Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

vendredi 30 décembre 2016

Soft Hair - Soft Hair (2016) & The Lemon Twigs - Do Hollywood (2016)



Soft Hair - Soft Hair (2016)

  Soft Hair est un duo composé de Samuel Eastgate (aka Sam Dust, ex-leader de Late Of The Pier et ayant sorti l'an dernier un disque essentiel sous le nom LA Priest) et Connan Mockasin, que l'on ne présente plus. Les deux se connaissent depuis longtemps, Eastgate ayant été un des premiers à pousser Connan à sortir ses albums solo et ayant joué par la suite dans son groupe. Au fil des années, les deux amis ont bricolé un album à quatre mains, qu'ils ont fini cette année, et sorti chez Domino. Et on a bien de la chance.

  L'obsession de LA Priest pour les débuts de Prince et le glam de Bowie se marie à merveille avec le nouveau personnage plastic soul de Mockassin (très Young Americans pour le coup), et leurs envies de claviers chelous, de filtres bizarres et de digressions introspectives (solos de claviers et guitares) en solo ne pouvaient qu'harmonieusement servir ce projet commun. Pour parachever le tout, leurs voix se complètent à merveille.

  Tout est fluide dans ce disque, depuis les rythmes chaloupés jusqu'aux guitares liquides, en passant par les basses tranquillement funky, les claviers humides et la sexualité aussi moite que fluctuante qui s'en dégage. Depuis les influences reggae de l'intro funky "Relaxed Lizard", qui se fond admirablement dans le groove fou, intense et addictif de "Jealous Lies", on comprend que l'album, malgré sa genèse longue, est construit comme un tout, une oeuvre cohérente, pensée et bien foutue. C'est confirmé par les transitions et les interludes comme "i.v.", l'intro de "Lying Has To Stop" et la conclusion "l.i.v.", qui lient habilement les morceaux entre eux. De même, les deux chansons "In Love" et "Alive Without Medicine" semblent n'en former qu'une.

  D'intensité, il sera aussi question dans "A Goood Sign", électro-pop futuriste déchirante. A l'écoute de laquelle on s'aperçoit si ce n'était déjà fait que cet album est bien dans son époque, peut-être même un peu en avance. On oublie toute référence, tellement le son, les thèmes abordés et la construction des morceaux sont modernes, assumés, audacieux et maîtrisés. Loin de toute resucée, le groupe innove, popose et fait mouche. C'est confirmé par ma chanson favorite de l'année, ce "Lying Has To Stop" qui vous rentre dans la tête insidieusement au fil des écoutes pour ne jamais en sortir. Un modèle de groove, de songwriting et de production pop. Moderne, taquine et courageuse. Un chef-d'oeuvre.

  Comme cet album, un des meilleurs et des plus enthousiasmants et excitants de cette année. Qui donne foi dans la musique et réduit au silence les passéistes et les sectaires de tous bords. Et dont on n'a pas assez parlé.




The Lemon Twigs - Do Hollywood (2016)

  De l'excitation et de l'audace, on en a aussi ici. Deux jeunes frères, à peine sortis de la puberté (aucun n'atteint 20 ans), nous ont sorti un des albums pop-rock de l'année. A la suite des autres duos MGMT et des Foxygen (ce disque est admirablement produit par Jonathan Rado, soit la moitié du groupe), ils proposent cette pop qui puise dans l'héritage glorieux des années 50 à 80 pour en faire tout autre chose, une pop-jukebox à tiroir, post-internet, post-streaming. Un rock qui zappe, un rock de playlist et de la vie qui file à toute allure, où tout va trop vite, où on n'a pas le temps de se poser, où on doit caser 5 chansons en 3 minutes, où s'arrêter c'est mourir. 

  Et quand les qualités de composition sont au rendez-vous comme ici c'est brillantissime. L'urgence juvénile est là, sans aucun mauvais goût et surtout sans aucun temps mort. On a une diversité formidable des styles : doo-wop et pop façon Four Seasons et Dion sur "I Wanna Prove To You", et beaucoup de Kinks (vocalement notamment c'est flagrant), mais du Kinks 60s ET 70s. En effet, le côté fanfare et music hall du groupe n'est pas oublié, comme sur "Those Days Is Comin' Soon", dans laquelle on retrouve aussi un élément qui fera le lien entre de nombreuses chansons : un (court) solo de clavier à la Genesis (début de la période Phil Collins). Oui oui, vous avez bien lu, et oui aussi bizarre que ça puisse paraître ça fonctionne du tonnerre. 

  "Haroomata" va elle puiser dans la délicatesse des Beatles au début, puis dans l'extravagance glam de Queen (le "It's Clear.... Toooo Meee" et ce petit piano taquin à la fin du morceau ne sont pas innocents), et la folie d'une fanfare. Mais ça marche bien aussi sans ce côté second degré aussi appuyé, comme sur l'émouvante "How Lucky Am I?", la ballade (sur les couplets) au refrain ultra pop "Baby, Baby", le glam rock stonien de "As Long As We're Together", le magnifique "Frank" et son orchestre (hommage à Sinatra ?), et l'intensité déchirante de "These Words".

  Et puis ces associations improbables entre claviers prog et refrains power pop sur "Hi+Lo", et un final glam-prog épique avec "A Great Snake". Et puis bon sang ! Ces chansons incroyables ! Ce son si jouissif ! Ces mecs si jeunes ! C'est incroyable. Pour ceux qui aiment la pop résolument moderne dans sa construction mais qui aime jouer avec le rétro et le vintage sur le son, ce disque c'est la panacée. En plus ces petits gars sont excellents en live, j'ai dû voir quasiment toutes leurs prestations dispo sur Youtube et j'ai hâte d'aller les voir en vrai avec Etienne et ma petite chérie au printemps prochain, ça va être de la folie furieuse. 

  Vous l'aurez compris, je suis totalement conquis par ce disque absolument énorme, et vous devriez en toute logique l'être tout autant après avoir cliqué ici pour l'écouter. Bon sang, 2016 n'était pas parfaite en général, mais musicalement y'avait de quoi combler n'importe qui, un superbe cru.


Alexandre


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