Les aventures musicales de deux potes

Les aventures musicales de deux potes

lundi 29 avril 2019

Pépite - Virages (2019)


  Pépite est un duo français de pop, et je les ai découverts en première partie (et un peu pendant aussi) un concert de L'Impératrice, ce qui peut vous donner une idée de leur style. Avec une voix à la Christophe, une musique un peu néo-80's, dans la lignée des scènes nu-disco et électro-pop qui ont éclot à la suite de la French Touch, ils sont bien placés dans une scène qui perce pas mal en ce moment, que la presse aime qualifier de "variété chic", terme que je n'aime pas trop parce qu'il est assez péjoratif, et qu'il regroupe des artistes intéressants (Julien Doré, Juliette Armanet...) et des trucs plus proche du gimmick ou un peu ternes (Clara Luciani, Les Pirouettes, Voyou...).

Pépite - Tant de Peine (Clip)
  Pépite mérite sa place parmi les meilleurs représentants d'une pop française accessible mais exigeante, volontiers synthétique mais pas seulement, on entend dans leurs mélodies élégantes et leurs arrangements sophistiqués toute une histoire (de François de Roubaix et Christophe à Sébastien Tellier et Justice) qui accouche de merveilleuses chansons, assez intemporelles, telles les très belles "Feu Rouge" et "Tant de Peine". Comme Tellier ou Armanet, ils arrivent à composer des chansons qu'on a l'impression de toujours avoir connues (comme les belles "Les bateaux" et "Hiéroglyphes"), ils ont cette évidence pop qui marque un certain talent authentique et pur de songwriter. Ça n'est pas pour rien qu'ils sont signés sur le bon label microqlima.

Pépite - Feu Rouge (Clip)

 Le groupe, sur disque comme sur scène, bénéficie d'une très belle complémentarité entre les synthés accrocheurs du chanteur et la guitare, follement triturée dans tous les sens par un guitariste aux doigts magiques et à l'imagination sans limite pour faire sonner son instrument de façon irréelle et toujours variée. D'ailleurs, l'instrument les rapproche parfois de la pop à guitare sous haut niveau de chorus d'un Mac Demarco (comme sur "Champagne"), mais la voix unique du chanteur les tire vers un univers bien à eux. Dans le genre rock-indé, avec une légère influence des Smiths, on peut également évoquer la jolie "Silence Radio", qui a aussi un petit je-ne-sais-quoi de Laurent Voulzy

Pépite - Les Bateaux (Clip)

  Et même lorsqu'ils abordent un territoire plus électronique, c'est plutôt réussi, comme sur l'intro "Flèches" ou la tropicale "Revues". Dans un genre pas si éloigné, l'électro un poil reggae de "Zizanie", dansante et hédoniste, comblera les amateurs de nu-disco et de chillwave post-French Touch (on n'est pas si loin que ça de l'excellent dernier album de Neon Indian). A l'autre bout du spectre, les morceaux plus organiques ou downtempo comme la douce comptine "Allo ?", la ballade au piano "Rubis" et la valse "Monte-Carlo", là aussi assez Demarco dans l'esprit, sont de toute beauté.  

  L'album, vous l'aurez compris, est donc varié dans ses sonorités et ses approches de la pop, mais conserve une identité forte, liée par la voix, assez unique, et la guitare également remarquable. C'est un bel exemple de pop francophone moderne, fraîche et bien foutue. Qu'on recommande donc forcément.

Mes morceaux préférés : Feu Rouge, Tant de Peine, Les Bateaux, Zizanie

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alex

samedi 27 avril 2019

Drugdealer - Raw Honey (2019)


  Logique du calendrier, après Bibio, c'est à l'auteur d'un autre grand disque de 2016 de sortir son nouvel album. Drugdealer, qui délivre ici un classic rock à la papa, avec un twist un peu barré quand même, avait en effet offert un magnifique The End Of Comedy que j'avais adoré. J'avais donc hâte d'écouter ce nouvel opus, nommé Raw Honey, d'autant plus que la pop de studio du single "Fools" m'avait enchanté, mais on en reparlera.

  Le disque commence avec un bel instrumental de pop baroque façon BO de film italien, "You've Got To Be Kidding", avant de balancer le premier coup de génie : "Honey" et son ambiance teeeeelllement George Harrison (ce songwriting, ces arrangements, cette GUITARE !). C'est un immense compliment d'être comparé au quiet Beatle, surtout qu'ici on a une chanson solide à tous points de vue, magnifiquement interprétée par l'excellente Weyes Blood, qui avait déjà prêté sa voix sur le précédent LP de Drugdealer. Comment suivre un tel morceau, une telle réussite ? Ben avec un autre morceau ultra-Beatles tant qu'à faire ! Et ça donne "Lonely", plus McCartney dans son style, avec la participation de Harley & The Hummingbirds. Autre gros carton. Et tant qu'à faire, autant continuer sur la lancée avec un autre titre dans le style des 4 de Liverpool (cette fois-ci c'est Lennon) : "Lost In My Dream", très beau titre également, avec un joli ajout de cuivres façon Broadway. Voici donc la chanson Ringo et... non en fait il n'a pas fait de morceau "à la Ringo Starr", désolé. 

Drugdealer - Fools (Clip, 2019)

  Dans tous les cas, ces morceaux sont produits avec un soin, une patience, une délicatesse, un talent et un amour du son palpables, c'est un délice total pour les oreilles du début à la fin, c'est de la grande Pop de studio. Et c'est là qu'on va reparler de "Fools", le merveilleux single de dad rock, avec saxo, petit côté américain entre The Band et les Doobie Brothers, et des choeurs à la Crosby Stills Nash & Young. Ce morceau est une masterclass de production pop-rock à l'ancienne, avec un son rond et chaud, et c'est surtout une chanson extrêmement bien composée et interprétée. Le côté pastiche est absolument transcendé et balayé d'un revers de main devant tant de talent.

  La grande ballade au piano martelé et aux cordes bien présentes est là aussi (qui a dit Harry Nilsson ?), et c'est la belle "If You Don't Know Now, You Never Will". Elle est suivie d'une aussi belle ballade, "Wild Motion", chantée par Doogie Poole et sa voix rauque de crooner, sur une prod 70's là encore très Harrison. Et puis l'album finit en fanfare, avec "London Nightmare", sorte de morceau des Bee Gees période Odessa, mixée avec l'ambition sonore d'Abbey Road, puis la bien nommée et très cinématographique "Ending on a Hi Note".

