui ci, c'est une préférence globale plus qu'une affirmation de l'homogénéité de la superbe qui avait des creux aussi en effet ! Donc oui c'est aussi le cas sur la superbe le remplissage mais ça me génait moins, je saurais pas dire pourquoi. Goût personnel.
SupprimerTente les bonus y'en à qui valent le coup ! Hâte de voir ta chronique du live, bon concert !
Pour moi ce sera Julien Doré avec ma chérie et Lemon Twigs avec mon meilleur pote et toujours ma chérie au printemps prochain ;)
Ça me fait peur cet album aussi proche, on verra bien. Si c'est le cas et qu'il est proche de celui là je vais vraiment finir par me faire une compile Biolay 2016-2017
Les gouts sur les chansons c'est très variables, j'ai été d'autant plus déçu par l'ensemble que les singles Sont géniaux.
RépondreSupprimerDoré c'est bien reussi, un peu inégal quand même, mais assez pour me faire déplacer en couple pour aller le voir (même si je suis pas le plus grand fan des 2)
Variable
RépondreSupprimerLe Manset est sans doute l'album français de l'année. Biolay et Christophe, égaux à eux-mêmes… pour notre plus grand plaisir. Le p'tit Doré continue de semer de petites étoiles. Barbagallo, connais pas mais je vais y jeter une oreille attentive.
RépondreSupprimerBelle sélection
Joyeux Noël à vous deux et vos passagers !
Joyeux Noël à toi, et à Chris et El Norton ! Des bisous !
SupprimerLis le papier de Charlu sur Barbagallo il était très bien !
Me suis complètement vautré sur la première écoute de Manset.. ampoulé, précieux, gonflant.. surement parce que je suis un grand fan. Faudra que je pense à réessayer.
RépondreSupprimerDoré, vraiment easy crémeux, il aurait du sortir avant l'été. Par contre sa voix commence à m'irriter, il est capable de beaucoup vocalement et ses murmures asthmatiques lassent un peu.Va falloir qu'il se bouscule un peu ;D
Et bim, Barbagallo, Christophe et Biolay trois grand disques 2016 de par ici.. Biolay je le trouve total, jusqu'à la fin ..et en boucle. Vivement le volume2.
Sinon, mon disque français préféré 2016, c'est Murat ;D
Oui il tombe dans les tics vocaux doré, des haaahaaa à la pelle, un petit défaut de plus !
SupprimerMurat j'ai toujours un peu de m j'ai pas la clé de sa musique encore
C'est plutôt réussi comme papier. Bon, pour l'instant je suis en plein trip retro sixties, à cause de Ranx et son Charlie Faye et les Fayettes (attention, ça sent la grande dame => http://ranxzevox.blogspot.fr/2016/12/charlie-faye-fayettes-irresistiblement.html) du coup je me suis refait les Pipettes, je découvre Lucky Soul. Mais ton papier me fait dire que je referais un tour côté ceux que je connais, referais Manset avec une autre oreille et tu vas rire j'ai même acheté, oui acheté, le Julien Doré, faute à toi
RépondreSupprimerOuah ! Je l'ai acheté moi aussi mais plus pour ma moitié que pour moi ;) de même que deux places de concert !
SupprimerCeci dit je pense pas m'ennuyer du tout le gars a l'air plus que très bon en live !