  Loin d'être une simple redite du passé, ce disque en est une relecture bien vivante et passionnée, un genre de passage de torche. On sent derrière chaque morceau l'envie de reprendre un flambeau, de prouver qu'on peut encore créer un classique dans un genre musical désuet et maintes fois surexploité. On entend la sueur couler le long des fronts, les prises de tête, les sourires lorsqu'un morceau se débloque, tout ça transpire de partout, remplit le disque d'une joie douce, simple et belle. C'est très enthousiasmant, je suis réellement émerveillé par le talent et la passion de tous les musiciens exceptionnels qui ont participé à ce Raw Honey.

Mes morceaux préférés : Fools, Honey, Lonely, If You Don't Know Now You Never Will

A écouter sur Spotify ou Deezer ou Bandcamp 

Alex


jeudi 25 avril 2019

Anderson .Paak - Ventura (2019)

  Après un décevant Oxnard, blockbuster funk/hip-hop n'ayant pas les moyens de ses ambitions, le talentueux Anderson .Paak revient à plus de retenue avec ce magnifique Ventura. Les deux albums ont été enregistrés en même temps, et co-produits par Dr Dre, mais alors que le premier a été sans cesse retouché par les deux compères comme une véritable expérience scientifique de création d'un classique funk en studio, Ventura était la petite porte dérobée de .Paak, son espace de liberté et de spontanéité, sa soupape de décompression si on veut. Et ça lui réussit à merveille, puisqu'associée à l'exigence d'excellence sonore et musicale de ces sessions, il en ressort un excellent disque de soul-funk, frais, profond, groovy et tendre à la fois.

  La délicate "Come Home" donne le ton : funk 70's, sensuel et riche, traversé de breaks de batterie, de flûtes traversières, d'éclairs de piano ou de cuivres, et bercé par une guitare rythmique tranquille et une section rythmique impeccable. Et surtout, .Paak s'y fait crooner funk délicat, empruntant même les influences jazz vocal inhérentes au genre. Pour une fois cependant, l'intervention d'André 3000, souvent génial par ailleurs, n'apporte pas beaucoup au morceau, qui avec ses choeurs et son ambition rappelle Isaac Hayes.

Anderson .Paak & Smokey Robinson - Make It Better (Clip, 2019)

  On continue en terrain funky et orchestral avec "Make It Better", dans la plus pure tradition du style (on pense à la classe tranquille de Curtis Mayfield), la continuité historique étant assurée par la participation de Smokey Robinson. Mais même au sein de ces morceaux traditionalistes, on entend de petites touches plus contemporaines, un break hip-hop par exemple, un son plus récent. "Winner's Circle" arrive particulièrement bien à fusionner funk jazzy à l'ancienne et hip-hop. 

  Egalement un peu plus modernes dans leur relecture du funk, "Reachin' 2 Much", "Good Heels" font partie de ces excellents croisements électro-funk discoïde / nu-soul cosmique dont .Paak a le secret. Avec à chaque fois une femme de talent en featuring, respectivement Lalah Hathaway et Jazmine Sullivan. Quelques chansons plus loin, les très Neptunes "King James" et "Twilight" (celle-ci étant co-produite par Pharrell), ainsi que "Yada Yada" brillent également dans le même style. 

  La géniale Brandy aide à propulser "Jet Black" au rang de tube rnb à l'ancienne. Tandis que "Chosen One" sonne comme du Beyoncé expérimental, ce qui est déconcertant mais qui passe plutôt bien dans le contexte de l'album. C'est un autre duo, cette fois-ci posthume, avec le regretté Nate Dogg, sur "What Can We Do ?" qui clôture l'album en beauté.

Mes morceaux préférés : Come Home, Winner's Circle, Make It Better, Jet Black, Good Heels

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


mardi 23 avril 2019

Bibio - Ribbons (2019)


  Bibio m'avait subjugué en 2016 avec A Mineral Love, un album délicat mettant autant en lumière ses talents de songwriter et de producteur, entre folk champêtre, pop solaire, et électronique funky. Après un détour ambient réussi (Phantom Brickworks), il revient avec ce magnifique Ribbons. Qui se place dans la continuité directe de son prédécesseur, enchaînant d'emblée un  bel instrumental folk pastoral ("Beret Girl") et un magnifique morceau ("The Art Of Living") entre Simon & Garfunkel et électro-pop aux accents prog. Ce morceau possède des arrangements délicats lui conférant un son dense malgré sa salutaire simplicité pop (on entend notamment un saxo et des vents), rappellant l'ambitieuse période prog-folk du Bon Iver du deuxième album.

Bibio - Curls (Clip, 2019)

  Puis Bibio enchaîne sans prévenir sur une soul-funk sensuelle à l'ancienne, limite rnb, avec "Before", très beau morceau qui ne détonne pas du reste grâce à une cohérence sonore certaine (les claviers) et surtout un esprit pop  unique n'ayant pas peur de mêler la simplicité d'éléments lo-fi (ce son de cassette pétée...) et la variété de studio. Le reste du disque est à l'avenant, rempli de beaux morceaux de pop folk (le merveilleux "Curls", qui doit aussi pas mal à Simon & Garfunkel et aux Fleet Foxes, mais aussi la jolie "Quarters""Watch The Flies" et "Ode To A Nuthatch", teintées de country comme chez Whitney mais également de musiques traditionnelles), avec à chaque fois une mélodie immaculée, des arrangements inventifs et des voix cristallines.

Bibio - Erdaydidder-Erdiddar (2019)

  L'utilisation d'éléments trad, voire médiévaux, comme sur "Erdaydidder-Erdiddar", sur laquelle on imagine bien une danse traditionnelle, est une riche idée qui se marie bien à la musique de Bibio, d'une part parce que d'illustres anciens et quelques contemporains ont déjà tenté des choses dans cet esprit là (Jethro Tull et quelques acolytes proggeux, les jams guitaristiques du Grateful Dead, et plus proche de nous Fleet Foxes et les King Gizzard de Paper Mâché / Dream Balloon), et d'autre part parce que le sous-texte contemplatif et naturaliste de l'album accompagne magnifiquement l'ensemble ("Frankincense And Coal", "Patchouli May", "Valley Wulf", "Under A Lone Ash").

Bibio - Old Graffiti (2019)

  Cette délicatesse pop chantée par une voix haut perchée et traversée de fulgurances mélodiques, mise en son avec une excellence constante, fait presque penser à une version mélancolique et moins immédiatement pop de Tame Impala (tout l'enchaînement "It's Your Bones" - "You Couldn't Even Hear The Birds Singing" - "Pretty Ribbons & Lovely Flowers", cette dernière étant mi-Bon Iver mi-Radiohead dans son approche expérimentale). Ces morceaux, ainsi que la pop-soul chaloupée de "Old Graffiti", apportent un peu de relief et de lustre pop au disque, le redynamisant entre deux passages plus contemplatifs ou instrumentaux, ajoutant voix, beat et/ou synthés.

  Vous l'aurez compris, c'est un très beau disque, très posé et mature, empli d'instrumentaux folks printaniers et boisés, mais également traversé de rayons de soleil pop.

Mes morceaux préférés : Beret Girl, The Art Of Living, Before, Ribbons, Old Graffiti, Erdaydidder-Erdiddar, It's Your Bones, Pretty Ribons & Lovely Flowers

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


dimanche 21 avril 2019

The Chemical Brothers - No Geography (2019)


  Les Chemical Brothers ont une petite place à part dans mon coeur, m'ayant aidé à faire le lien entre le rock d'où je viens musicalement et les musiques électroniques, et ayant accouché de quelques-uns des disques les plus fun et réussis à la frontière entre ces deux genres. J'avais cependant lâché un peu leur discographie après l'excellent Push The Button, et raccroché avec le bon mais inégal Born In The Echoes, dans lequel j'avais tendance à piocher des morceaux plutôt qu'écouter le LP en entier. Tout ça pour vous dire qu'à l'inverse, ce No Geography est d'une vitalité et d'une homogénéité de qualité qui n'a rien à envier à leurs meilleures sorties, ce qui est une très, très belle surprise. 

  Déjà, l'album commence par un des morceaux les plus incroyables et ambitieux de leur discographie, "Eve Of Destruction", sorte de panorama des genres maîtrisés et détournés par le duo depuis leurs débuts, un DJ Set mené de main de maître à lui tout seul. Indescriptible, la track se poursuit avec fluidité avec "Bango", house discoïde parcourue de saillies industrielles bien senties, qui elle aussi se fond via un passage psyché aérien dans l'énorme morceau-titre. Ce "No Geography" qui n'a pas peur d'être un gros banger, construit autour de grosses basses entre post-punk et EDM, avec un beat et des claviers entre new wave et électro 2000's. Dans le genre gros tube avec voix pop et accents 80's, "The Universe Sent Me" désarçonne, entre digressions presque psyché et électro vraiment pas loin du club, mais tire justement sa force de cette contradiction. 

The Chemical Brothers - Got To Keep On (Clip, 2019)

  Tout aussi implacable, "Got To Keep On" mêle soul-funk et house presque deep dans les sonorités mais plus discoïde et pop dans la rythmique. Et c'est également un tube en puissance, qui fait presque mal tellement il est bon. Et mon dieu, la façon dont cet album est séquencé est divine, on est au niveau du Alive 2007 des Daft Punk niveau qualité des enchaînements (on pense d'ailleurs particulièrement à un live électro sur la très pyrotechnique "Free Yourself", et l'acide "MAH"). On entend d'ailleurs toute la maturité artistique du duo dans cette construction savante, fortifiée par des morceaux plus contemplatifs ("Gravity Drops", très beau au passage) là où d'autres seraient allés dans la surenchère. D'autres OVNI apportent une diversité rythmique et sonore bienvenue au disque, comme l'étrange "We've Got To Try", entre acid house bien, bien vénère et soul-pop du début des 70's, et l'inclassable final "Catch Me I'm Falling"

  Même si la première moitié de l'album m'enthousiasme carrément plus que la seconde, force est de constater que dans l'ensemble, il se tient plus que bien, et c'est presque un miracle d'arriver à un tel niveau d'urgence et de qualité pour un duo vétéran des musiques électroniques comme les Chemical Brothers. 
Alors foncez m'écouter ce disques, et dites m'en des nouvelles.

Mes morceaux préférés : Eve Of Destruction, Bango, No Geography, Got To Keep On, Gravity Drops

A écouter sur Deezer ou Spotify

Alex


vendredi 19 avril 2019

The Comet Is Coming - Trust In The Lifeforce Of The Deep Mystery (2019)


  Shabaka Hutchings est un musicien passionnant. Saxophoniste british, il m'émerveille par son talent apparemment sans limite. Il multiplie les projets, croisant son jazz avec un afro-funk spirituel (Shabaka & The Ancestors), avec la musique caribbéenne et de la Nouvelle-Orléans (Sons of Kemet) ou ici avec un croisement de krautrock planant et psychédélique et d'électro-pop dansante (sous le nom The Comet is Coming donc). Et à chaque fois, il fait mouche, il tombe dans le mille et nous offre un des albums les plus importants de l'année. Ce disque ne fait pas exception (on a déjà nommé "Summon The Fire", issu de ce disque, morceau du mois en Mars).

The Comet Is Coming - Birth Of Creation (2019)

  Après une longue intro ("Because The End Is Really The Beginning") entre psychédélisme noir, rock et jazz, façon Miles Davis époque Bitches Brew, il enchaîne sur un "Birth Of Creation" immédiatement mythique, avec un motif obsédant aussi instantanément iconique que celui de Charles Mingus sur "Moaning", et perfuse son jazz mystique d'une grosse dose d'électro anglaise, aboutissant à une musique unique et jamais entendue, puissante à en couper le souffle. 

  Lorsque résonne "Summon The Fire", quasi-tube dansant, juste après, on sait déja qu'on a affaire à un classique. Cette fusion électro-pop/jazz, irrésistible, créé immédiatement l'envie de vérifier si Shabaka et ses comparses passent en concert pas loin (je croise encore les doigts pour ma part), tant cette formation doit cracher le feu en live. Entre nu-rave et jazz, "Super Zodiac" est tout aussi énergisante, elle invite au pogo sur une musique résolument british dans ses excès comme dans ses coups de génie. D'ailleurs, on entendrait presque un lointain descendant de 808 State sur "Timewave Zero", autre très beau morceau d'électro-jazz mélancolique mais délicieusement rythmé. 

The Comet Is Coming - Summon The Fire (Clip, 2019)

  Tout aussi intense, et également nourrie à un psychédélisme sombre, orientalisant et cinématographique, "Blood Of The Past" émerveille, et l'intervention vocale de Kate Tempest, en spoken word, accentue très justement les aspects "bande originale" et mystique de la musique. Le psychédélisme planant et hypnotique de "Astral Flying" est une petite merveille, qui se prolonge un peu plus loin avec "Unity", entre rythme chaloupé et bande originale de film 70's. J'ai rarement ressenti autant d'immersion dans une musique aussi complexe, les seuls équivalents seraient le jazz de Coltrane, Pharoah Sanders ou Miles Davis, le psychédélisme électronique de Ras G ou l'électro alambiquée d'Autechre ou Aphex Twin. Pour vous situer le niveau incroyable de ce disque.

  L'album se finit sur "The Universe Wakes Up", jazz euphorique durant lequel Shabaka se montre sous un jour plus free jazz que jamais, mais reste dans le domaine de l'accessible avec là encore des nappes de synthé très visuelles qui le raccrochent au sol, et donnent vraiment cette impression frappante de lever de soleil spectaculaire. 

  C'est difficile de résumer cet album, mais pour faire court : c'est brillant, éminemment accessible mais sans rien sacrifier à la qualité et à l'intégrité jazz de l'ensemble, c'est moderne, fun, parfois dansant, parfois planant. C'est un des grands disques de cette année, peut-être de cette décennie, et pas seulement en jazz, mais tout court. Alors foncez l'écouter !!!

Mes morceaux préférés : Summon The Fire, Timewave Zero, Birth Of Creation, Unity, Astral Flying

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


jeudi 18 avril 2019

Jok'Air - Jok'Travolta (2019)


  Véritable OVNI musical, Jok'Air est un chanteur-rappeur, situé quelque part entre rnb et trap. Il a fait partie du groupe La MZ (et semble d'ailleurs en avoir été le membre le plus prometteur), et a déjà quelques LP à son actif, tous contenant quelques très bons morceaux. Pour le situer, pas trop d'équivalents en francophonie, si ce n'est Hamza pour son habileté à mêler chant rnb et cadences trap avec un fond assez porté sur le sexe mais allant quand même plus loin que ça. Ou le collectif Bon Gamin (le producteur Myth Syzer en tête) pour leur relecture d'une certaine esthétique 80's version hip-hop. C'est plutôt chez les américains qu'on peut essayer de le comparer, d'abord à mon chouchou Ty Dolla Sign pour les mêmes raisons qu'Hamza, puis selon les morceaux, à The Weeknd, DRAM, Rae Sremmurd, Young Thug, Travis Scott, Migos...

  Le premier morceau, "Pour mes supporters", est d'ailleurs une tuerie rnb qu'Abel Tesfaye n'aurait pas reniée musicalement, avec par ailleurs quelques vrais partis pris (le violon, très présent, apporte une dimension supplémentaire à l'instru), un texte bien écrit et interprété avec talent. Dans le même style, nocturne, synthétique et sombre, "Les yeux sont sur nous" est une excellente chanson. Au passage, que ce soit sur les aspects personnels ou sociétaux, la plume de Jok'Air est assez acérée et touche souvent juste à coup de phrases bien senties qui suggèrent beaucoup avec peu de mots. 

Jok'Air - Club des 27 (Clip, 2019)

  "Jok'Travolta" possède également beaucoup d'atouts : une mélancolie autotunée portant un refrain mémorable, et une guitare 80's épique. Mais Jok'Air arrive à faire encore plus tubesque avec le morceau d'après aux inspirations pop-rock, la très rythmée "Club des 27", sorte de succession ininterrompue de refrains inoubliables. On retrouve une guitare 80's sur "Bonbon à la menthe", très pop, presque variété 80's et un poil rnb aussi : une grande chanson. Toujours très rnb, "Comme tu es" et son texte espiègle et touchant est une autre réussite, et "Gangster & Gentleman" un feat réussi avec l'intéressant Laylow

  Il y a également des aspects plus rap sur ce disque, comme sur la très vénère "4-5", énorme banger au passage, ou la très violente "Scarla" et son côté punk venu tout droit du soundcloud rap. 

Jok'Air - Bonbon A La Menthe (2019)

  Quelques autres bons morceaux parsèment le reste du disque, comme la très ambitieuse "Nos Souvenirs", la minimaliste "Vincent Vega", ou la très correcte "Ola Ola", mais malheureusement, je trouve certains titres un peu plus moyens ("Jay'z & Beyoncé", "Papa") et certains carrément en dessous ("A la poursuite du bonheur", "du sang et des cendres", "Radio sexe", "Las Vegas"), et si la plupart sont pas si mal que ça pris indépendamment, le fait qu'ils s'enchaînent tous au sein de cet album déjà dense (18 titres au total quand même), juste après une salve de titres géniaux, ça perd l'auditeur assez vite. 

  Bref, un poil inégal (surtout trop long en fait), mais extrêmement impressionnant et prometteur, ce Jok'Travolta a plus que largement rempli son quota de tubes géniaux et annonce de très probables coups de génie à venir. 

Mes morceaux préférés : Pour mes supporters, Les yeux sont sur nous, Jok'Travolta, Club des 27, Bonbon à la menthe, Comme tu es, 4-5, Nos Souvenirs 

Ecouter sur Spotify ou Deezer

Alex


mardi 16 avril 2019

The Drums - Brutalism (2019)


  The Drums, maintenant c'est Jonny Pierce tout seul. Mais pas tout à fait, il s'est par exemple entouré de musiciens pour enregistrer ce tout nouvel album, contrairement à son précédent où il jouait de tout. Et il a voulu également retrouver un côté brut, se replongeant dans l'état d'esprit qu'il avait avant de signer en maison de disque afin de produire le disque pop qu'on lui a refusé à l'époque, préférant le rock indé qui fera son succès (et le bonheur de nos oreilles). 

The Drums - Body Chemistry (2019)

  Il y a toujours eu une bonne dose de synthpop chez les Drums, et parfois les synthés (et la voix de Pierce) sont maîtres, comme sur la très bonne pop song minimaliste "Pretty Cloud". Mais ils partagent tout de même souvent la première place avec le duo basse/guitare ("Body Chemistry", "Brutalism", "Loner", "Kiss It Away"). 

  Ce qu'on remarque assez vite, c'est la beauté de ces chansons, aux mélodies soignées et immédiatement plaisantes, et aux choeurs délicats. Ce côté pop, volontiers rythmé ("Blip Of Joy") et n'ayant pas peur de plaire, accouche de belles réussites comme le classique instantané "626 Bedford Avenue". Pierce, connu pour ses morceaux assez sombres, s'aventure même du côté de la ballade rock ("I Wanna Go Back", qui a un côté 90's, un peu La's) ou folk ("Nervous").

Jonny Pierce - 626 Bedford Avenue (2019)

  C'est un album réussi de plus pour les Drums, sur lequel Pierce arrive de plus à ouvrir de nouvelles voies à sa musique en privilégiant une approche pop moins marquée par le post-punk british, upbeat mais sombre, qui a fait sa marque de fabrique. C'est l'oeuvre d'un authentique artiste autant que d'un artisan qui se cherche à travers son art, et c'est surtout très beau.

Mes morceaux préférés : Pretty Cloud, Body Chemistry, 626 Bedford Avenue, Brutalism

A écouter sur Spotify ou Deezer

Alex


dimanche 14 avril 2019

PNL - Deux Frères (2019)


  Je reviens de loin avec PNL. J'ai pas compris tout de suite. J'ai détesté, méprisé de loin à la première écoute. C'est pas très dur, de loin, de se moquer de tics musicaux ultra inhabituels, d'onomatopées autotunées délivrées avec beaucoup trop d'emphase, de phrases qui riment pas, de références à Simba ou Mowgli. Mais petit à petit, en réécoutant quelques titres qui m'avaient quand même accroché par leurs prods au départ, je me suis fait l'oreille au style des deux frères des Tarterêts, et j'ai commencé à entendre leur apport dans ce mélange finalement assez subtil entre voix très travaillées en studio aux flows complémentaires, sur des instrus souvent planantes mais en réalité assez variées. Et j'ai entendu également quelques fulgurances au niveau des textes, confortablement installées entre une absurdité et un truc bien vulgaire pour que seuls les initiés puissent l'apprécier. 

  D'ailleurs, au risque d'insister, je pense vraiment que pour un groupe comme PNL, au style extrêmement marqué, il faut de toutes façons plusieurs écoutes (et probablement quelques références de rap FR et US) avant de se faire l'oreille et de savoir si on apprécie ou pas le genre ou si c'est juste trop éloigné de ce qu'on écoute d'habitude pour y comprendre quoi que ce soit. Un peu comme le café, le vin, le jazz ou le métal, le rap, et en particulier ce sous-genre post-autotune qui n'a pas encore de nom nécessite quelques essais et portes d'entrées pour être assimilé. Tout le monde ne va pas aimer, loin de là, mais faut au moins essayer correctement avant de balancer un avis trop définitif, sinon ça peut se retourner contre vous assez vite (cf moi).

PNL - Au DD (Clip, 2019)

  J'ai accéléré la cadence de réécoute et de redécouverte après la sortie du 3e single issu de cet album, "Au DD" (au détail), ce dernier étant particulièrement accrocheur, avec son instru à base de guitare qui brouille les pistes entre les genres (honnêtement, on pourrait être au début d'une chanson de pop-rock indé sur l'intro). Sur ce morceau, quelques fulgurances dans le texte également, et surtout deux flows encore plus carrées que par le passé, donnant un côté massif, tubesque à l'ensemble, ce qui est accentué par un clip gargantuesque, beau et impressionnant, filmé sur la Tour Eiffel (rien que ça). 

  Évacuons déjà les deux autres singles, plutôt bons, en évoquant "91's" et son électrofunk californienne très cool, légère, apportant une dose de fraîcheur au sein d'un disque assez plombé, ainsi qu'"A L'Ammoniaque", belle ballade presque chanson française, toute en guitare, sans beat, qui se découvre et s'apprécie avec les réécoutes successives. 

  Le début d'album, jusqu'à ces deux singles justement, paraît un peu plat à  lapremière écoute. Mais là encore, "Autre Monde" se révèle rapidement une excellente track, certes posée mais riche et bien foutue. "Chang" me touche moins, elle est pas mal construite du tout, avec un côté très "gros", mais justement, à l'inverse d'"Au DD", ce côté énorme fait plutôt balourd et un peu vide. "Blanka" est un peu mieux, grâce notamment à une bonne 2e partie d'Ademo, mais il lui manque également un petit truc à mon goût. Mais à partir de là, tout décolle. Je dois juste mentionner "Zoulou tchaing", tentative à mon sens ratée de crossover avec la variété française (à la "Petite Fille" de Booba), qui n'est pas non plus nulle (le début du texte est génial). Si je la met un peu à part, c'est qu'à part elle, tout est impeccable à partir de là.    

PNL - A L'Ammoniaque (Clip, 2018)

  Les prods sont incroyables, à l'américaine, et les flows tabassent. "Celsius" est une implacable bombe trap, et "Deux Frères" est un tube pop-trap total. "Coeurs" est un rnb mémorable, "Shenmue" une électro-pop de jeux vidéos accrocheuse. Sur "Kuta Ubud", les deux frères inventent presque un langage à eux, il faut aller sur genius pour vérifier qu'ils ne chantes/rappent pas en patois, ce qui est assez fun, et musicalement ce gros egotrip trap minimaliste fonctionne bien. Tous ces morceaux sont de haut niveau.

  Moins indispensables mais néanmoins très réussis dans leur genre, les hispanisant "Hasta La Vista" (plus rythmée, c'est un peu leur "Narcos" (Migos) ou "I Like It" (Cardi B) pour filer l'analogie avec les ricains) et "La misère est si belle" (ballade triste) font le taff. 

  Mais ceux qu'on retient, en grande partie parce qu'ils innovent au niveau sonore, ce sont d'abord "Menace", trip US à la Rae Sremmurd / Travis Scott, avec une instru pop-trap bondissante, tremplin à une première partie d'Ademo mémorable et un couplet inattendu et addictif de N.O.S. Incroyable. Puis "Déconnecté", qui est un trip néo-80's psychédélique cosmique et épique (cette guitare, ces grosses drums, on se croirait chez le Sébastien Tellier prog de la période My God Is Blue). L'utilisation de toutes les modifications de la voix à des fins dramatiques atteint ici des sommets rarement atteints, on pensera uniquement à la noirceur de Future ou aux épopées trap-rock de Travis Scott. Une autre track qui fait du neuf en renouvelant la formule du duo.

Une bonne intro au groupe, via l'excellente émission "Le Règlement"

  Petit point texte : en parcourant l'album, on note pas mal de fulgurances comme je le disais, et dans l'ensemble les textes (et les flows, au passage) sont vraiment plus solides que ce qu'ils ont été par le passé. Le groupe touche souvent juste lorsqu'il évoque les sujets d'amour fraternel, de famille et d'héritage, mais également lorsqu'il étale son amertume face à une réussite cruelle pour eux, au regard de ceux qu'ils côtoyaient il n'y a pas si longtemps et qui sont restés dans la merde. Leur regard acéré sur la noirceur des mécanismes de reproduction sociale, et leur illustration par des images émouvantes car vécues font d'ailleurs leur force, et certains couplets pourraient sans problème être disséqués en cours de sociologie. 

  Ben voilà, je crois que j'ai tout dit. Le disque est un peu long, et aurait sans doute bénéficié de quelques coupes, mais il est tout à fait écoutable tel quel, on n'est pas encore rendus chez Migos. Car la majorité de ces titres oscillent entre le très bien foutu et l'excellent, dans leur genre. Et ça fait plutôt plaisir de voir que ce qui cartonne en France aujourd'hui, c'est un disque produit en indépendant par deux mecs partis de rien, qui ont créé en autarcie dans une cité délaissée par le monde entier un style à eux, qui a rayonné par la suite à travers le monde entier, sans le soutien d'une majorité de médias qui n'y connaissent rien et qui préfèrent recracher sourire aux lèvres et chèque dans la poche le communiqué de presse de Patrick mes couilles ou d'un juré ou candidat à la con de The Voice. 

  Les chiffres ne mentent pas, et une bonne partie de la jeunesse francophone voit en eux les Pink Floyd/Daft Punk de leur génération, et sans aller dans des comparaisons foireuses, et peu importe ce que vous pensez d'eux, est-ce que ce n'est pas au fond une bonne chose que ces icônes générationnelles soient issues de la classe populaire et qu'elles aient créé un style unique, insulaire, plutôt que de sortir, prémâchées, de la grosse machine de l'industrie du divertissement ? D'autant plus quand leur musique rapproche des catégories sociales diverses et humanise tout une partie de la population dont vous n'entendez parler qu'à travers le prisme ultralibéral et raciste des chaînes d'info en continu.
Bref.
Merci PNL. 

Mes morceaux préférés : Au DD, Déconnecté, Menace, Celsius, Deux Frères

Ecouter sur Spotify ou Deezer

Alex

vendredi 12 avril 2019

Le Bilan du Mois : Mars 2019

le groupe Le SuperHomard

  Ce mois-ci je n'ai vraiment pas eu le temps de chroniquer grand chose, vous allez donc découvrir mon avis sur pas mal de disques sur ce post. Il est long, beaucoup d'albums ont retenu mon attention, mais seuls quelques rares élus m'ont vraiment transporté. Cependant, avec un peu de chance vous comprendrez et ressentirez mieux que moi certains de ces excellents disques qui méritent de ne pas passer à la trappe. Cette liste est un peu décalée, il y a pas mal de rattrapages de Février, et je ne parlerais de certaines sorties de Mars qu'en Avril, faute de temps pour les avoir assez écoutées ce mois-ci. Mais on s'en fout non ? 

Bonne(s) écoute(s) à vous


L'ALBUM DU MOIS

Hamza - Paradise
Belgique
Rnb, Hip-Hop/Rap, Trap, Pop/Electro-Pop, Dancehall, Afrobeats, Psyché
  Hamza ayant lui-même produit par le passé, il a l'oreille pour choisir les meilleures prods. Sa sensibilité unique au chant, entre rnb et rap autotuné, d'une habileté rare dans les flows sans cesse changeants, le fait sortir du lot et sublimer ces prods incroyables. Le disque est par ailleurs séquencé avec une minutie d'horloger, et est par ailleurs très homogène et équilibré, ses prods aux influences variées (rnb, trap, dancehall, afrobeats, électro-pop...) partageant des marqueurs communs, et la balance entre bangers et morceaux plus posés étant admirablement gérée. Hamza a une oreille musicale hors du commun et a réussi sur ce projet à atteindre ses ambitions démesurées avec quelques unes des prods les plus impeccables que vous entendrez cette année (et quand je dis ça je pense à l'international), qu'il a su transcender par son chanté-rappé unique et virtuose.
Mes morceaux préférés : Henny Me Noie, Audemars Sheet, Validé, HS, Paradise, Le Même Sort

A écouter sur Deezer ou Spotify 



L'EP DU MOIS

Kari Faux - Cry 4 Help
Hip-Hop, Rnb, Pop, Nu-Soul, Soul/Funk
  Découverte (pour ma part) sur des collaborations avec notamment Patrick Paige II de The Internet, Kari Faux s'illustre ici en prenant le devant de la scène, et excelle particulièrement dans un mélange de hip-hop espiègle et de nu-soul sensuelle.
Mon morceau préféré : In The Air 


LE MORCEAU DU MOIS 

The Comet Is Coming - Summon The Fire
Royaume-Uni
Jazz, Electro-Pop
  Incroyable morceau à la jonction entre free jazz et électro-pop dansante, ce titre euphorisant n'est que la partie émergée d'un iceberg dont je vous reparlerai bientôt, puisque si le génial disque dont il fait partie est déjà sorti (et aurait pu être album du mois à égalité), je préfère attendre un peu de le maîtriser davantage avant de vous en parler, pour le mettre en valeur correctement. Je vous laisse, je dois aller sauter partout en écoutant cette folie.



BILAN ALBUMS

***On a adoré :


Le SuperHomard - Meadow Lane Park 
COUP DE COEUR
France
Pop, Rock, Psyché, Electro-pop/Synthpop, Baroque Pop
Lien vers la chronique
  Le SuperHomard est avant tout le projet solo du musicien avignonnais Christophe Vaillant (Pony Taylor, The Strawberry Smell), qui joue de la plus grosse partie des instruments sur disque, avec néanmoins l'aide de son frère à la batterie et à la basse et de l'artiste anglaise Pandora Burgess au chant. Vous avez d'ailleurs déjà pu croiser ce nom sur notre blog, puisqu'on avait beaucoup aimé leur précédent EP. Leur pop psychédélique, assortie d'influences cinématographiques et assaisonnée de synthpop, fait mouche, autant sur des pop songs directes que sur des instrumentaux rêveurs et baroques.  Et peu importe par quel aspect on aborde ce disque, il est inévitable de dire que c'est un bonheur sonore absolu, divinement produit et d'une richesse et d'une subtilité rares dans les arrangements. Chaque minute regorge de petits détails sonores à découvrir à chaque écoute, et le tout sert des mélodies d'une évidence pop magnifique. Indiscutablement une grande réussite pop.
Mes morceaux préférés :  Paper Girl, Meadow Lane Park, SDVB, Snowflakes, In the Park, Springtime, Door After Door
Ecouter sur Spotify ou Deezer



Th Da Freak - Freakenstein 
COUP DE COEUR
France
Rock, Garage, Pop, Punk
  Le rockeur le plus cool de France revient avec un nouvel album, après le délicieux The Hood de l'an dernier, avec un mélange de néo-60's plus assumé (surf, psychédélisme), de pop à guitare 80's, et de garage brutal qui doit un peu au grunge, façon Ty SegallTout au long du disque, il y a en tous cas toujours un truc qui accroche l'oreille, sans passer par la facilité : des mélodies et riffs imparables, qui vont rester collés au fond de votre cerveau pendant un moment. Ces chansons mémorables, interprétées avec une coolitude sans limite, font de ce disque un incontournable de l'année. 
Ecouter sur Spotify ou Deezer
Mes morceaux préférés : Surrender, Mars Attacks!!, Peeling The Onion, Kurtains, Nutty

Solange - When I Get Home
USA
Nu-soul, Pop, Rnb/Soul, Jazz, Funk/Electro-funk, Hip-Hop, Trap, Psyché
  Largement composé à partir de jams improvisées, entrecoupé d'interludes, minimaliste dans son son et souple dans ses structures, c'est un album de croquis, d'ébauches, au trait précis mais sans fioriture - choix artistique spartiate et courageux  assumé et maîtrisé, la perfectionniste ayant passé des heures à éditer ces jams, retoucher les sons, prenant son rôle de productrice très à cœur, et ça s'entend : le disque est poli, impeccable, immaculé, tout en laissant échapper un peu de naturel de temps en temps : un rire, une respiration, une irrégularité de voix...  Musicalement, on oscille entre jazz, nu-soul, et hip-hop, avec une présence notable de claviers funky et de boîtes à rythme sèches, presque trap, et un côté psychédélique. C'est un album ouvert aux contributions, mais laliste impressionnante de collaborateurs accouche pourtant d'un disque ultra personnel, d'une homogénéité remarquable.  Un excellent album, pas forcément évident à aborder pour un non-initié, mais un régal pour les amateurs de musique moderne qui en attendent créativité, diversité, audace, naturel et perfectionnisme. Un petit bijou.
Mes morceaux préférés : Things I Imagined, Binz, Down With the Clique, My Skin My Logo, Way to the Show, Sound Of Rain, Almeda
A écouter sur Spotify ou Deezer 

IAMDDB - Swervvvvv.5 
Rnb, Pop, Hip-Hop, Trap, Jazz Vocal, Nu-Soul, Soul

  Un projet absolument inclassable mais génial, un peu comme si Erykah Badu avait l'âge de Jorja Smith et décidait de sortir sa propre version d'une mixtape de trap-jazz cosmique. Un peu le versant bad girl de l'album de Solange finalement. C'est en tous cas tout à fait passionnant et perfusé d'une énergie insolente absolument irrésistible.
Ecouter sur Spotify



***On a beaucoup aimé :


Sleaford Mods - Eton Alive
Royaume-Uni
Punk, Electro-Rock, Rock
  Les deux anglais reviennent avec un putain d'album qui claque. Dès le début, "Into The Payzone" et "Kebab Spider" sont deux putain de bangers. Musicalement, c'est la même recette, encore et encore : un poil de punk une basse post-punk menaçante, un soupçon de dance-punk dans les rythmiques et les programmations, mais il en faut un sacré talent pour ne pas lasser quand on fait dans le minimalisme, surtout avec un chant aussi marqué que chez les Sleaford ModsD'ailleurs, c'est probablement une bonne introduction au groupe, l'ensemble étant assez diversifié et accessible.
Mes morceaux préférés : Into The Payzone, Kebab Spider, Policy Cream, Negative Script, When You Come Up To Me, Flipside
Ecouter sur Spotify ou Deezer

Julia Jacklin - Crushing
Pop, Folk, Rock
  Une très belle collection de morceaux tour à tour pop, rock et folk, empreints d'une rage et d'une urgence n'enlevant rien à leur délicatesse. Un très très beau disque dans le genre.

Avey Tare - Cows On Hourglass Pond
USA
Pop, Folk, Psychédélisme, Electro-pop
  Une belle oeuvre, nocturne, méditative, mature mais pas totalement apaisée pour autant, contenant quelques unes des plus belles chansons récentes d'Avey Tare comme "Saturdays (Again)" par exemple, mais aussi quelques expérimentations réussies comme l'enchaînement des deux premiers titres. Lorsqu'il rappelle les sommets de Down There comme sur ces deux titres, ou de Strawberry Jam sur "Nostalgia In Lemonade", ou qu'il offre de nouveaux sommets d'intensité dramatique ("Chilly Blue", "Remember Mayan") ou d'apaisantes comptines psyché ("Our Little Chapter", "HORS_") on se prend à espérer au grand disque, mais on n'y est pas tout à fait. Les écoutes répétées me donneront peut-être tort, mais j'entends ici un peu trop de l'inertie amorphe qu'on sentait poindre sur les titres les moins inspirés de Painting With et m'avait beaucoup ennuyée sur Tangerine Reef. A la manière de son précédent effort solo, Eucayptus, sur lequel je ne suis finalement pas beaucoup revenu malgré ses qualités, je pense que ce disque ne va pas me marquer, mais il reste néanmoins une aimable réussite artistique, à défaut d'avoir fait chavirer mon coeur. 

Puzzle - X Hail
USA
Pop, Electro-Pop, Rock, Punk, Hip-Hop, Vaporwave
    Puzzle est un projet solo d'un des deux frères de The Garden, et tout comme son autre groupe, c'est un bordel génial. Comment voulez vous qualifier cette musique ? Il y a des synthés qui ont presque un son de musique de jeux vidéos, des rythmiques punk hardcore, et un chant scandé presque rappé. On peut en revanche affirmer sans se tromper que c'est de l'excellente pop musicAlors oui, sans doute que dans l'ensemble, le côté amorphe de la musique ainsi que certains éléments (le chanté-rappé) peuvent lasser, mais avouez que c'est quand même une proposition artistique assez unique, qui mérite d'être découverte, et qui n'est pas loin d'accoucher de quelque chose de très grand. Il manque juste un peu de sélection dans toutes ces idées géniales (les deux frères sont ultra productifs ensemble et en solo), et on aura un chef-d'oeuvre de The Garden, Puzzle ou Enjoy dans pas longtemps.
Mes morceaux préférés : Loose Cannon, Junk, Disappear, Over1234think, Pointless Content, Sitting in the back of my car

Ecoutez-le sur SpotifyDeezerBandcamp ou Youtube




Aleksi Perälä - Sunshine 3 & Starlight 3
IDM, Electronique
  A l'écoute de ces deux projets d'Aleksi Perälä, on peut sans trop de doutes affirmer qu'il fait partie des disciples d'Aphex Twin, mêlant dans son électroniques des ambiances planantes, des rythmiques parfois dansantes parfois déstabilisantes, des mélodies mémorables et des bizarreries IDM jouissives. Deux projets solides et chaudement recommandés. 
Ecouter Sunshine 3 ou Starlight 3 sur Spotify


Black Taffy - Elder Mantis
Abstract Hip-Hop, Electronique, Ambient
  Un très très bel album d'abstract hip-hop, d'une élégance rare et d'une délicatesse infinie.
A écouter sur Spotify


Stella Donnelly - Beware Of The Dogs
Pop, Rock, Folk
  Un très beau disque de chansons puissantes et délicates à la fois, aux textes forts mis en musique avec beaucoup de talent, et chantés par une voix accessible et maîtrisée. 
Mes morceaux préférés : Allergies, Old Man
Ecouter sur Spotify


Stephen Malkmus - Groove Denied 
USA
Electro-pop, Rock, Psychédélisme, Krautrock, Post-punk
  L'ex-leader de Pavement nous offre là sa première véritable oeuvre solo, et il en a profité pour faire un truc dont le grand fan de Can qui est en lui rêvait depuis longtemps : un album d'électro-rock. La grande qualité de ce disque c'est son côté joueur, cette découverte et cette excitation qu'on sent à chaque instant. Les digressions électroniques sont ainsi très fun et musicalement assez folles, mais finalement elles donnent à ce projet un petit côté anecdotique lorsqu'on entend les morceaux suivant davantage le format chanson comme "Viktor Borgia". Le côté synthpop façon Human League (voire Roxy Music) est tellement mémorable qu'on en redemande. A l'inverse, il y a beaucoup de guitares et peu d'électronique en fin de disque (les 3 derniers morceaux), et ça sort un peu de l'ambiance si bien installée. Mais je chipote là, ce disque est très bien en l'état, et la version fantasmée que je m'en fais n'aurait pas forcément été meilleure.
Mes morceaux préférés : Viktor Borgia, Love The Door, Grown Nothing
Ecouter sur Spotify


Pond - Sixteen Days
Australie
Rock, Synthpop/Electro-Pop, Psyché, Prog, Glam
  C'est avec une impeccable suites de morceaux synthpop que Pond revient. Etant très fan de leur album de 2013, un peu moins mais presque autant de celui de 2015, j'avais perdu petit à petit mon intérêt pour ce groupe et les projets solo d'Allbrook. Ce disque n'a pas tout à fait restauré mon niveau d'excitation, mais il faut reconnaître qu'il est bien foutu, et contient quelques unes des meilleures chansons du groupe. Son côté glam, ensoleille, synthétique aussi, quelque part entre les MGMT fascinés par les Stones du 1er album et les derniers Tame Impala, accroche directement l'auditeur. 
Mes morceaux préférés : Daisy, Tasmania
Ecouter sur Spotify

Delicate Steve - Till I Burn Up
Rock, Electro-Rock, Electro-Pop/Pop
  Un album super cool d'électro-rock post-Ratatat, très accrocheur et malin, plein de fun et de talent.
Ecouter sur Spotify

Undermathic - Living Holograms
Electronique, French Touch, Electro-Rock, Electro-Pop, House, Electro-funk
  La suite logique des aventures électro-rock du premier LP de Jackson & His Computer Band, de celui de Justice et de Human After All des Daft Punk, avec un peu de l'ambition de groupes de l'écurie DFA comme The Juan MacLean. Cette reprise de flambeau ne manque pas de panache et ne se contente pas de pasticher mais écrit de nouvelles pages de cette histoire électro-rock. Un disque impressionnant. 
Ecouter sur Spotify


Fatamorgana - Terra Alta
Electro-Pop/Synthpop, New Wave, Post-punk
  Une électro-pop minimale en espagnole de haute volée. Fortement recommandé !
Ecouter sur Spotify

Kehlani - While We Wait
Pop, Rnb
  Ce court mais impeccable album fortifie la place de Kehlani au sommet de la partie accessible mais bien foutue du rnb mondial, et la rapproche d'artistes comme Ty Dolla Sign, dont l'influence (et la présence vocale) apportent au disque chaleur, sensualité et modernité.
Lien Spotify

Little Simz - GREY AREA
Hip-Hop
  Little Simz élargit considérablement sa palette déjà variée avec ce disque éclectique et organique qui met en valeur son flow impeccable.
Ecouter sur Spotify

Powder - Powder In Space 
Compilation - Electronique
  Cette compilation stellaire du label Powder regorge de merveilles électroniques aussi novatrices que fascinantes. Une vraie expérience. 



Cochemea - All My Relations
Jazz
Une douce rêverie jazz.
Ecouter sur Spotify


Hubert Lenoir - Darlène 
Chanson
  Un dique complètement barré, entre comédie musicale, cabaret, jazz, chanson française, glam... Déconcertant et enthousiasmant, il me faudra un peu plus de temps encore pour en faire le tour, mais c'est assurément une oeuvre remarquable.
Ecouter sur Spotify


*On a apprécié :

U-Bahn - U-Bahn
Post-Punk
  Un efficace album de post-punk aux contours assez pop. Recommandé !

Ecouter sur Spotify

Crocodiles - Love Is Here
Rock, Pop
  Petite déception pour ce dernier album de mes chouchous qui continuent d'album en album à aller vers une musique que je trouve moins intéressante et vitale que celle qui les a fait connaître. Mais il reste quelques traces de leur brillante écriture glam rock dans ce LP par ailleurs plutôt dispensable. 
Ecouter sur Spotify

Giggs - BIG BAD... (Royaume-Uni - Grime) Lien Spotify
Benny Sings - City Pop (Pop) Lien Spotify
Czarface Meets Ghostface (Hip-Hop) Ecouter sur Spotify
Half Japanese - Invincible (Rock Indé ) Lien Spotify
Offset - Father Of Four (USA - Trap) Lien Spotify
The Claypool Lennon Delirium - South Of Reality (Prog-Rock, Pop, Psyché) Ecouter sur Spotify
Snapped Ankles - Stunning Luxury (Post-Punk) Lien Spotify
Papooz - Night Sketches (Pop, Electro, Disco) Lien Spotify
loveni - Une nuit avec Bon Gamin (Rap fr) Lien Spotify




BILAN EP

Charlotte Adigéry - Zandoli
House, Funk, Pop
  Funky, impertinent, fun et bien foutu, c'est un EP plus que solide.
Ecouter sur Spotify

Mr Oizo - Rythme Plat
France
French Touch, Electronique
  Cet EP hommage à "Flat Beat", 20 ans après, est un petit 2/4 pour moi, avec un génial feat avec le rappeur italien Phra (suite à leur addictive collaboration "No Tony") et un bon hommage avec le bien nommé "Rythme Plat". Le reste ne me parle pas trop, mais c'est déjà ça.
Ecouter sur Spotify

Alex